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Test Silent Hill : Homecoming

Silent Hill : Homecoming : Cinématique d'introduction

Silent Hill : Homecoming
46 654 vues
Profil de Logan,  Jeuxvideo.com
Logan - Journaliste jeuxvideo.com

Désormais, à chaque nouveau Silent Hill, la question redondante que tout le monde se posera sera la suivante : Pourquoi ? Pourquoi Konami a sous-traité à l'étranger le développement d'une de ses plus grosses franchises ? Cette question, tout à fait légitime, n'est pas en soi uniquement porteuse de doutes surtout après que Climax nous ait offert un segment imparfait mais fort réussi sur PSP et PS2. Après avoir opté pour l'Angleterre, c'est vers les Etats-Unis que la firme japonaise s'est tournée. Et à la vue du résultat, on sera enclin à se reposer cette question incessante : pourquoi ?

Silent Hill : Homecoming

Plusieurs mois après sa sortie américaine, Silent Hill Homecoming débarque sur le Vieux Continent. Si on peut se demander quel vil décisionnaire a choisi un affrontement plus ou moins direct avec Resident Evil 5 (disponible d'ici quelques semaines), la joie de toucher au premier Silent Hill new gen effacera cette trituration de méninges au profit d'une peur bien réelle... Le hic est que les émotions véhiculées par l'oeuvre ne viendront pas forcément de ses qualités mais plutôt de ses très nombreuses tares. Mais avant de poursuivre, marquons, voulez vous, un temps d'arrêt. Si Silent Hill possède une si grande communauté de fans, c'est en partie grâce à l'immense talent de la Silent Team qui a toujours su mélanger technicité et scénario diaboliquement habile. Encore aujourd'hui, Silent Hill 2 reste un des titres les plus aboutis d'un point de vue psychologique, Silent Hill 1 et 3 formant un diptyque centré principalement sur le culte que vouaient les habitants de Silent Hill à un démon séculaire. Plus torturé et dérangeant que ses aïeuls, Silent Hill 4 : The Room aura déçu malgré d'évidentes qualités artistiques et scénaristiques. La suite, on la connaît. En adaptant l'oeuvre de Konami au cinéma, Christophe Gans lui aura rendu un vibrant hommage tant dans la forme, somptueuse, que dans le fond, exception faite de quelques légers détails pouvant faire tiquer l'amateur. Un beau parcours empreint de ténèbres, de monstres difformes et de chute vertigineuse dans les méandres de notre cerveau. De fait, Homecoming se veut un vrai coup de massue en bousculant tout ce qu'on croyait acquis.

Silent Hill : Homecoming
Sachez esquiver au bon moment afin de contre-attaquer aussi sec.
En tout premier lieu, il semble évident que Double Helix n'ait pas vraiment compris le sens même de Silent Hill, ce qui fait avancer la série, de quoi elle se nourrit. Le titre se trouve ainsi plombé d'un bout à l'autre par d'incessants combats afin de mettre en avant la jouabilité, certes évolutive, mais finalement entièrement dédiée aux rixes. Car oui, Homecoming tient plus du jeu d'action perdu dans le brouillard que d'un véritable Silent Hill. L'embêtant est que les développeurs se sont apparemment dit qu'il suffirait de réaliser quelques figures imposées afin de faire passer le tout. Monumentale erreur. Il ne suffit pas d'opter pour le grain typique de la saga, d'inclure Pyramid Head ou les infirmières, un proche disparu ou l'altération du monde "réel" pour pouvoir estampiller le tout de la mention SH. Malheureusement les développeurs sont passés à côté de cette évidence et se sont amusés (sentis obligés ?) à reprendre tous les gimmicks de la série. On ne sera donc pas étonné de débuter dans un hôpital insalubre, d'arpenter les rues désertes de la bourgade américaine, d'affronter des horreurs dignes des oeuvres de Francis Bacon, etc. En somme, dans sa globalité, Homecoming, sous des dehors de gigantesque patchwork, n'arrive jamais à acquérir une identité propre. Pire, on se retrouve parfois projeté dans le film de Gans via un scénario convenu, empruntant également à celui de Silent Hill 2.

Silent Hill : Homecoming
Les dialogues sont peu nombreux mais peuvent ouvrir certaines portes de votre esprit.
Tout débute à Shepherd's Glen, la ville de notre héros, Alex, fier soldat américain fraîchement revenu du front. Outre un personnage quelque peu caricatural, tant dans sa psychologie que dans ses rapports avec ses proches qui renvoient à divers films fantastiques, on suivra avec intérêt son parcours qui le mènera vers Josh, son jeune frère disparu. Si dans l'absolu, l'histoire possède un certain potentiel malgré son manque d'originalité, le scénario se retrouve rapidement dilué au point qu'on se désintéresse peu à peu du sort d'Alex. Sans trop vous en révéler, disons que plus l'intrigue avance et plus le synopsis s'amourache de celui du film du réalisateur français. Vraiment problématique puisque après trois, quatre heures, on commence déjà à comprendre le pourquoi du comment. Pire, à la toute fin, les scénaristes, probablement en cruel manque d'idées, ont cru bon de repomper ouvertement la fin du film Hostel, aussi bien dans les décors que dans les scènes de torture. En définitive, les quelques rares NPC, sous-exploités, ne font que de la figuration, les dialogues à choix multiples avec ces derniers servant peu le scénario.

Silent Hill : Homecoming
Les amateurs de character design se régalent à nouveau...
On signalera d'ailleurs à ce sujet que la montée en puissance de Homecoming intervient seulement une heure environ avant la conclusion à travers la visite d'une prison et d'une église empruntée à celle du long-métrage. Dommage que ce ne soit pas suffisant pour relancer la machine d'autant qu'à ce moment-là, les problèmes s'accumulent en parallèle des quelques rares séquences plus ou moins tripantes. En effet, les développeurs n'ont rien trouvé de mieux que de nous retirer toutes nos armes avant de nous faire combattre plusieurs membres de l'ordre. Aberrant même si après quelques pérégrinations on pourra retrouver un tuyau ou un fusil. Sur ce point, on saluera aussi l'idée lumineuse consistant à nous offrir la possibilité de trimballer un couteau, un flingue, deux fusils ou une hache tout en évitant qu'Alex ne porte trop de munitions, le bougre s'exclamant alors qu'il ne peut plus rien prendre une fois qu'on a atteint la limite. Ridicule vu que jamais Silent Hill n'a été aussi orienté action. Nonobstant, rendons à César ce qui appartient à César. Homecoming dispose de quelques-uns des boss les plus dérangeants de la saga. Le design est recherché et perturbant à souhait. A contrario, les autres créatures sont soit des dérivés de monstres déjà vus soit des créations originales plus ou moins réussies. Dans tous les cas, vous aurez tôt fait de vous forger votre propre opinion vu qu'on affronte sans cesse ces fichus monstres.

Silent Hill : Homecoming
Très inspiré par l'esthétique du film de Gans, Homecoming y puise allègrement idées et designs.
Et c'est bien là le vrai souci de ce titre qui nous oblige constamment à nous battre. Vous aurez alors tôt fait de chercher des sérums pour augmenter votre résistance car sans ça, vous risquez de déchanter. Economisez vos munitions, c'est un conseil. Mais le plus énervant vient du fait qu'on nous explique que c'est la lampe torche qui attire les monstres. On se dit alors qu'on va se la jouer discret en éteignant le tout sauf que durant les rares instants où il nous est permis d'utiliser cette technique, un monstre bien planqué vient tout foutre en l'air, ceci ayant pour conséquence de rameuter ses petits copains. Bien entendu, le système de combat sera alors d'une aide salvatrice puisqu'il est maintenant permis d'effectuer des esquives, de contre-attaquer dans la foulée, d'alterner entre attaque lourde et légère ou de réaliser des finish moves liés à une action contextuelle. Pour un peu, on se croirait dans un jeu de baston. Ceci dit, on s'amusera à utiliser les bugs du titre, qui soit dit en passant rame parfois, aussi bien sur PS3, 360 que sur PC, malgré la pauvreté des décors. Ainsi, on se rend vite compte que très souvent les ennemis se retrouvent bloqués à certains endroits délimitant plusieurs parties d'un même environnement. Vous n'aurez alors qu'à avancer prudemment et à rouer de coups votre adversaire immobile. Magnifique tout comme les corps disparaissant comme par magie... Je vous rappelle qu'on se trouve sur new-gen. Et quand on sait que la qualité graphique est inférieure à celle de Silent Hill 3 et 4, on se dit que Double Helix n'était pas vraiment le meilleur choix pour une aussi grande série.

Silent Hill : Homecoming
Depuis Poltergeist, les télévisions semblent toutes nous offrir un passage vers l'autre monde...
Il y aura encore beaucoup à dire sur ce Homecoming qui s'enlise dans un scénario sans surprise, plusieurs bugs, de multiples incohérences ou des éléments récurrents de la saga ici utilisés n'importe comment. On pourra pourtant se raccrocher à la bande-son, fruit de l'immense Akira Yamaoka. Toutefois, il est étrange de constater que dans le cas présent, les musiques et bruitages d'ambiance sont bien plus effacés que précédemment. Il est donc très difficile de conseiller ce titre à un fan de la série tant ce volet s'éloigne de l'ambiance première de la saga et ce malgré l'utilisation de nombreuses figures imposées. A trop vouloir singer, le titre de Double Helix aura oublié la qualité première d'un Silent Hill : provoquer l'effroi et le malaise. Moins tourmenté que ses aïeuls, ne parvenant jamais à surpasser ses modèles, Homecoming échoue malgré quelques prises de conscience arrivant beaucoup trop tard. Une expérience qui se subit plus qu'elle ne se savoure.

Les notes
  • Graphismes12/20

    Si le character design des boss est réussi, la modélisation des monstres oscille entre le bon et le moyen. Cependant, dans sa globalité, Homecoming ne fait nullement honneur aux capacités de la machine. La modélisation hasardeuse s'avère moins réussie que celle de Silent Hill 3 (un comble), le jeu est souvent trop sombre (malgré le réglage de la luminosité et l'ambiance intrinsèque du titre) et le tout se permet même parfois de ramer alors que le titre n'a quasiment rien à afficher.

  • Jouabilité14/20

    Bien trop orienté action, Homecoming profite tout de même d'un gameplay plus souple que par le passé. Fort d'esquives et de contre-attaques, les combats se montrent plus nerveux mais restent souvent imposés ce qui pourra poser problème à beaucoup. On note aussi quelques bugs graphiques, problèmes de caméra ou des ennemis bloqués à l'intersection de parties formant un environnement. Pour autant, tout ceci ne gêne pas vraiment la progression.

  • Durée de vie12/20

    En cherchant à récolter tous les dessins d'enfants ou les photos, vous terminerez l'aventure en 7, 8 heures. Comme de coutume, différentes fins sont à disposition, ainsi que des costumes inédits, mais ceci ne rallonge pas forcément la durée de vie du titre. De plus, les énigmes font davantage penser à de petits puzzles simplistes à une ou deux exceptions près à même de vous arracher les cheveux.

  • Bande son16/20

    Akira Yamaoka reprend du service et le résultat, plus effacé, s'avère toujours aussi convaincant. Le doublage américain est lui aussi de grande qualité et renforce l'immersion.

  • Scénario11/20

    En s'inspirant ouvertement du film de Christophe Gans et du scénario de Silent Hill 2, les scénaristes de Homecoming ont manqué le coche dans le sens où le joueur n'aura pas de mal à comprendre le pourquoi du comment assez rapidement. Moins psychologique et profond que les scenarii des quatre premiers épisodes, le synopsis du jeu se permet même de tomber dans le trip Hostel lors de la dernière ligne droite. Dommage que l'atmosphère du suffocant film de Roth ne convienne pas nécessairement à l'univers de Silent Hill.

Sous des dehors de melting-pot des précédents épisodes, Silent Hill Homecoming ne parvient jamais à supplanter ses aînés. Bien trop engoncé dans une frénésie combative, le titre se cherche sans jamais se trouver. En somme, il sera difficile pour l'amateur éclairé d'opiner du chef surtout après avoir atteint le bout de l'Enfer avec les 4 premiers volets. Sans être totalement inintéressant, ce segment opère un changement qui ne sied pas forcément à la saga et se perd dans ses influences directes ou indirectes. Malgré cela, la vérité est au bout du chemin, c'est sûr mais encore faut-il ne pas se tromper de route.

Note de la rédaction

12
11.4

L'avis des lecteurs (62)

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