On a beau dire que les années 80 furent une longue traversée du désert culturel, elles ont pourtant produit un paquet de bonnes choses. Entre deux coiffures conceptuelles et les mitaines fluo, elles ont donné naissance à Ghostbusters.
Enfants, ados ou jeunes adultes des années 80, a fortiori de sexe non féminin, ils sont nombreux à avoir été marqués au fer rouge par la comédie culte qu'est SOS Fantômes. Le simple fait de faire vibrer cette corde sensible de la gamme nostalgique plus de 20 ans après la sortie du film suffit déjà à assurer au jeu un capital sympathie conséquent. Et comme en plus le résultat se révèle convaincant, on se demande bien ce que pourrait demander le peuple. Avec aux commandes du scénario les deux auteurs du script du premier film, à savoir Dan Aykroyd et Harold Ramis, cette adaptation choisit de vous faire intégrer l'équipe de chasseurs de fantômes sous les traits d'une jeune recrue qui sera l'objet de toutes les railleries possibles et surtout le cobaye de la plupart des innovations techniques non testées de Ray et Egon. Mais si le scénario proposé est inédit, il reste malgré tout bien proche du premier film puisque c'est Gozer le Destructeur qui sera au centre de l'intrigue. L'occasion pour les fans d'en savoir plus sur la société secrète qui planifie depuis longtemps le retour du Dieu multiforme. Une intrigue qui donnera même des explications sur l'immeuble de Dana dans le premier film et le pourquoi du comment de sa possession. Bref, sans atteindre des sommets, un scénario qui contient son lot de biscuit.
Il va de soi que l'ensemble de l'équipe répond présent dans le jeu et que les acteurs ont tous prêté leurs voix à la version originale du jeu, disponible en sus de la version française qui pèche malheureusement par l'absence du doubleur de Bill Murray. Fidèle à l'esprit des films, le jeu est tout englué de slime humoristique. On doit bien admettre que toutes les vannes ne font pas mouche, penchant parfois vers le lourd, mais il n'est pas rare d'afficher un sourire niais ou même de pouffer devant son écran. Et de nombreux détails se chargent de plonger le joueur dans l'univers des Ghostbusters, notamment les fréquentes visites au QG qui, si elles n'ont strictement aucun intérêt ludique, permettent de visiter cette caserne désaffectée, de discuter avec le tableau de Vigo ou de se taper une descente vers le garage en empruntant la fameuse barre de pompiers.
On l'aura compris, côté ambiance, Terminal Reality a assuré. Ce qui, vu les circonstances, lui permet d'avoir déjà la moitié du travail accompli. Côté jeu, on se doute que la plupart de votre temps sera consacré à la capture de spectres. Dans votre dos, vous trouverez un pack à protons fermement harnaché grâce auquel vous pourrez faire feu sur un fantôme de façon à l'épuiser. Une fois ce dernier vidé de son énergie, il reste à passer à la phase de capture. On lance un piège et on écrase le fantôme vers le sol jusqu'à le maintenir dans le faisceau du piège. Plus il y a d'alliés attelés à cette tâche, plus elle s'exécute rapidement. Bien sûr, certains spectres sont plus difficiles que d'autres à piéger. Certes, c'est assez répétitif, certes c'est parfois un chaos sans nom, mais il y a quelque chose d'enfantin dans le fait de pouvoir enfin jouer avec un pack à protons sans avoir à piquer la lance du jet haute pression de papa qui fait qu'on se laisse complètement prendre au jeu.
Mais en dehors de la capture, votre pack a d'autres atouts. Trois pour être précis à commencer par le jet de slime en provenance du second film. Il sera utilisé au combat contre certains fantômes particuliers mais également dans l'exploration pour dégager des zones engluées de slime noir, faire apparaître des objets ou créer des attaches élastiques permettant de déplacer une grue ou un pont. Le diffuseur à particules fait office de fusil à pompe nucléaire quant au lanceur de mésons il servira de tête chercheuse. Chaque arme devra être employée en fonction de la situation et des ennemis affrontés. Bien souvent, outre les esprits ou formes spectrales diverses demandant d'être capturés, vous serez également assailli par des créatures qu'il faudra détruire d'une façon ou d'une autre, donnant au jeu un aspect third person shooter plus classique. On aborde d'ailleurs ici l'un des dérapages mal contrôlés du jeu. Très souvent, les combats ont tendance à devenir atrocement brouillons, mettant en scène quantité d'adversaires qui nous en mettent plein la tronche pour pas un rond sans que l'on sache trop d'où est venu le coup. Entre les flux de particules, les jets de slime et les objets qui volent, il n'est pas rare de ne plus rien comprendre à l'action. S'il est difficile de mourir (le jeu utilise un système de réanimation par les équipiers), on passe néanmoins pas mal de temps à tomber et à patienter pour qu'on vienne nous relever. Il existe bien un système de sprint pour se tirer du pétrin, mais il n'est clairement pas adapté au level design. D'une part il ne s'enclenche pas immédiatement, d'autre part il limite les possibilités de mouvements latéraux.
En dehors des combats, SOS Fantômes offre une bonne part d'exploration. Ce qui est beaucoup dire dans la mesure où le jeu reste très linéaire. Disons qu'entre deux captures ou affrontements, on traverse en équipe les environnements à la recherche de la prochaine issue ou d'un objet quelconque, avec, en marge du chemin principal, quelques pièces à visiter. Des promenades qui, même si elles sont rythmées par des conversations parfois amusantes, posent un problème de rythme au jeu car il ne s'y passe pas grand-chose. Les collectionneurs peuvent en tout cas en profiter pour utiliser leur spectromètre et chercher les nombreux items cachés.
Au moins, ces séquences d'exploration se déroulent au sein d'environnements variés et qui ne laissent pas le joueur sombrer dans la monotonie. On aura d'ailleurs la joie de retrouver quelques lieux connus, comme la bibliothèque du premier film dont on découvrira le "sous-sous-sol". De plus, quelques puzzles simples voire simplistes permettent d'apporter un peu de variété à l'ensemble. Ces deux éléments conjugués aident à outrepasser la redondance des mécaniques de jeu. Et puisqu'on en revient aux points forts, sachez qu'en termes de réalisation, SOS Fantômes n'a pas à rougir. En premier lieu, une grande partie des éléments de décor sont destructibles, ce qui permet de faire à peu près autant de dégâts que la fine équipe dans les films. Dégâts qui sont d'ailleurs comptabilisés dans un journal de bord. Les environnements sont, comme on l'a dit, variés et soignés, tout autant que les modèles de personnages. Cerise sur le gâteau, les flux de particules, véritable signature graphique de la franchise, constituent un spectacle réjouissant, même s'ils font quelquefois obstacles à la compréhension de ce qu'il se passe. Un dernier mot au sujet de la bande-son. Si on regrette donc l'absence du doubleur français de Bill Murray, on se consolera en optant pour la version originale fournie, dommage malgré tout que dans l'une et l'autre des versions, le doublage manque parfois de conviction ou en tout cas d'à-propos, affichant souvent un caractère un peu artificiel. Les effets sont pour leur part excellents et en parfaite adéquation avec l'esprit Ghosbusters.
On terminera avec le multijoueur à quatre participants. Comprenant une demi-douzaine de modes, il impose de se spécialiser dans le maniement d'une arme, les autres devenant des items bonus. Vous pourrez ici affronter des vagues de spectres de plus en plus virulents ou encore lutter pour éviter qu'on vous chourave vos précieux artefacts. Un complément efficace à la campagne solo qui n'est malheureusement pas bien longue.
- Graphismes14/20
Les acteurs sont joliment modélisés malgré un côté mannequins sur les cinématiques. Les environnements se montrent variés, soignés et en partie destructibles, donnant de la patate aux combats. Une belle performance, surtout pour un jeu à licence habituellement paresseux. On regrette toutefois les textures parfois en basse résolution de certains murs.
- Jouabilité14/20
La prise en main est assez simple et le système de capture réussi. On déplore ceci dit un aspect répétitif en partie masqué par la diversité des environnements et quelques mini-puzzles. Certains combats sombrent dans un chaos qui peut être agaçant.
- Durée de vie12/20
Comptez 7 heures pour boucler la campagne solo qui sera soutenue par un multijoueur rigolo.
- Bande son17/20
Même si le doublage manque parfois de conviction et donne le sentiment d'avoir été réalisé en aveugle, on apprécie la présence des acteurs en VO et de leurs doubleurs en VF. Toutes les blagues ne sont pas tordantes mais certaines tombent juste. L'ambiance sonore en général est excellente.
- Scénario14/20
Très fidèle aux films, le scénario signé Dan Aykroyd et Harold Ramis revient sur le culte de Gozer et décortique les petits secrets du premier Ghostbusters. Ce n'est pas une oeuvre majeure mais un bon biscuit pour les fans.
On peut légitimement penser que cette adaptation parlera un peu plus aux fans des films qu'à ceux qui n'y portent pas d'intérêt ou ne les connaissent pas. Loin d'être parfait avec ses problèmes de rythme, ses combats un poil brouillons et une certaine redondance, SOS Fantôme le Jeu a pourtant réussi à faire fructifier son capital sympathie en nous mettant un pack à protons dans les mains et en se montrant fidèle à l'esprit des films. Un produit idéal pour les admirateurs de Peter Venkman, Raymond Stantz, Egon Spengler et Winston Zeddemore.