Oyez oyez bonnes gens ! La méphitique série des Secret Service est de retour avec un épisode flambant neuf, rempli de méchants terroristes et de sénateurs américains grassouillets à protéger. Chaperonné par le studio Cauldron, ce nouveau volet reprend tous les ingrédients de ses prédécesseurs et nous offre donc une performance digne d'un mauvais Steven Seagal : rigolote si l'on a rien déboursé pour en profiter.
Il est un genre de jeux dont on peine à justifier l'existence : le FPS-navet, développé en quelques mois avec trois bouts de ficelle, un jambon et une planche à pain. Perdu entre un Terrorist Takedown et un Soldier of Fortune Payback, lorgnant tristement vers un Call of Duty : Modern Warfare, Secret Service est le parfait représentant de cette caste atypique des mauvais jeux à petit prix qui finissent malgré tout dans nos boutiques et engendrent souvent des suites. Mais stoppons là ces considérations générales et examinons maintenant ce que le soft a à nous offrir. Secret Service nous propose de suivre les pérégrinations d'un agent d'élite, affecté à la protection des membres du gouvernement américain. Evidemment, les choses ne tardent pas à partir en sucette lorsque des hordes de terroristes basanés tentent de dégommer le Président, en plein dans le Lincoln Memorial, haut lieu de la capitale. A partir de là, vous allez devoir pulvériser du Sud-Américain à tour de bras dans une tripotée de niveaux aussi linéaires qu'insipides, tandis qu'on vous expliquera vaguement que tout cela n'est qu'une sinistre conspiration ourdie par un rond de cuir du gouvernement. Pour être tout à fait honnête, on finit rapidement par ne plus trop s'intéresser à une histoire dont la banalité n'a d'égale que la platitude de sa mise en scène.
Sans trop avoir envie de comprendre pourquoi, on se retrouve donc à batailler au Capitole, à la Maison Blanche, dans les souterrains qui relient les bâtiments gouvernementaux de Washington et même à bord de l'Air Force One. Si ces différents environnements feront peut-être plaisir aux amateurs de téléfilms US, force est de constater que le soft y enchaîne avec détermination les séquences les plus banales qui soient. Outres les fusillades de base dans des couloirs, on aura droit au traditionnel massacre de snipers, à du rail-shooting bien primaire en hélico et à ces fameuses scènes qui voient une pièce grande et vide se remplir subitement d'ennemis vociférants. Allez, soyons sympa, il arrive qu'on ait plaisir à éviscérer du gredin, même si l'on se dit qu'on serait tout de même mieux à regarder un film ou à lire un bouquin. Hélas, le soft tente régulièrement de varier les plaisirs en nous confrontant à quelques sinistres mini-jeux à la sauce BioShock. Ainsi, pour désamorcer une bombe, vous serez amené à orienter un flux d'électricité pour qu'il alimente simultanément plusieurs puces. Ces petites énigmes anodines apparaissent malheureusement inutiles et inintéressantes, voire carrément frustrantes lorsqu'on sait qu'un échec causera généralement votre mort.
Ajoutons à cela des checkpoints franchement mal placés et l'on obtient quelque chose qui de quelconque, passe à carrément gonflant. Dans un registre un petit peu différent, Secret Service intègre également quelques séquences où l'on devra naviguer entre les faisceaux de mines lasers et matraquer des tourelles automatiques. On appréciera diversement. Pour terminer et si cela vous intéresse, sachez que la version 360 de Secret Service est un poil plus « réussie » que la version PC. Cette dernière souffre en effet d'un bon nombre de bugs qui semblent curieusement absents de la version console. Plantages, ennemis qui disparaissent ou qui deviennent subitement invincibles sont des soucis relativement courants sur PC. Mais au final, ces bugs ont bien grand mérite : celui de rendre surprenant un jeu autrement ennuyeux. Maigre consolation.
- Graphismes11/20
Le moteur de Secret Service n'a clairement pas de quoi faire tomber à la renverse mais ne fait pas preuve d'une véritable laideur pour autant. Il est simplement moyen et esthétiquement bien peu inspiré.
- Jouabilité9/20
Secret Service est linéaire et bête à souhait. Trop banal, le titre ne nous offre qu'une IA au ras des nénuphars, un level-design d'un autre âge et une mise en scène qui n'en mérite pas tout à fait le nom.
- Durée de vie8/20
Comptez entre 4 et 6 heures pour voir le bout de l'aventure. Les chasseurs de succès les plus courageux pourront peut-être insister un peu plus longtemps. Les joueurs désoeuvrés auront quant à eux la possibilité d'accéder aux mini-jeux depuis le menu principal.
- Bande son10/20
La plupart des thèmes musicaux passent assez bien, de même que les dialogues (en anglais). Les bruitages en revanche paraissent un peu curieux et ont une fâcheuse tendance à saturer. Secret Service nous offre également l'une des pires sonneries d'alarme du monde du jeu vidéo. On en frissonne encore.
- Scénario8/20
Une histoire oubliable qui sert de prétexte à la mise à sac des hauts lieux de la capitale américaine.
Secret Service est un FPS lambda, sans âme ni signe particulier. Et s'il se révèle moins catastrophique que ses ancêtres, il ne peut pas pour autant prétendre à autre chose qu'au statut de FPS-navet. Plat, insipide et occasionnellement rigolo malgré lui, le jeu se laisse néanmoins parcourir, au même titre qu'un téléfilm de seconde zone ou un épisode de Walker Texas Ranger.