Après avoir développé des jeux de stratégie et deux add-on pour F.E.A.R., Timegate met la dernière main à Section 8, un FPS pensé pour le multijoueur. Nous avons pu y jouer et voici ce qu'il faut en retenir.
Commençons par une petite remise dans le contexte. Dans notre réalité et au niveau de l'armée américaine, la désignation Section 8 s'applique aux prétendants à l'enrôlement considérés comme inaptes pour raisons mentales. C'est un peu l'équivalent de notre "P4". Dans le monde de science-fiction que nous proposera ce FPS, le terme Section 8 reprendra son sens premier puisqu'il désignera une escouade de soldats caparaçonnés dans une armure hi-tech et armés jusqu'aux dents. Pour les représentants de Timegate qui nous ont offert un premier regard sur leur bébé, l'univers de Section 8 tient un peu de la Conquête de l'Ouest. Comprenez que, parti à l'assaut des étoiles, l'homme doit composer avec les distances incommensurables qui séparent les différents mondes qu'il a conquis et, donc, la lenteur d'intervention que cela sous-entend. Certaines planètes ont fait sécession et leurs habitants ont fondé une coalition qui s'oppose à la fédération pour laquelle opère le personnage que vous dirigez. On ne va pas extrapoler mais tout cela sent bon la prise de conscience vers la fin du scénario solo, le cas typique du héros qui se rend compte, à l'inverse de ses certitudes de départ, qu'il n'agit pas forcément du côté du bien.
Section 8 proposera donc de prendre part à une guerre à la fois civile et galactique même si, en ce qui concerne ce dernier point, tous les combats se dérouleront sur le plancher des vaches. Et autant l'avouer tout de suite : s'il existe un mode solo, ce titre est avant tout conçu pour le multi. Précisément, il pourra accueillir 32 joueurs par session sur PC et 16 sur console. Construit à la manière d'un Battlefield, Section 8 s'appuiera sur un principe mêlant action et tactique. Il faudra être puissant en solo mais aussi prendre soin des membres de son équipe afin de pouvoir compter sur eux. Aucune classe de soldat à proprement parler ne sera disponible avant que la partie ne commence mais les armes disponibles seront regroupées en différents groupes qui feront de votre soldat un spécialiste. Si vous choisissez le lance-roquettes et les charges explosives, il deviendra un as de la démolition. Si vous préférez le fusil de précision et le pistolet, vous en ferez un sniper. Mais, grâce à la présence sur le terrain d'un engin capable à la fois de le soigner et de changer son armement, sa fonction pourra changer à la volée durant la bataille.
Si Section 8 ressemble effectivement à Battlefield dans les grandes lignes de son principe, il sait s'en différencier grâce à quelques innovations. Citons tout d'abord la possibilité de débarquer sur n'importe quel endroit de la carte. Cela se déroule comme un parachutage sans parachute. Les soldats sont largués d'un aéronef pratiquement en orbite et se précipitent vers le sol. Ils tombent comme des pierres durant la majeure partie du trajet. Mais, arrivés à quelques dizaines de mètres d'altitude, ils ont l'occasion de freiner leur chute et de se diriger vers un point qui se trouve sous eux. Attention tout de même. Chaque escouade qui s'approprie un point de la zone annexe s'approprie également différents matériels qui s'y trouvent dont une redoutable batterie de canon anti-aérien. Si vous tentez de sauter sur leur base, vous finirez immanquablement en une jolie gerbe lumineuse dans l'azur. Mais justement, cette contrainte apporte un nouveau degré de stratégie. Rien n'empêche par exemple de sauter en bordure de zone interdite puis, au moment du freinage, d'y entrer pour atterrir sur le toit d'un bâtiment de la base. Autre possibilité : faire sauter la totalité du groupe en une seule fois sur la base. La batterie n'aura pas le temps d'éliminer tous les membres du commando et ceux qui toucheront le sol seront immédiatement à pied d'oeuvre. Mais surtout, cette possibilité de débarquer n'importe où durant la partie enlèvera tout avantage à ceux qui pensaient, à l'image de ce qu'on a pu voir ailleurs, pouvoir mémoriser la carte. Ce sera impossible dans la mesure où la situation évoluera toujours de manière différente.
Autre principe intéressant et qui pourrait faire l'identité de ce titre : les DCM (pour Dynamic Combat Missions ou Missions de Combat Dynamiques). Il s'agira de phases de combat qui s'intégreront au sein de la bataille générale. Leur but sera diversifié, allant de l'attaque d'un point précis de la carte appartenant à l'une des deux équipes à l'escorte d'un butin ou d'une personnalité. Les deux camps auront alors un rôle bien déterminé à jouer : soit attaquant, soit défenseur. A l'arrivée, le commando qui réussira la mission qui lui aura été alloué se verra attribuer des points de réquisition qui lui permettront de s'acheter du matériel : des tourelles, des tanks... Précisons, en ce qui concerne ces derniers, qu'ils proposeront un rôle essentiel aux quatre joueurs connectés qui pourront y prendre place. Outre le pilote qui pourra s'amuser avec la tourelle et son gros canon, les trois autres auront chacun le contrôle de la mitrailleuse pour se débarrasser de la piétaille qui les collera d'un peu trop près, d'où le mortier qui tirera des munitions plus lentes mais capables d'un effet de zone et, enfin, une batterie de missiles vraiment redoutables.
De nos premiers pas sur Section 8, nous retiendrons un sentiment de grande pagaille. C'est un peu normal pour un début mais nous regretterons de ne pas être parvenus à tirer le meilleur de l'aspect stratégique du jeu en partageant ces quelques parties avec des confrères et des membres de l'équipe de développement. Reste que Section 8 est, pour l'instant, un jeu au graphisme soigné et que la fluidité est au rendez-vous. Mis à part des plantages à répétition certainement dus à la précocité de la version qui nous a été confiée, nous n'avons pas vraiment de défauts majeurs à signaler. Ceci étant dit on aurait sans aucun doute apprécié une approche plus originale du sujet. Ça fait la farce, selon l'expression consacrée et on est même plutôt enthousiaste quand on joue mais, une fois qu'on s'est éloigné du clavier, on ne peut s'empêcher de le comparer à des titres comme le précité Battlefield, Halo, Frontlines ou Quake Wars. Voilà un point sur lequel nous ne manquerons pas de revenir lors d'un prochain test.