Vous êtes-vous jamais demandé ce qu'il pouvait se passer tout en haut de la montagne, derrière cette chape de brume recouvrant les sommets enneigés ? Non ? Eh bien, vous êtes mal tombé car sans vous en rendre compte, vous venez déjà de faire le premier pas d'un voyage à même de vous mener vers un monde au-delà de la perception humaine.
Cursed Mountain est au survival-horror ce que le hamburger est à la malbouffe : un produit guère original, formaté mais pouvant malgré tout vous apporter un peu de plaisir. Si cette entrée en matière aura de quoi en refroidir plus d'un, je vous dirais que ça tombe plutôt bien puisque l'intrigue du jeu se passe dans les montagnes himalayennes à presque 6000 mètres d'altitude. De quoi vous convertir au trip hallucinogène pas cher à même de vous faire rencontrer des fantômes de villageois et de moines mystérieusement passés de vie à trépas. Mais au fait, pourquoi est-ce qu'on se retrouve parachuté là-bas ? Bonne question mes bons amis et je m'en vais vous répondre tout de suite. En fait, vous êtes sur les traces de votre frère mystérieusement disparu (oui, ce jeu est vraiment très mystérieux), ceci servant donc de point de départ à l'intrigue. Bien entendu, à mesure que vous avancerez, vous découvrirez plusieurs documents qui auront tôt fait de vous apporter quelques réponses tout en consolidant l'histoire qui prendra un véritable tournant mystique après quelques heures de jeu. Dans l'absolu, le scénario de Cursed Mountain a donc le mérite de planter le décor dans un lieu isolé où tout peut se passer. Malheureusement, c'est surtout l'ennui qui s'installe de lui-même une fois qu'on a compris que la principale préoccupation des développeurs a été de copier ses grands frères sans chercher une seule seconde à faire évoluer le genre ou dans une moindre mesure leur création.
Ainsi, le principal problème du titre vient de cette homogénéité environnementale synonyme d'aventure se ressemblant du début à la fin. De fait, on souffle de plus en plus à mesure qu'on gravit la montagne, qu'on passe par des villages se ressemblant tous, qu'on combat deux ou trois types de fantômes ou qu'on se coltine tout le temps le même type d'énigme nous demandant principalement de chercher une clé ou un objet généralement caché alentour. Vous me direz, Resident Evil n'est guère plus évolué de ce point de vue là sauf que dans le cas de Cursed Mountain, l'aspect technique ou le dynamisme de la progression n'est pas à même de cacher ce flagrant manque d'idée. Dommage car le soft propose parfois des ambiances réussies, ne pouvant rivaliser avec celles de l'excellente série Project Zero mais réussissant à titiller la curiosité du joueur afin que celui-ci ne lâche pas trop tôt la Wiimote. En parlant de ça, penchons-nous rapidement sur le gameplay lui aussi extrêmement basique.
En somme, les capacités de la console sont moyennement utilisées puisque la plupart du temps, vous n'aurez qu'à utiliser le stick du Nunchuk pour déplacer votre personnage ou appuyer sur le bouton B pour frapper. Néanmoins, lorsque vous voudrez utiliser les pouvoirs de vos piolets mystiques (car oui, dans Cursed Mountain, on est l'heureux détenteur de piolets magiques de plus en plus puissants), vous devrez user du bouton C. Vous passerez alors dans un autre mode de visée, le personnage étant cantonné en bas à gauche de l'écran, ceci vous permettant de viser plus facilement en bougeant la cible grâce à la Wiimote. Ensuite, il ne vous restera qu'à aligner l'adversaire puis à l'éliminer ou à l'exorciser en effectuant quelques manipulations requérant à nouveau le Nunchuk et la Wiimote. Notez que cette compassion de votre part ne sera pas totalement désintéressée puisqu'une fois l'exorcisme pratiqué, vous pourrez récupérer un peu de votre énergie. Précisons également qu'une autre solution pour retrouver votre santé consistera à récolter des bâtons d'encens afin de les utiliser devant des hôtels sacrés que vous trouverez un peu partout.
Finalement, Cursed Mountain est-il un bon produit ? Oui et non car outre ce qui a été mentionné plus haut, on pourra aussi critiquer les déplacements trop lents du personnage, même lorsqu'il court, la difficulté toute relative de l'aventure, le rythme balourd de l'ensemble et surtout le terrible manque de renouveau au fil de notre avancée. Pourtant, on ne peut pas dire que le jeu est mauvais en soi dans le sens où il y a toujours ce petit quelque chose qui nous pousse à jouer un peu plus afin de voir ce qui nous attend par la suite. Le hic c'est que dans la plupart des cas, on a simplement droit à un temple bouddhiste, remplaçant au pied levé le village qu'on vient de traverser ou à un fantôme voltigeant dans les airs voire un monstre issu du folklore tibétain, à même de nous faire oublier la tripotée de clones qu'on a dû éliminer quelques heures auparavant. A vous de voir si votre soif d'horreur est suffisamment conséquente pour acheter un produit dont l'autre gros défaut est d'être sorti après Project Zero : Mask of the Lunar Eclipse qui pour l'heure n'est pas encore annoncé en Europe. Qui a parlé de chance ?
- Graphismes11/20
Le lieu de l'action aura permis aux développeurs de ne pas trop se fouler en ce qui concerne la variété des décors. Cependant, les intérieurs de maisons, temples ou autres lieux dévastés nous font dire que l'aspect graphique de Cursed Mountain ne fait pas vraiment honneur à la Wii. Et les quelques effets spéciaux ne changeront pas vraiment la donne.
- Jouabilité14/20
Le jeu utilise peu les capacités de la Wii et quand il le fait, cela se concrétise par deux ou trois types d'actions synonymes d'exorcisme. Peu réjouissant d'autant que les déplacements du personnage sont bien trop lents, tout comme les phases de grimpette à flanc de montagne des plus inutiles. Toutefois, hormis cet état de faits, la maniabilité en elle-même ne devrait pas vous poser de problèmes.
- Durée de vie11/20
La difficulté ne pose aucun problème et si on rencontre au fur et à mesure de notre avancée des fantômes de plus en plus résistants, vous ne devriez avoir aucun mal à en venir à bout grâce à vos piolets mystiques. Misez donc sur une durée de vie lambda pour un survival à savoir 7, 8 heures.
- Bande son12/20
La version que nous avons reçue pour test comprenait uniquement des voix anglaises (tout comme les textes d'ailleurs) qui étaient bien dans le ton. On ne peut pas vraiment parler de musique même si quelques chants monastiques suffisent parfois à mettre dans l'ambiance.
- Scénario11/20
Le scénario est loin d'être original et si l'atmosphère est plutôt réussie, pour peu qu'on aime les ambiances où le mot d'ordre est solitude, on peine un peu à faire preuve d'empathie pour le héros. D'autant plus vrai que le rythme de l'aventure induit une intrigue diluée s'étirant inutilement à travers des phases d'exploration longuettes et des combats redondants.
De par plusieurs partis pris bancals Cursed Mountain ne partait pas gagnant. Lent, redondant et finalement tout sauf original, le jeu réussit toutefois à nous retenir via une ambiance assumée synonyme d'hallucinations, véritable frontière entre le rêve et la réalité. Malheureusement, ce concept aurait pu être bien mieux maîtrisé puisqu'en l'état, il ne sert finalement qu'à introduire des combats qui se ressemblent tous, des énigmes datées et des phases d'exploration poussives.