Alors que deux grandes écoles de RPG tiennent le haut du pavé, la japonaise (Final Fantasy, Dragon Quest, The Last Remnant...) et l'américaine (Oblivion, Fallout 3...), la vieille Europe n'a pas dit son dernier mot. The Witcher sorti récemment et développé en Pologne en est l'illustration parfaite ; Drakensang, façonné en Allemagne, s'apprête à suivre le même chemin. Vous laisserez-vous amadouer par les sirènes de L'Aventurie ?
Avant toute chose, voici trois informations primordiales. Premièrement, la licence sur laquelle repose le produit est pour le moins ancienne (une bonne vingtaine d'années) et de qualité. L'Oeil Noir est le Donjon & Dragon Allemand, aussi complet et avec autant de succès outre-Rhin que ADD de l'autre côté de l'Atlantique. Deuxièmement, le studio aux commandes de ce jeu, Radon Labs, est le deuxième développeur germanique en taille après Crytek, les papas du premier Far Cry et de Crysis. Enfin troisièmement, avec Drakensang, les développeurs ont souhaité créer un Baldur's Gate en 3D. Ceci étant dit, nous allons pouvoir passer au décorticage en règle de ce titre bien alléchant déjà sorti dans son pays d'origine et qui cartonne là-bas, tant et si bien que Radon Labs planche d'ores et déjà sur une suite. Mais trêve de tergiversations ! Qu'est ce que Drakensang et surtout le jeu peut-il se comparer à un Baldur's Gate en 3D ?
Autant le dire tout de go, avec un gameplay 2D calqué sur Baldur's Gate, Drakensang s'octroie un capital sympathie qui flatte notre nostalgie. On dirige ses troupes à la souris façon pointé cliqué. Adios les déplacements à la Oblivion et autres World of Warcraft avec les touches du clavier, ici on se dirige comme dans un RTS. D'ailleurs on sélectionne même tout ou partie de son groupe comme on choisirait des fichiers en maintenant le clic gauche enfoncé. La possibilité de faire pause à chaque instant pour donner des ordres précis à chaque personnage confère au titre un côté stratégique bienvenu. Notre groupe peut aller jusqu'à quatre personnages, plus un invité occasionnel (lors de certaines quêtes) et un familier. De quoi se sentir un peu moins seul, puisque le jeu ne permet pas le jeu en multijoueur. On rencontrera au fil de l'aventure une dizaine de personnages qu'il sera possible d'enrôler. Une fois que ces derniers ont rejoint vos forces, vous n'aurez qu'à vous rendre dans votre maison afin de former le groupe le plus adéquat pour les missions qui vous attendent. Histoire de ne pas obliger le joueur à prendre constamment les mêmes personnages, un système de partage des points d'expérience permet aux héros restés bien au chaud de prendre des niveaux comme les troupes au combat. Cependant, certaines quêtes annexes ne se déclencheront que si tel ou tel personnage est dans votre équipe au moment de la rencontre de certains PNJ. A l'instar d'une quête donnée par un cuistot qui ne s'activera que si le nain est présent. Alignement quand tu nous tiens...
Visuellement, le jeu n'a pas à rougir face à un Fable II sur Xbox 360. On est bien loin du Urban Assault sorti en 1998 et développé par le même studio. L'expérience acquise lors de sous-traitances effectuées depuis porte ses fruits. Les couleurs sont chatoyantes, les personnages propres et la végétation luxuriante nous plonge sans mal dans un univers médiéval chaleureux et accueillant au look germanique. L'architecture est soignée et c'est avec un réel plaisir que l'on arpente les chemins, que l'on bat la campagne à la recherche de la prochaine étape d'une quête en cours. On regrette que pour maintenir le joueur dans le scénario, la structure choisie est celle de zones, de niveaux, et non l'univers ouvert. Côté ficelles, le jeu peut en revanche se targuer de jouer la carte jeu de rôle papier à fond. Un journal que l'on peut afficher ou non garde une trace de tous les événements comme les dégâts infligés et encaissés, et autres jets de dés. Un point de détail qui ravira les puristes. Les fanas du temps réel quant à eux seront aux anges en découvrant une barre d'action façon MMO où l'on range ses compétences spéciales débloquées à chaque passage de niveau dans un arbre de compétences. Pour le reste, on est en terrain conquis. Inventaire, armures, armes et système économique, il y a de quoi faire. Il existe même des dizaines de recettes pour fabriquer ses propres armes à l'aide de la compétence de forgeron.
Prévu pour occuper un joueur pendant quarante à soixante heures, Drakensang marche sur les traces de Baldur's Gate et dispose de sérieux atouts pour séduire les amateurs de jeux de rôle à l'ancienne. Curieux de voir ce que cela donne ? N'hésitez-pas à jeter un coup d'œil en téléchargeant la démo jouable. Grace à cette version d'essai, on se fait une idée assez juste de ce que donne le jeu final.