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Test East India Company

East India Company : La bataille de Trafalgar

East India Company
3 486 vues
Profil de CptObvious,  Jeuxvideo.com
CptObvious - Journaliste jeuxvideo.com

East India Company est le premier projet du jeune studio finlandais Nitro Games. Pour faire leurs débuts, les développeurs ont choisi de créer un jeu de gestion mâtiné de stratégie orienté autour du commerce maritime. Leur bébé rappelle donc la série des Port Royale, excepté que l'action se déroule entre l'Europe et l'Asie et non dans les Caraïbes.

East India Company

East India Company (EIC pour les intimes) couvre un siècle et demi d'histoire, soit une période allant de 1600 à 1750. Une époque pendant laquelle huit nations européennes s'affrontent pour la domination de l'Inde et de ses précieuses ressources (thé, soie, épices...). La partie commence donc par le choix du pays : France, Suède, Espagne, Portugal, Angleterre, Danemark, Allemagne ou Pays-Bas. Un choix qui n'influence guère la suite, malheureusement, c'est le premier défaut du titre. En effet, quelle que soit la faction sélectionnée, tout est identique : vous aurez accès aux mêmes modèles de bateaux et aux mêmes ressources d'exportation. Pourtant, on aurait facilement pu imaginer des produits différents, par exemple les fourrures d'Amérique du Nord pour la France et le sucre de canne du Brésil pour le Portugal. Las, il faudra se contenter de huit camps copiés/collés. Au moins le jeu est-il équilibré (et encore, les Portugais ont un certain avantage sur les Suédois du fait de l'emplacement de leur port d'attache, qui leur fait économiser de précieux milles marins).

East India Company
Préparez-vous à passer beaucoup de temps sur cette carte...
Une fois votre compagnie des Indes Orientales fondée, vous voilà prêt à partir à la conquête du Monde. Notez d'ailleurs qu'il est possible de débuter une partie directement en 1650 ou en 1700 avec déjà un certain nombre de ports et de bateaux à disposition, mais il est plus intéressant de commencer petit et de tout gagner à la sueur de son front en optant pour le mode "grande campagne". Par contre, prévoyez du temps devant vous, car vu le rythme du jeu, il faut pas loin d'une trentaine d'heures pour en venir à bout, en dépit de la possibilité de multiplier la vitesse par un facteur 2 ou 4. Et si vous pensez aller plus vite au fil de la progression, l'habitude venant, détrompez-vous, car vous aurez aussi plus de choses à gérer. Bref, East India Company est un jeu chronophage, qui demande une bonne dose d'investissement personnel avant de dévoiler tout son potentiel après des débuts laborieux.

East India Company
Les ports indiens et leurs précieuses ressources (thé, soie...).
Pourtant, le principe du jeu est fort simple : vous achetez des marchandises dans votre port d'attache (fer, charbon, tabac...), puis vous voguez vers l'Asie, où vous les revendez en empochant un joli bénéfice au passage. Il ne reste plus qu'à acquérir les productions locales et à retourner les écouler dans la vieille Europe, là encore avec une marge confortable. L'argent ainsi accumulé peut ensuite être utilisé pour construire de nouveaux bateaux et améliorer les installations portuaires. La boucle peut alors recommencer, l'essentiel du jeu reposant sur ce mécanisme, assez répétitif il faut bien l'admettre. Beaucoup de joueurs risquent de décrocher devant la redondance des actions à réaliser : charger un bateau, naviguer, décharger un bateau... Tout ceci peut d'ailleurs s'automatiser par le biais d'une fonction route commerciale (assez sommaire), auquel cas il ne reste plus grand-chose à faire. Il y a bien quelques objectifs facultatifs à accomplir pour casser la routine, comme livrer un colis diplomatique, détruire un bateau pirate ou honorer une commande spéciale en temps et en heure, mais elles sont toutes construites sur les mêmes schémas.

East India Company
Il est possible d'améliorer les installations portuaires, même si cette partie aurait mérité un meilleur traitement.
Vous serez vite à l'étroit avec votre unique port d'attache, l'expansion territoriale va de paire avec l'accroissement de votre flotte. East India Company propose fort opportunément des dizaines de rades à conquérir sur la vaste carte globale, en Asie bien sûr mais également sur les côtes de l'Afrique et de la péninsule arabique. Eh oui, le canal de Suez n'existait pas encore à l'époque, la route des Indes passait obligatoirement par le contournement du continent noir. Chaque ville possède sa ressource principale (ivoire à Abidjan, café à Djedda...). Pour s'emparer d'un port, il suffit de venir avec une flotte de navires de guerre suffisamment équipés en canons et en soldats, l'affrontement est résolu automatiquement en fonction de vos forces et des défenses de l'assiégé. Une fois propriétaire du lieu, vous pouvez l'améliorer comme bon vous semble, mais là encore le système aurait mérité une plus grande profondeur. En l'espèce, une seule ressource sert à améliorer les bâtiments (les produits en fer). On aurait pu imaginer plus complexe, d'autant que le bois et la pierre sont bien présents, mais seulement à titre de marchandises. De la même façon, le nombre de structures à construire est bien maigre : comptoir, entrepôt, chantier naval, fort, garnison. Les développeurs d'EIC ont fait preuve d'une certaine timidité, à moins qu'ils ne visent délibérément le public des joueurs occasionnels. Ceux-là y trouveront assurément leur compte, tandis que les vieux briscards en quête d'un gameplay plus riche en seront quitte pour une certaine déception.

East India Company
Il faut toujours garder un œil sur les relations entre ses voisins.
Capturer des ports, c'est bien joli, mais vous vous doutez bien que ce faisant, vous allez vous attirer les foudres des nations rivales. Les relations entre les huit pays européens ne cessent de fluctuer au gré des actions de chacun. Le jeu offre diverses options diplomatiques, qui vont des échanges de denrées à la déclaration de guerre pure et simple en passant par le pacte de non agression. Il est également possible de former une alliance, ce qui s'avère parfois indispensable pour accéder à certaines ressources rares. Ainsi, il n'y a que deux villes qui produisent de la porcelaine. Si vous en voulez, il faudra bien vous allier à l'une des nations qui possèdent les ports en question pour pouvoir y mouiller. A moins que vous préfériez vous en emparer par la force... Comme si cela ne suffisait pas, les pirates sévissent. Si les eaux de l'Atlantique sont épargnées, il en va autrement de l'océan Indien, où les frères de la côte ne manqueront pas une occasion de capturer un bon gros navire marchand sans défense dont les cales sont pleines à craquer de matières précieuses. Au début, vous pouvez vous permettre de perdre un canot, mais quand il s'agit d'une flotte de cinq East Indiaman transportant 1 000 tonnes d'épices, soit une cargaison de plus d'un million de livres sterling, la défaite n'est pas une option !

East India Company
Les batailles navales sont assez intéressantes à jouer, malgré un rythme forcément lent.
C'est là qu'intervient l'aspect stratégique du titre, qui vous permet de jouer les batailles navales en temps réel à la manière de ce qui se fait dans Empire : Total War. Bien sûr, il est aussi possible de laisser l'ordinateur résoudre les conflits de manière automatique, mais le système ne semble pas vraiment au point et c'est nettement moins amusant. Car il faut avouer que cette partie du jeu est plutôt convaincante. Les paramètres classiques du genre sont présents : types de munitions en fonction de la cible (coque, mâture, équipage), niveau de déploiement de la voilure, compétences spéciales des capitaines, etc. East India Company propose même deux types de prise en main. Au niveau stratégique, vous dirigez l'ensemble de votre flotte, tandis qu'au niveau tactique vous pouvez contrôler directement un unique navire. Il est alors possible de manœuvrer plus finement, en choisissant l'étendue du cône de visée des canons par exemple. Dans ce mode, vous disposez aussi de caméras de combat fort pratique à l'avant et sur les flancs du vaisseau. Bref, les batailles navales n'ont pas à rougir face à celles d'Empire : Total War, excepté sur le plan visuel bien sûr. Encore que c'est loin d'être moche, même si la production de Nitro Games n'atteint pas le niveau de détails du hit de Creative Assembly.

East India Company
L'interface n'est pas toujours des plus pratiques.
Mais les vrais défauts de East India Company ne sont pas à chercher dans ses graphismes. C'est plutôt l'interface qui pose problème, par manque de clarté ou d'ergonomie. Par exemple, le panneau d'informations manque cruellement de détails sur l'état de vos finances. Vous recevez bien un compte-rendu à la fin de chaque année, mais il est impossible de savoir de façon prévisionnelle quelles seront les dépenses d'entretien des ports. Les premières années, ça surprend et ça fait très mal quand ça tombe, d'autant que quand on est dans le rouge, il est impossible d'emprunter... La seule solution pour s'en sortir est de vendre des bateaux pour renflouer les caisses. Pour ce qui est du manque d'ergonomie, on pense notamment aux transferts de marchandises entre le comptoir, l'entrepôt et les flottes, qui peuvent se révéler fastidieux. Vous voulez déplacer exactement 87 tonnes de salpêtre d'un lieu à l'autre ? Il faut faire 8 glisser/déposer en maintenant la touche Ctrl enfoncée pour les dizaines, puis encore 7 autres pour les unités ! Les développeurs semblent avoir oublié que les PC disposent d'un clavier avec un pavé numérique... Quelques bugs mineurs sont également à déplorer, comme les missions qui vous demandent de livrer un colis dans le port d'attache d'une compagnie qui a abandonné, subséquemment inaccessible. Enfin, dernier regret, le mode multijoueur se limite aux batailles navales. La partie gestion ne se pratique que contre l'IA, et c'est bien dommage.

Les notes
  • Graphismes14/20

    La majeure partie du jeu se déroule sur une carte globale, il n'y a donc pas grand-chose à dire sur ses graphismes. Les développeurs ont bien fait l'effort de modéliser les ports en 3D, mais c'est une option qu'on désactive rapidement pour éviter que les temps de chargement hachent la partie. Pour ce qui est des affrontements maritimes en temps réel, on n'est pas au niveau d'un Empire : Total War, mais le titre s'en sort honorablement.

  • Jouabilité13/20

    Bilan mitigé dans ce secteur si on tient compte des deux facettes du jeu. Autant les batailles navales en temps réel sont convaincantes, autant la partie gestion souffre de problèmes d'ergonomie et d'un gameplay trop limité pour intéresser sur le long terme. Il s'en dégage cependant un certain potentiel, et nul doute que les joueurs qui feront l'effort de passer outre ces défauts seront conquis par une formule trop rarement exploitée, qui titille notre fibre commerciale.

  • Durée de vie13/20

    Il faut compter une trentaine d'heures de jeu pour venir à bout de la grande campagne, qui s'étend de 1600 à 1750. Le soft propose par ailleurs quelques variantes et un mode multijoueur, néanmoins limité aux batailles navales. Cette richesse de contenu ne suffit toutefois pas à masquer la répétitivité de l'ensemble. Des factions différentes auraient également été appréciables pour la rejouabilité.

  • Bande son13/20

    Les compositions sont correctes mais auraient mérité d'être plus variées, surtout sur la carte globale. Dans les ports en revanche, on apprécie que chaque lieu ait sa propre ambiance, selon que l'on soit en Afrique, en Arabie ou en Inde. Le doublage français est raté, mais ça n'a pas une grande importance dans ce genre de jeu, où les rares voix sont celles des capitaines qui se contentent d'opiner du chef à vos ordres.

  • Scénario/

    Pas de scénario à proprement parler, seulement le contexte du XVIIème siècle et le conflit que se livrèrent les grandes nations européennes pour le contrôle des précieuses ressources asiatiques.

Vous l'aurez probablement compris à la lecture de ces lignes, East India Company est un jeu perfectible sur plusieurs points. Trop répétitif, pas assez profond, souffrant de problèmes d'interface... Le titre est symptomatique des premiers jeux et cumule donc les erreurs de jeunesse. Malgré tout, il s'en dégage un certain potentiel et il se révèle diablement addictif pour peu qu'on se passionne pour les échanges commerciaux et le combat naval. Au final, c'est donc un titre à essayer, et pourquoi pas à adopter, en espérant que le studio saura tirer des leçons de ce premier essai.

Note de la rédaction

14
14.6

L'avis des lecteurs (12)

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