Le monde de Perfect World est évidemment imprégné de culture chinoise, quoi de plus normal après tout pour un jeu développé dans l'Empire du Milieu. Cette culture ne transparaît toutefois pas vraiment dans le background, aussi mince qu'une feuille de papier à cigarettes. Non, il s'agit plutôt d'une ambiance diffuse, qui passe essentiellement par les graphismes. De ce point de vue, il faut avouer que PWI est assez réussi. Malgré son âge (le jeu est sorti en 2005 dans son pays d'origine), Perfect World affiche de bien jolies choses et les artistes ont fait preuve d'inspiration pour créer des décors qui ne ressemblent à aucun autre. En ces temps où l'inspiration est rare, où les MMO préfèrent copier WoW plutôt qu'être imaginatifs (Runes of Magic en tête), cette petite bouffée d'air visuelle est bienvenue. Premier pari réussi donc : celui de nous offrir un univers rafraîchissant.

Pour parcourir cet univers, il va d'abord falloir se créer un personnage. Perfect World International vous offre le choix entre 6 classes, qui dépendent de la race sélectionnée. Les humains ont le choix entre Blademaster et Sorcier, tandis que les elfes peuvent incarner un Clerc ou un Archer. Enfin, la race d'hommes-bêtes (Untamed) a accès aux carrières de Barbare ou de Venomancer (classe d'invocateurs), selon le sexe de l'individu. Après ce choix somme toute classique, reste à personnaliser l'apparence de votre avatar. C'est là que PWI dévoile sa force, avec un éditeur extrêmement complet qui permet de créer le héros de vos rêves. Le nombre hallucinant de possibilités pourrait même en remontrer à certaines grosses productions payantes... De quoi obtenir un personnage vraiment unique. Seul regret : l'éditeur ne propose pas de génération aléatoire, une fonctionnalité pourtant fort pratique pour les fainéants... Ce bel enthousiasme doit toutefois être tempéré. En effet, si la customisation des personnages est extrêmement aboutie sur le plan esthétique, il en va autrement pour ce qui est des capacités de combat. Chaque classe a accès à un unique arbre de compétences, bien maigre qui plus est (il faudra batailler ferme pour remplir ne serait-ce qu'une barre de raccourcis)... En l'absence de spécialisation, un barbare se joue exactement de la même façon qu'un autre barbare, malgré la possibilité de distribuer manuellement 5 points de caractéristiques par niveau. C'est frustrant, car les jeux de rôle massivement multijoueurs asiatiques sont généralement plus généreux.

En revanche, s'il y a un compartiment du jeu où PWI est digne des MMO venus d'Extrême-Orient, c'est bien les quêtes. "Va tuer 20 lynx, va tuer 50 cactus mutants, va tuer 100 (!) loups"... Bref, ce qu'on qualifie de "monster bashing" dans le jargon du genre. Plus de 90% des missions reposent sur ce principe. Alors on trouve bien quelques objectifs qui sortent du lot, mais ils sont malheureusement trop rares pour relancer l'intérêt. Au final, on s'ennuie ferme en solo. Mais comme nous sommes dans un MMO, il y a de quoi faire à plusieurs. Ceux qui rejoignent une guilde peuvent notamment participer aux guerres territoriales, qui constituent le gros morceau du PvP de Perfect World. Ce système permet aux guildes de prendre le contrôle des différentes régions du monde, ce qui octroie divers bonus dont une somme d'or non négligeable. Les joueurs qui ne sont pas intéressés par le PvP peuvent toujours se rabattre sur une des nombreuses activités annexes. Il faut dire que PWI propose une foule de choses : donjons, artisanat, housing, mariage... Sans oublier de nombreuses montures très réussies, et la possibilité de voler à partir du niveau 30. Au final, le titre possède un contenu très complet comparé à beaucoup de ses concurrents.

Néanmoins, cela ne veut pas dire que Perfect World est parfait, justement. En plus des travers déjà évoqués, le jeu souffre d'une myriade de petits défauts. En vrac, citons : les animations qui laissent franchement à désirer ; l'impossibilité de comparer les caractéristiques d'un item à celui équipé ; des collisions pour le moins hasardeuses ; l'absence de prise en charge des claviers azerty, etc. A contrario, PWI propose tout de même quelques fonctionnalités bien pratiques, comme l'indicateur de quêtes disponibles et le voyage automatique jusqu'à un PNJ, même si le pathfinding ne fait pas de miracles. Bref, le soft souffle le chaud et le froid. Le plus gros défaut provient toutefois de son modèle économique. De base, jouer à Perfect World est gratuit. Une boutique permet d'acheter des objets de confort contre de l'argent réel : espace supplémentaire dans l'inventaire, monture spéciale... Jusque là, rien de plus normal dans le domaine. Mais passé un certain niveau, le recours à l'item shop est quasi obligatoire sous peine de gros déséquilibre entre les joueurs. On dirait que l'éditeur fait absolument tout pour pousser les joueurs à passer à la caisse. Au risque d'en dégoûter certains, ce qui serait dommage, car Perfect World a par ailleurs des qualités à faire valoir.