En termes de journalisme, la partie de l'article que vous êtes en train de lire et dont la fonction est de servir d'introduction au "gros du texte" s'appelle un chapeau. En l'occurrence, on serait tenté de préciser qu'il s'agit d'un Stetson, chapeau de cow-boy par excellence...
On le sait, le cinéma et le jeu vidéo entretiennent des relations qu'on pourrait qualifier d'intimes. Nous en avons eu une nouvelle preuve lors de la présentation de Red Dead Redemption qui a débuté par la projection d'un montage rassemblant, comme nous l'ont précisé les représentants de l'éditeur Rockstar, des extraits des westerns qui ont inspiré l'ambiance de ce jeu. Au programme, du Sergio Leone, du Sergio Leone et encore du Sergio Leone. Seule exception à ce défilé un rien monomaniaque, la présence de Sam Peckinpah. Mais comme il s'agissait de "La Horde Sauvage", on peut dire qu'on restait dans le même ordre d'idée... Red Dead Redemption s'annonce donc comme un digne successeur de Red Dead Revolver, sorti en 2004. Comprenez qu'il s'agira d'un jeu d'action se déroulant dans une ambiance de western spaghetti. Et vu la violence générale que nous avons pu constater lors de ce premier contact, on serait tenté de préciser "des spaghettis copieusement arrosés de sauce tomate".
Bien évidemment, qui dit "Rockstar" ne tarde pas à évoquer GTA. Le titre vedette de l'éditeur influence Red Dead Redemption dans sa construction semblable à un gigantesque bac à sable où des dizaines d'activités attendent le joueur. Il faut préciser que ce projet est le plus ambitieux jamais mené par Rockstar puisqu'il a mobilisé pas moins de trois de ses studios de développement. Le plus impliqué est Rockstar San Diego qui a développé le moteur qui anime ce jeu. De leur côté, Rockstar ledds et North mettent la main à la pâte sur des aspects comme le multi ou encore les décors. Puisqu'on en parle, sachez que les décors de ce titre sont considérés comme particulièrement difficiles à mettre au point. En reprenant le schéma général des GTA, les développeurs sont tombés sur un os. En effet, il est "facile" de rendre vivant un environnement urbain rempli de gratte-ciel, d'habitants, de magasins et de voitures. Mais quand il s'agit de donner vie à un environnement ouvert comme l'Ouest sauvage, c'est nettement moins évident. Il leur a fallu disséminer dans les plaines du Far West tout un aréopage de cow-boys qui campent, de cavaliers qui galopent vers de nouvelles aventures, de trains reliant les différentes villes et villages sans oublier bien entendu une faune où les coyotes, les serpents et les ours peuvent être respectivement croisés dans leurs milieux naturels : déserts et montagnes. On a même pu constater qu'à la suite d'une fusillade, les vautours ne tardent pas à passer à table. La petite mécanique de l'ensemble génère un semblant de vie étudiée pour faciliter l'immersion du joueur qui, en dirigeant un personnage appelé Marston, va devoir tracer son chemin en faisant parler la poudre.
Des trois missions que nous avons pu voir, la première se déroule dans un petit village pratiquement abandonné où Marston arrive avec un prisonnier. Ce qui ressemble à l'arrestation d'un prisonnier est en fait un échange. Le rascal à foie jaune que ramène le héros doit être remis aux membres de sa bande qui libéreront Bonnie, une amie des gentils. Evidemment, tout ne se passe pas comme prévu. Dès qu'ils ont récupéré leur chef, les hommes de main du bandit attaquent Marston et pendent Bonnie. Marston et sa bande doivent alors se frayer un chemin jusqu'au centre du village pour la décrocher de sa potence. Ce petit périple plutôt agité nous a permis de constater que le personnage disposera d'une attaque secondaire à chaque fois différente en fonction de l'arme qu'il tiendra. Avec son fusil à la main, il pourra profiter d'un ralenti qu'il faudra mettre à profit pour ajuster ses tirs et abattre ses ennemis d'une balle dans la tête. Une fois le pistolet dégainé et toujours au ralenti, il s'agira de marquer des endroits d'une croix avant de tirer très rapidement (Qui a dit "Plus vite que son ombre" ?), là aussi avec une précision extrême. N'ayez pas de crainte pour la belle Bonnie. Marston parviendra à libérer son cou, sans doute pour qu'elle se pende au sien...
Deuxième mission : sauver la carriole d'un vendeur ambulant d'une attaque. Après avoir repoussé la première vague de bandits, Marston grimpe à côté du conducteur qui lance sont attelage à tombeau ouvert sur la piste empoussiérée. Pendant que l'autre dirige les chevaux, Marston tire sur tous les cavaliers qui s'approchent. Là, deux écoles s'affronteront. Il y aura ceux qui chercheront l'efficacité à tout crin pour ne pas dire la facilité et n'hésiteront pas à tirer sur la partie la plus importante de leur cible : le cheval. Résultat des comptes, son destrier se dérobant sous lui, l'assaillant fera un vol plané fatal. Les amis des animaux préféreront tirer sur le cavalier. C'est moins simple mais tout aussi efficace et cela évite toute mauvaise conscience... Durant cette mission, nous avons pu constater une chose : notre démonstrateur usait et abusait de l'attaque secondaire et du ralenti qui l'accompagnait. On attendra de pouvoir effectivement jouer pour se faire un avis mais il semblerait que cette attaque soit pratiquement infinie. Voilà qui ne va pas vraiment dans le sens du facteur "défi" que se doivent de proposer tous les jeux. A vérifier sur pièces et ultérieurement.
Troisième et dernière mission montrée durant cette présentation : l'escorte d'un train. Quand on parle d'un jeu se déroulant au Far West, on serait tenté de dire qu'il s'agit presque d'une figure imposée. Menant son cheval en suivant le tracé de la voie à peu près au rythme du train, le personnage passe de droite à gauche du convoi pour éliminer tout ce qui tente de l'attaquer, qu'il s'agisse de cavaliers ou d'ennemis embusqués dans des bosquets.
A côté de ces folles cavalcades et de ces frénétiques fusillades, Red Dead Redemption proposera des activités annexes qui vous permettront de gagner les quelques dollars indispensables pour s'offrir les munitions qui vous sauveront la vie en cas de coup dur. Le personnage pourra chasser des animaux pour les dépecer et vendre leur peau. Si vous êtes un as de la manette, vous pourrez également vous lancer dans quelques épreuves s'appuyant sur des principes où il s'agit de reproduire les suites de boutons qui s'affichent à l'écran. L'idée est de parier avec d'autres cow-boys que vous allez réussir, par exemple, à planter à répétition la pointe d'un couteau dans la table sur laquelle vous avez posé la main à plat. Pensez à bien écarter les doigts où vous pourrez dire adieu à votre carrière de pianiste soliste... Red Dead Redemption s'appuiera donc sur un contenu pléthorique et une ambiance qui apparemment n'auront rien à envier à ce qu'on a pu voir dans GTA. Ajoutez à cela une réalisation technique à la hauteur des aspirations des développeurs qui voulaient qu'on puisse se rendre dans tous les endroits qu'on voit dans le décor même s'il s'agit d'une montagne située à l'horizon. Bref, ce projet s'annonce comme très prometteur. D'ici sa sortie prévue pour le fin de l'année, nous aurons sans aucun doute l'occasion d'enfourcher une nouvelle fois notre Jolly Jumper virtuel pour partir sur les traces de John Wayne, Clint Eastwood, Roy Rogers et tous leurs collègues de bureau. So long.