Seize ans, cela faisait seize ans que les fiers gobelins conçus par le studio français Coktel n'avaient pas donné signe de vie. Autant dire que ce nouvel épisode ne relève plus du simple retour, mais plutôt de la résurrection, avec tout ce que ce mot implique de mystique et de miraculeux. C'est donc avec grand plaisir que l'on se retrouve en compagnie d'un trio d'enquêteurs de charme et de choc afin de parcourir une nouvelle série de tableaux bourrés d'énigmes bien débiles.
Si de nos jours, la plupart des développeurs s'évertuent bien souvent à revisiter consciencieusement leurs anciennes licences afin de les remettre au goût du jour, parfois même en changeant des pans entiers de leurs anciennes recettes à succès, Gobliiins 4 lui, fait le choix de reprendre presque telle quelle la formule de ses ancêtres. Si les âmes chagrines qui pullulent sur le net auront tôt fait d'y voir un aveu de flemmardise de la part de la nouvelle équipe de développement (toujours chapeautée par Pierre Gilhodes d'ailleurs), le fait est que Gobliiins n'avait certainement pas besoin de fondamentalement changer de mécaniques pour continuer à nous proposer une expérience à la fois plaisante et décalée. Au fond, ce nouveau chapitre apparaît surtout comme un concentré des meilleures idées des précédents volets, et cela, ce n'est pas rien. Cela dit, ce qui ne passera pas auprès des jeunes joueurs, c'est sans aucun doute l'aspect graphique du jeu, qui accuse tout de même un bon nombre d'années de retard sur ce qui fait actuellement dans le genre. On appréhendera la chose diversement.
Bref, après ces quelques considérations plus ou moins cohérentes, l'heure est maintenant venue de se concentrer sur le coeur de Gobliiins 4. Le soft se présente sous la forme d'un jeu d'aventure relativement classique, à ceci près que chaque "niveau" n'est constitué que d'un seul et unique écran. Pour passer au stage suivant, vous devrez donc résoudre l'énigme du tableau en cours. Ce système a l'avantage de ne pas imposer les fréquents allers-retours entre différentes zones dont sont généralement friands les jeux du genre. Cette succession de petits niveaux vous permettra ainsi de suivre les pérégrinations de notre fameux trio de gobelins, un trio dont la tâche consistera cette fois à retrouver l'animal de compagnie du roi Badigoince. Une mission à haut risque qui s'inscrit cependant parfaitement dans le champ d'activité des trois énergumènes. Tous disposent effectivement de capacités spécifiques qu'il s'agira d'utiliser à bon escient pour progresser. Sachez donc, jeunes joueurs impétueux, que Tchoup est sans conteste le plus intelligent du groupe. Le bougre est le seul capable de ramasser des objets, de les fourrer dans ses poches pour pouvoir les ressortir plus tard en cas de besoin. Le deuxième se trouve être le fier Stucco, le bourrin de la bande, toujours prêt à distribuer des mandales et à porter les objets trop volumineux pour les deux autres. Enfin, le troisième larron répond au doux nom de Perlius et fait office de magicien, prompt à faire léviter des objets et à donner vie à certains éléments du décor.
Après avoir rassemblé ces trois compères dans les premiers niveaux du jeu, vous en serez donc pour une bonne petite série d'énigmes farfelues, marquées par une bonne dose d'humour, et toujours très bien pensées. Reste que comme cela a toujours été le cas dans la série, la difficulté tend à rapidement grimper en flèche, au point que les moins courageux renonceront sans doute avant la fin. Mais quoi qu'il en soit, et en dépit des inévitables blocages, on appréciera de se plonger dans un univers drôle et coloré, où les animaux ont droit à leur propre chambre, les grenouilles géantes font office de moyen de transport et où on se retrouve parfois à vagabonder sur d'autres planètes. A un moment, on devra même venir en aide à un dentiste, coincé dans la gueule d'un monstre... Bref, on nage béatement en plein délire, et on ne peut que remercier le jeu pour cet agréable petit vent de fraîcheur.
- Graphismes7/20
En termes de technique pure, le jeu est évidemment très loin de ce qui se fait actuellement. Mais on ne s'attendait évidemment pas à ce qu'une petite formation de développeurs parvienne à nous éblouir en produisant un jeu de ce type. Non, ce qu'on appréciera dans Gobliiins 4, c'est bien de retrouver le design si particulier de la série, et ce en dépit du fait que la 3D a définitivement sonné le glas des jolis sprites de l'ancien temps. Difficile dans ces conditions de donner un sens à la note qui ouvre ce petit paragraphe.
- Jouabilité14/20
Pour ce qui est de la prise en main, on peut difficilement faire plus simple. Il suffit en effet de savoir se servir d'un mulot, comme dans n'importe quel point'n click. On accède donc à tout très rapidement, à l'image de l'inventaire de Tchoup qu'on ouvrira d'un simple clic droit. Pour le reste, Gobliiins 4 nous offre une succession d'énigmes uniques qu'on ne résoudra qu'en tentant d'adopter la logique d'un gobelin jeté au milieu d'un univers sans aucun rapport avec le nôtre. L'ensemble apparaît donc très prenant, mais risque de faire s'arracher les cheveux aux joueurs les moins patients.
- Durée de vie13/20
Dans ce domaine, tout dépendra évidemment de votre faculté à résoudre les différentes énigmes du jeu. Gobliiins 4 propose 15 tableaux et tous demandent généralement beaucoup de travail et plusieurs étapes bien précises pour être franchis. Un ultime niveau bonus ne pourra être découvert que lorsque vous aurez mis les mains sur la dent en or planquée dans chacun des autres stages.
- Bande son12/20
Nos fiers gobelins usent toujours d'un langage inintelligible, qui s'inscrit parfaitement dans l'univers décalé du titre. Même constat pour les bruitages, très corrects, ainsi que pour la musique aux tonalités médiévales, marquée par quelques passages au piano ou à la flûte. Le résultat ne vous fera pas grimper aux rideaux, mais reste tout de même plaisant.
- Scénario14/20
L'histoire de Gobliiins 4 n'est pas bien compliquée ni très recherchée en elle-même, mais le jeu vaut surtout pour son univers complètement décalé, ses personnages débiles et ses situations improbables.
Difficile de donner une note à un titre de cette nature. Dépassé techniquement, emporté par des mécaniques simplissimes, Gobliiins 4 parvient néanmoins à offrir une expérience plaisante, car soutenue par des énigmes intelligentes et un univers délicieusement loufoque. Le mélange passera très bien dans le gosier des fans de la première heure, alors que les jeunes joueurs se contenteront simplement d'un regard de mépris, conséquence inévitable d'une culture vidéoludique différente.