Nous poursuivons notre tour d'horizon des MMORPG free to play (téléchargeables et jouables gratuitement) avec Dekaron. Lorgnant ostensiblement du côté du hack'n slash, avec un système de combat particulièrement dynamique à l'appui, le jeu de GameHi emprunte un ton plus adulte pour se démarquer de la concurrence. Est-ce suffisant ?
Resituons d'abord les choses dans leur contexte. Dekaron est, à la base, un MMORPG coréen, importé aux Etats-Unis par Acclaim Games sous la houlette d'un certain David Perry (mais si, vous savez : le papa de Earthworm Jim). Sorti là-bas sous le nom de 2Moons et légèrement remanié pour l'occasion, le jeu avait de toute façon suffisamment d'arguments pour plaire aux joueurs occidentaux : son univers est plus sombre et plus violent que de coutume et son gameplay emprunte autant au genre du hack'n slash qu'à celui du MMORPG, à la manière d'un Guild Wars. Dekaron est sorti en Europe en mai 2008, reprenant au passage son titre d'origine. Disponible sur le portail de Gametribe, il conserve son modèle économique de free to play : vous pouvez le télécharger gratuitement et y jouer sans abonnement. Bien entendu, il est doté d'un item shop qui tentera de vous convaincre de sortir la carte bleue pour faciliter votre progression ou enrichir votre expérience de jeu. Mais, comme d'habitude, rien ne vous y oblige.
Le background du jeu est réduit à sa plus simple expression : dans le monde de Trieste, éclairé par deux lunes, la guerre du bien contre le mal est sur le point de reprendre à l'occasion du retour de Karon, le seigneur-démon. En attendant, à vous de vous créer un avatar suffisamment solide pour faire face aux monstres qui ont envahi Trieste. Enfin, en guise de création, vous n'aurez droit qu'à un simple choix entre six classes à la race et au sexe prédéfinis, particularité issue du genre du hack'n slash. L'Azure Knight est un combattant puissant vêtu d'une épaisse armure, la Sagita Hunter une archère rapide et agile, l'Incar Magician une lanceuse de sort qui tire sa magie des éléments, le Vicious Summoner un invocateur de démons, la Segnale une combattante au fouet disposant de pouvoirs de guérison et le Bagi Warrior un guerrier gigantesque qui se fie à sa force brute et à son endurance. Vous trouverez certainement votre bonheur parmi ces six classes. Par contre, aucune personnalisation graphique n'est proposée (non non, pas même la couleur de vos cheveux, n'insistez pas). Les différentes pièces d'armures étant réservées à une classe et à un niveau donnés, deux Vicious Summoners de niveau 78 auront une apparence en tous points similaire. Heureusement, les différents skins sont très sympa : à haut niveau, ils en jettent pas mal.
Les premiers pas dans l'univers de Dekaron confirment que les efforts de ses développeurs ont porté avant tout sur le dynamisme des combats, particulièrement bien rendus. Il suffit de cliquer sur un monstre pour que votre personnage commence à enchaîner une série de coups avec son arme de base. Les dégâts augmentent à chaque frappe et le nombre de coups enchaînés dépend de l'arme utilisée, sachant que le combo peut être bloqué, et donc interrompu par l'ennemi. D'autres aspects renforcent l'impact des affrontements. A chaque coup porté, le sang gicle et le monstre recule. Des coups critiques, source d'effets gore, se déclenchent aléatoirement. Certaines attaques touchent plusieurs adversaires à la fois et le fait d'attaquer à distance un ennemi posté à l'arrière revient souvent à toucher ceux qui se trouvent sur la ligne de visée. Bien entendu, votre personnage dispose par ailleurs de nombreuses compétences à utiliser en combat. Une barre de raccourcis vous y donne accès et vous permet également d'utiliser vos potions (on regrette au passage que les raccourcis clavier ne soient pas paramétrables). Les combats proposés par Dekaron sont, en somme, vraiment convaincants. Pour ne rien gâcher, le bestiaire assez varié propose dès le départ des créatures plutôt coriaces et moins niaises que ce à quoi nous ont habitués les MMORPG asiatiques.
Autre point fort : le levelling est plus rapide qu'à l'accoutumée, même si atteindre le niveau 150 reste un défi de taille réservé aux accros du monster bashing. Ce qui est appréciable, c'est que la montée en puissance de votre avatar soit aussi visible et aussi prononcée : un personnage de niveau 31 est sensiblement plus fort qu'un personnage de niveau 30. Là encore, on sent la griffe hack'n slash. A côté de ça, le système d'évolution, certes moins complexe que dans un MMORPG asiatique traditionnel, reste intéressant et gratifiant. Vous disposez, d'une part, de quatre statistiques de base (force, dextérité, santé, esprit) entre lesquelles il vous faut répartir les points acquis à chaque gain de niveau. D'autre part, chaque classe de personnage dispose de ses propres arbres de compétences regorgeant de pouvoirs divers et variés. L'Incar Magician, par exemple, pourra se spécialiser dans la voie du feu, de la glace ou de la foudre. Pour acheter une compétence, il suffit de répondre aux prérequis (avoir atteint un niveau donné, maîtriser un talent situé plus haut dans la branche...) et d'aller acheter le livre dédié chez votre maître de classe. Ceci fait, vous pourrez régulièrement augmenter le niveau des compétences dont vous disposez : un point vous est gracieusement offert à chaque niveau franchi. Que demande le peuple ?
Au rayon des équipements disponibles, le constat est plus tempéré. Il est vrai que certaines classes ont différents types d'armes à disposition (par exemple, la Sagita Hunter peut utiliser l'arc, l'arbalète ou la dague). Mais, de manière générale, la restriction des pièces d'équipement à une classe et à un niveau donnés est assez frustrante. Pour pallier à ce fait, Dekaron propose des items magiques de rareté différente (normal, magique, noble, noble divin, légendaire) et, surtout, un sympathique système d'amélioration d'objets qui n'est pas sans évoquer celui de Rappelz. Certains items possèdent 1 à 4 slots dans lesquels vous pouvez insérer des pierres plus ou moins rares afin d'en augmenter les capacités. Si l'item ne possède pas de slot, vous pouvez lui en ajouter en vous adressant à l'alchimiste. Vous avez aussi la possibilité de renforcer vos objets magiques grâce à des pierres nommées Argates, qu'il faut préalablement avoir eu la chance de trouver : pour cela, rendez-vous chez le forgeron et priez. Il va de soi que les chances de succès de l'opération peuvent être améliorées en recourant à l'item shop. Sachez enfin que Dekaron ne propose pas d'artisanat, mais qu'un système de pèche bien pensé - aussi dynamique que le sont les combats - permet d'attraper des poissons (source de points de vie ou de magie) mais aussi de trouver des bijoux ou des pierres !
Malgré ces quelques atouts, Dekaron souffre d'un grand classicisme. L'univers très typé, que l'on pense un moment propice à l'exploration, ne propose finalement qu'une succession de parcs à monstres guère agréables à parcourir. Les quêtes, peu originales et rébarbatives, sont de toute façon peu nombreuses. Il y a bien çà et là quelques instances à effectuer seul ou en groupe (et dont il faut payer l'accès), mais la succession d'objectifs qu'elles proposent, très basiques, (nettoyer des salles, tirer des leviers, ouvrir des portes) n'est pas particulièrement stimulante. Ce sont généralement, par contre, de bons plans pour monter son expérience. Le jeu propose aussi des événements appelés Dead Front : ces instances PvE/PvP consistent à intégrer une équipe de joueurs pour se lancer à l'assaut d'une forteresse. Au programme : capture d'objectifs, combat contre des hordes de monstres et leur boss, puis mêlée générale en PvP. Sorti de ça, si vous aimez vous adonner au PvP vous ne serez pas déçu, puisqu'outre les possibilités en la matière (duels, combats en arène, siège de château...), le jeu autorise le PvP sauvage dans les zones de niveau 20 et +. Toutefois, en dépit de son contenu plutôt honnête, de sa réalisation soignée et de ses bonnes intentions, Dekaron a du mal à se distinguer et à motiver les foules. Sans doute lui manque-t-il un je-ne-sais-quoi d'accrocheur...
- Graphismes13/20
Dans l'ensemble, Dekaron propose un rendu visuel plutôt convaincant : les décors sont fins et bénéficient de splendides effets de lumière, les personnages sont bien modélisés. Ce rendu est toutefois entaché par quelques détails malvenus : textures au sol laides, distance de vue très faible et gestion des collisions désastreuse (vous passez à travers les arbres et les rochers) en particulier.
- Jouabilité15/20
Simple et accessible, le gameplay orienté vers l'action non-stop fait mouche : on a grand plaisir à faire progresser son personnage, d'autant que le levelling est plus rapide que de coutume. La maniabilité est bien pensée : l'interface est pratique et les menus, à défaut d'être esthétiques, sont clairs et complets. Seule réserve : l'impossibilité de configurer ses propres raccourcis clavier.
- Durée de vie15/20
Dekaron propose tout ce qu'il faut aux adeptes de grind, à commencer par des maps truffées de monstres (parfois trop) et des défis sous forme d'instances qui vous permettront d'atteindre le niveau 150. Et même si l'exploration est moins agréable que dans un Guild Wars, les possibilités de PvP représentent un contenu alternatif non négligeable.
- Bande son13/20
Les thèmes musicaux sont assez réussis dans l'ensemble : ils collent particulièrement bien à l'atmosphère du jeu, qu'ils contribuent à assombrir. On reste plus réservé sur le plan des effets sonores, toujours aussi discrets. A noter la présence de quelques voix en coréen, résidu de la version originale du jeu.
- Scénario8/20
L'aspect visuel plutôt typé de Dekaron n'est hélas soutenu par aucun scénario digne de ce nom : quelques éléments de background par-ci par-là, mais c'est bien tout. A côté de ça, on regrette une fois de plus le manque d'intérêt des quêtes, d'une désormais classique indigence.
Dekaron est un MMORPG qui ne vous cachera pas bien longtemps sa parenté avec le genre du hack'n slash : au croisement d'un Guild Wars et d'un Rappelz, il mise sur sa jouabilité simple et son système de combat dynamique, supports à une action non-stop, pour vous séduire. Il se montre hélas, par ailleurs, quelque peu maladroit dans ses emprunts : à titre d'exemple, l'absence totale de personnalisation graphique de votre avatar, typique des hack'n slash, se devait d'être compensée par le foisonnement d'items et d'équipements que l'on trouve habituellement dans le genre, ce qui n'est pas le cas. Ajouté à l'univers quelque peu austère et pas forcément agréable à parcourir, cet aspect peut rebuter. Reste que les amateurs de grind et de PvP y trouveront, sans doute, amplement leur compte.