Depuis des générations, un petit village vit reclus à l'écart du monde, abritant une communauté solidaire dont les membres ne sont, pour la plupart, jamais sortis des limites du village. Vous en faites justement partie, et pour fêter votre seizième anniversaire, il vous faut accomplir un rite de passage à l'âge adulte dans le but de recevoir la bénédiction du cristal qui assure la protection et la prospérité de la communauté. Mais alors que vous revenez triomphant de votre balade dans la forêt, on vous apprend qu'une petite fille est victime de la maladie des cristaux, un mal terrible qui prouve que le cristal n'a pas que des effets bénéfiques sur la population. Pour obtenir le remède adéquat, vous devez vous rendre seul dans la ville voisine afin de rencontrer Larkeicus, un vieil érudit respecté qui mène des recherches archéologiques à la bibliothèque. Mais bien qu'il soit admiré de tous, un épais mystère entoure ce personnage dont les travaux semblent étroitement liés à la nature ambivalente des cristaux.

Ainsi commence l'histoire de Echoes of Time, un épisode inédit appartenant à la grande famille des Final Fantasy Crystal Chronicles et qui suit dans ses grandes lignes le modèle établi par ses aînés. Ceux qui ont joué à Ring of Fates constateront d'ailleurs que Echoes of Time ressemble très fortement à ce dernier, les similitudes étant tellement nombreuses qu'on pourrait presque parler de suite si le contexte n'était pas différent. Le monde de Echoes of Time n'en abrite pas moins les quatre tribus caractéristiques de l'univers des Crystal Chronicles, à savoir les Clavats, les Yukes, les Selkies et les Lilties. Contrairement à Ring of Fates, les distinctions entre ces races se révèlent beaucoup moins marquées, à savoir que les personnages ne disposent plus de facultés spéciales propres à leur tribu. Quelques différences subsistent encore mais elles sont plus ténues, par exemple les Selkies sont toujours les seuls à pouvoir effectuer un double-saut tandis que les Lilties sont plus à l'aise dans le maniement de la lance et de la hache. Dans le même ordre d'idées, les techniques acquises par les uns ne seront pas les mêmes pour tous, ce qui permet d'appréhender l'aventure de plusieurs manières selon le personnage joué.

Une fois parvenu dans la ville principale, le joueur a tout intérêt à faire une étape à la guilde des aventuriers. C'est en effet ici que le soft nous donne la possibilité de créer de nouveaux personnages et de les intégrer à son groupe pour renforcer ses chances de triompher dans les niveaux d'action. Ainsi, même en solo, le joueur bénéficie d'une force de frappe multipliée par quatre, ce qui permet de faire évoluer ses quatre héros en même temps avec possibilité de passer de l'un à l'autre à tout moment. Il vous suffit ensuite de définir le comportement des personnages gérés par l'IA pour vous assurer que vos alliés réagiront de manière efficace à vos côtés, le résultat étant plus probant que dans Ring of Fates. Par la suite, vous aurez même la possibilité de recruter des compagnons de haut niveau à condition d'avoir accumulé de nombreuses heures de jeu ou d'être capable de faire l'aventure en Extrême. Bien sûr, l'intérêt réel du soft réside dans les parties composées de quatre joueurs humains, et c'est là que cet épisode tire son épingle du jeu par rapport à ses prédécesseurs. Echoes of Time est en effet le seul, à ce jour, à nous offrir la possibilité de jouer à quatre simultanément sur les versions Wii et DS, les possesseurs des deux consoles participant de concert à la même aventure. Square Enix a retenu la leçon suite aux contraintes matérielles imposées par le premier Crystal Chronicles sur GameCube qui permettait seulement d'utiliser la GBA comme extension de manette pour le multijoueur, moyennant quatre câbles associés. Une interface de dialogue à base de messages personnalisables permet également aux joueurs de communiquer facilement.

Beaucoup plus intéressants que dans les volets précédents, les services offerts dans la ville principale sont l'occasion parfaite d'optimiser les capacités de ses personnages. L'équipement peut être amélioré de plusieurs façons, d'abord en le conservant suffisamment longtemps pour lui faire gagner des niveaux d'expérience qui renforceront sa valeur, ensuite en le personnalisant pour le pousser au-delà de son potentiel maximal. Le service de commande permet d'échanger des matériaux contre de nouveaux objets, mais aussi d'insérer des joyaux dans certaines armes et armures pour leur conférer des bonus supplémentaires. Les quêtes obtenues au hasard des rencontres avec les NPC ou en lisant des inscriptions gravées sur les panneaux dans certains donjons sont l'occasion de relever des défis à thème pour empocher des récompenses. Notez que certaines quêtes sont cependant réservées aux parties entre joueurs humains. Quant au stand de grattage, il est surtout là pour l'aspect collection de cartes, les conseils obtenus n'étant pas d'un très grand intérêt. Dommage que le soft ne comporte qu'un seul fichier de sauvegarde, ce qui veut dire qu'il est impossible de commencer une nouvelle aventure sans écraser la précédente.

Dans son gameplay, Echoes of Time profite de l'occasion pour corriger un certain nombre d'éléments pas très au point dans Ring of Fates. Concernant les magies, une vraie jauge de MP remplace enfin le système de magilithes limités en nombre, ce qui rend les choses nettement plus simples à gérer. Le jeu conserve toujours la possibilité d'empiler des sorts les uns sur les autres grâce à l'anneau de visée pour en créer de nouveaux (gravité, booster, cyanure, soin X...). Ainsi, même avec seulement six magies de base, on dispose d'une panoplie de sorts suffisamment conséquente pour exploiter les faiblesses des ennemis et des boss. Depuis la carte du monde, le joueur accède à une série de donjons qui s'inscrivent totalement dans l'esprit de Ring of Fates. La plupart des niveaux sont en effet construits comme de vrais labyrinthes dans lesquels il est difficile de se repérer à cause de la carte sommaire et de la caméra qu'on ne peut toujours pas manoeuvrer.

Plus gênant, le level-design tortueux et les énigmes tordues rendent parfois l'aventure délicate à mener à bien. Même quand on sait ce que le jeu attend de nous, le timing et la précision requis pour manoeuvrer certains mécanismes sont tellement serrés qu'on est obligé de s'y reprendre x fois pour réussir. Les choses se compliquent d'autant plus avec l'apparition des livres magiques qui génèrent des sorts qu'il faut guider indirectement avec l'anneau de visée. Bref, tout ceci rend inutilement fastidieuse une progression qui aurait gagné à être plus intuitive et moins compliquée par moments. Ce n'est pas encore cette fois que la série pourra prétendre offrir un compromis parfait entre un gameplay réussi et une convivialité idéale entre joueurs. D'autant que la version Wii ose se contenter d'émuler simplement la version DS au lieu de remanier l'interface pour l'adapter au support. Le jeu étant vendu au prix fort, on vous conseillera fortement d'opter sans hésiter pour la version DS !