Après nous avoir fait bâiller aux corneilles avec un Turning Point : Fall of Liberty qui avait rapidement atteint son point de non retour, Spark récidive dans le genre FPS en troquant ses nazis venus d'un autre temps contre des griffons et autres minotaures. Idée originale s'il en est mais est-ce suffisant pour faire de ce titre un modèle du genre ?
Dans la vie, il y en a qui n'ont décidément pas de chance. Charles Deckard est clairement de ceux-là. Benêt comme pas deux, ce voleur professionnel n'a rien trouvé de mieux que d'ouvrir la Boîte de Pandore fraîchement arrivée dans un musée de New York. Résultat des courses : un chaos sans précédent, des griffons, même pas tatoués, débarquant en ville et l'obligation de sauver le monde. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, vous allez devoir également vous coltiner les soldats de l'Ordre de Pandore, tout ça à cause du Conseil des 98, organisation secrète en charge depuis la nuit des temps de la fameuse boîte mais qui a tout simplement oublié où ils l'avaient rangée. Bref, une grande aventure débute, enfin, "grande", c'est vite dit vu que vous n'aurez à parcourir que 8 chapitres avant de voir la blonde de service vous tomber dans les bras.
Le plus embêtant dans l'histoire, c'est que Legendary démontre à quel point Spark n'a pas tenu compte des critiques émises à l'encontre de leur précédent jeu. Ainsi, en partant d'une idée intéressante, les développeurs se sont eux-mêmes sabordés en accumulant les mêmes erreurs que celles présentes dans Turning Point. De fait, le jeu est extrêmement dirigiste et linéaire, les checkpoints souvent trop espacés et les temps de chargements incroyablement longs. Ce n'est pas le premier First Person Shooter qui a ce genre de soucis mais dans le cas présent, on déplore malgré tout une montée en puissance toute relative. En somme, malgré quelques séquences cinématiques renvoyant à Cloverfield ou des gunfights parfois réjouissants, on erre dans le titre comme une âme en peine. Dommage surtout que pour affronter nos premiers minotaures ou griffons, on devra attendre le cinquième chapitre. Avant cela, on devra passer par d'innombrables tunnels/égouts tout en se coltinant un bestiaire réduit à sa plus simple expression auxquels viendront se greffer des soldats à l'IA plus que discutable. C'est regrettable car il s'agit ici d'une association hasardeuse entre un level-design peu inspiré et des rencontres se ressemblant toutes. Pourtant, on notera tout de même que vous devrez la plupart du temps trouver la faille de vos adversaires avant de les éliminer.
Et c'est là que l'Animus Vitae rentre en scène. Kezako ? Eh bien il s'agit de l'énergie des monstres que vous pourrez récupérer une fois que vous l'aurez occis. Tout ceci sera possible grâce au bras de Deckard récemment tatoué suite à l'exposition avec la Boîte de Pandore. Ainsi une fois engrangé suffisamment d'Animus, vous pourrez l'utiliser de trois façons différentes. La première vous permettra de remplir votre jauge de santé, la seconde servira à repousser des éléments ou les ennemis les plus faibles, la troisième, elle, servant carrément à bloquer temporairement un monstre histoire de le dégommer proprement. Et cette possibilité ne sera pas à négliger vu que vous aurez souvent à mettre à profit un point sensible de l'anatomie des monstres... Voilà, maintenant que vous venez de pouffer en pensant à une blague bien salace, nous pouvons poursuivre. Ainsi, vous aurez à exploser la tête des loups-garous pour vous en débarrasser ou bien à tirer dans le dos du minotaure afin de l'éliminer plus facilement. Cependant, je vous conseillerais pour ma part d'opter pour des cocktails molotovs si vous voulez écourter la rencontre. Au passage, on signalera une forte influence de Gears of War lors de la première entrevue avec ledit minotaure, aussi bien dans la gestuelle du monstre renvoyant à celle du Berserker que dans le lieu de l'affrontement.
Nonobstant ce pouvoir finalement peu et mal utilisé, Legendary ne parvient pas à sortir des sentiers battus. On aura beau nous faire voyager de New York à la campagne anglaise, le déroulement de l'histoire ne change pas d'un iota, toujours engoncé entre une progression dirigiste et des actions à effectuer défiant toute notion de plaisir ludique. En effet, comment peut-on laisser passer l'épreuve (c'est bien le mot) consistant à appuyer pendant 6 ou 7 secondes sur une touche afin de connecter deux fils pour ouvrir une porte ? On croit rêver la première fois, cauchemarder la cinquième et errer dans une autre dimension lorsqu'on vient à réaliser ce geste pour la quinzième fois ! Toutefois, si vous faites partie de ces warriors que rien n'arrête, retenez bien qu'il ne vous faudra pas plus de 8 heures pour boucler la campagne solo à moins de vouloir trouver tous les mémos dissimulés dans les niveaux. Léger, très très léger surtout que le multijoueur est limité au possible. Mais admettons que vous soyez un warrior, un vrai, de ceux qui peuvent réciter par coeur chaque réplique de Delta Force, il vous faudra encore trouver d'autres bérets verts avec qui vous amuser. Sachant que les serveurs sont vides de chez vide, vous comprendrez vite qu'il y a comme un "hic". Hic, voilà bel et bien un mot qui pourrait illustrer ce Legendary qui n'a pas grand-chose de mythique.
- Graphismes11/20
Plus joli que Turning Point, Legendary alterne constamment quelques très beaux environnements destructibles et d'autres franchement loupés. Malgré une aventure se déroulant à New York et dans la campagne anglaise, on retrouve une belle succession de tunnels et d'intérieurs assez moyens. Le bestiaire accumule les mêmes défauts et si les Minotaures et les Griffons ont une certaine prestance, les Naris et autres tiques font plutôt pouffer.
- Jouabilité11/20
La maniabilité en elle-même est bonne, du moins la visée qui reste précise. Maintenant, le fait de devoir constamment laisser appuyé un bouton pour charger l'Animus devient lassant. Que dire également des ouvertures de portes réclamant dans les 3/4 des cas une connexion de fils des plus énervantes. Enfin, entre des checkpoints parfois trop espacés et des temps de chargement mortellement longs lorsqu'on doit se taper un loading desdits check points, on en vient à visualiser les têtes des développeurs sur une cible de fléchettes.
- Durée de vie8/20
Le multi. pour 8 joueurs étant des plus succincts et inintéressants, il ne reste que le mode solo et ses 8 chapitres. Le problème est que tout le toutim se boucle en 7, 8 heures environ.
- Bande son11/20
Le doublage français est à la ramasse mais les musiques post-rock passent bien. Dommage qu'elles ne soient pas plus nombreuses ou toutes plus ou moins dérivées du thème principal.
- Scénario8/20
Le scénario aurait pu donner lieu à une aventure originale mais à l'instar de Turning Point, les scénaristes et développeurs n'ont pas vraiment su mettre à profit le background original. En résulte un jeu linéaire, sans emphase se bornant à enchaîner poncifs et autres séquences narratives plates et caricaturales.
Legendary aurait pu sortir du lot si le background d'origine avait été correctement utilisé. Malheureusement il n'en est rien et hormis quelques affrontements sortant des sentiers battus, la progression dirigiste et la faible durée auront tôt fait de réduire le soft de Spark au rang de petit FPS assez quelconque.