Adepte du recyclage facile, Capcom nous refourgue sur Wii un énième segment de la série Resident Evil. Pas n'importe quel épisode cependant puisqu'il s'agit du fantastique remake GameCube de l'opus original qui reste encore aujourd'hui un des meilleurs opus de la saga. De fait, si ce test a des allures de celui effectué en 2002, c'est tout à fait normal puisque nous sommes ici en présence d'un véritable copier-coller.
Raccoon City, un bled perdu dans les montagnes Arklay, une ville abandonnée à l'horreur. D'étranges disparitions ont mené les forces d'intervention spéciale STARS à ouvrir une enquête. L'équipe Bravo n'en est jamais revenue, on a juste retrouvé leur hélicoptère en flammes, au milieu de l'épaisse forêt bordant la ville, sans aucune trace d'éventuels survivants. L'équipe Alpha est dépêchée sur les lieux, bientôt obligée de se réfugier dans un manoir aussi imposant que lugubre. C'est le début de l'horreur pour les membres de l'équipe... Tout le monde connaît le scénario de Resident Evil, même ceux qui n'ont jamais eu la chance de le découvrir d'eux-mêmes en s'essayant au jeu lors de sa première apparition en 1996. Cette version ne trahit nullement le scénario originel et suit toujours les mêmes grandes lignes où s'entrecroisent des expériences génétiques foireuses, une organisation secrète du nom d'Umbrella, des retournements de situations, le tout avec une bonne dose d'angoisse et de mystère. N'oublions pas non plus que ce volet est celui par lequel nous avons découvert la série. Il pose donc pas mal de questions dont les réponses se trouvent parfois dans les épisodes suivants.
Même si on retrouve en gros le même synopsis, Capcom a voulu combler les fans en rajoutant de nouveaux lieux et en modifiant le parcours, les énigmes et le cheminement original. Quelqu'un qui a déjà plié plusieurs fois le titre ne sera donc pas forcément en terrain connu. Là où se trouvait jadis un piège, il n'y a plus rien, l'endroit où on pouvait récupérer des munitions devient un repaire de zombies... Bref, Capcom a pris un malin plaisir à surprendre le joueur, à lui faire perdre ses repères et au final, c'est pratiquement un nouveau jeu qu'il nous est donné de découvrir aujourd'hui. Chris et Jill, les deux héros, sont toujours de la partie. Pour chacun, vous aurez désormais deux niveaux de difficulté. Autant vous dire que seuls les pros du pad et les plus confiants d'entre nous pourront survivre au mode difficile avec le bellâtre, qui débute l'aventure avec son simple couteau de survie ! En parlant de combats, cette adaptation reprend à son compte les nouvelles options de défense introduites sur GameCube. De fait, si un ennemi se montre un peu trop collant et commence à vous faire des papouilles dans le cou, votre personnage peut sortir automatiquement (ou manuellement, c'est au choix) une arme pour le repousser. Un poignard dans la tête, une grenade dans la bouche ou une décharge paralysante dans tout le corps, cela dépend du personnage que vous aurez choisi. Ces objets sont malheureusement en nombre limité et ne pas en abuser devient presque vital si vous voulez arriver indemne au bout de l'aventure. Autre possibilité intéressante, la faculté de brûler les cadavres pour éviter qu'ils ne se relèvent même après avoir encaissé plusieurs chargeurs dans l'estomac. Très utile, il faudra là encore modérer ses ardeurs et ne pas cramer tout ce que l'on croise si on ne veut pas se trouver à court de combustible. Les munitions sont elles aussi une denrée rare (bien plus qu'auparavant) et en tenant compte de la résistance accrue de tous les ennemis, on peut dire que ce remake augmente la difficulté d'un cran.
Plusieurs innovations concernant les ennemis sont à noter. Pour ne pas vous gâcher la surprise, on ne s'étendra pas sur le sujet. Sachez simplement que les zombies sont un peu plus rapides cette fois... Heureusement, la jouabilité est plus aisée et adopte la visée automatique ô combien salvatrice apparue dans le second épisode. Les déplacements sont également plus souples. Plus besoin de s'arrêter en bas d'escaliers et d'appuyer sur la touche action pour monter, Jill et Chris peuvent les parcourir à volonté et sans "coupures" (les ennemis aussi d'ailleurs...). Par contre, il faudra encore une fois se farcir les animations de portes entre chaque pièce. Question d'ambiance je suppose... Cependant, le véritable attrait de ce titre, celui qui vous poussera à l'acquérir et à y rejouer encore et encore, si ce n'est déjà fait, c'est la refonte totale de sa réalisation. Le manoir est méconnaissable, chacun de ses recoins cache mille détails tous plus crédibles les uns que les autres. Ici, la flamme d'une bougie qui danse, là un papillon qui tourne autour d'une lampe, ailleurs ce sont des vers visqueux grouillant à même le sol ou des cadavres en décomposition qui pourrissent dans l'ombre. Chaque écran est magnifique et contient donc de nombreuses animations afin de rendre vivant cet univers sinistre. Le plus bluffant dans l'histoire, ce sont incontestablement les jeux d'ombres et de lumières. Tout est géré en temps réel, les éclairs de l'orage grondant à l'extérieur qui illuminent une pièce quelques fractions de secondes et projetant la silhouette de chaque objet sur les murs, les ampoules prêtes à rendre l'âme qui crépitent au fond d'un couloir... Et je ne vous parle même pas des personnages (amis ou ennemis) bénéficiant tous du plus grand soin dans leur modélisation et dont les animations sont irréprochables et d'une fluidité exemplaire.
Ne nous arrêtons pas en si bon chemin, car la bande-son a elle aussi subi une petite mise à jour. Les dialogues (en anglais) ont été intégralement réenregistrés. Tant mieux, ceux de la première version frisaient le ridicule et semblaient tout droit tirés d'un mauvais film à petit budget. Cette fois-ci, le jeu d'acteurs est donc bien plus soigné. Les musiques et les nombreux effets sonores (râles des zombies, cris perçants des hunters, tonnerre, crépitement du feu...) sont superbes et contribuent eux aussi à redonner un second souffle à ce jeu. Toutefois, s'il est indubitable que le jeu a très bien vieilli, on regrettera que Capcom n'ait absolument rien modifié, le seul véritable petit "plus" nous permettant de jouer dans quatre configurations de manettes à savoir : Wiimote, Wiimote+Nunchuk, Classic Controler et enfin pad GameCube. Maigre consolation d'autant que son petit prix de vente (30 euros) nous rappelle simplement que l'opus original, strictement identique, mais plus difficile à dénicher, se monnaye au même tarif. Quoi qu'il en soit, ce chef-d'oeuvre mérite d'être découvert par une nouvelle génération et si cette adaptation opère dans ce sens, ce sera déjà ça de pris.
- Graphismes18/20
Même si on n'apprécie pas particulièrement le genre, on ne peut que succomber face aux charmes du jeu. Tout a été soigné dans les moindres détails. Chaque écran, chaque effet de lumière, d'ombre, frise la perfection. On se surprend même à déambuler dans les couloirs dans l'unique but de s'attarder devant ces décors si réalistes. Mention spéciale aux visages des protagonistes et à toutes les animations du jeu.
- Jouabilité15/20
On retrouve la maniabilité propre de la série, à savoir un peu raide dans les déplacements, mais on s'y fait rapidement. De plus, grâce à la souplesse des animations, la pilule passe beaucoup mieux. On apprécie la nouvelle carte qui permet de voir en un coup d'oeil les salles où il y a encore quelque chose à faire. En revanche, en dehors des quatre configurations de manette, Capcom n'a absolument rien rajouté à cette version.
- Durée de vie14/20
Finir le jeu n'est pas un exploit en soi et ne demande pas plus d'une dizaine d'heures, mais le terminer plusieurs fois pour découvrir toutes les fins et bonus à débloquer prend bien plus de temps.
- Bande son17/20
Les nappes angoissantes, les cris de monstres au loin, le tonnerre qui gronde dehors, tout est fait pour l'angoisse monte petit à petit. Cela fonctionne à merveille et on se met rapidement à guetter le moindre bruit pouvant trahir la présence d'un ennemi au détour d'un couloir.
- Scénario14/20
On touche peut-être le point sensible du soft. La série n'a jamais vraiment été réputée pour la richesse et la profondeur de ses histoires. Mais bon, on rentre facilement dans le sujet et on a toujours envie de progresser pour découvrir les raisons de la présence de toutes ces créatures dans le manoir.
Bien que le jeu n'ait rien perdu de son imposante stature, on ne peut que regretter que Capcom se soit borné à adapter vite fait bien fait ce classique de l'horreur sur Wii. Cependant, si la note sanctionne cette prise de position opportuniste, il n'en reste pas moins que ce remake survole les âges avec une aisance déconcertante. Beau à pleurer, étonnamment homogène, sacralisant tout ce qu'on peut attendre d'un remake, Resident Evil reste plus que jamais l'épisode à découvrir pour celles et ceux ayant entendu parler de Chris, Jill et Wesker avec Resident Evil 5.