Gravity est un puzzle-game basé sur les implacables lois de la physique. Car les grands principes de la mécanique des corps, théorisés par Isaac Newton dans sa loi du mouvement, ne sont pas qu'une ennuyeuse leçon pour lycéens. Ils peuvent aussi se révéler très ludiques, comme nous allons le découvrir sous la houlette du professeur Heinz Wolff.
Ce fameux professeur Heinz Wolff n'a rien à voir avec le ketchup. Il s'agit en fait d'un chercheur britannique bien connu outre-Manche, notamment pour ses émissions de télévision où il se fait le porte-étendard de la vulgarisation scientifique. Mais nous n'allons pas retracer sa biographie complète en ces lignes, d'autant que le manuel s'en charge déjà bien et que le monsieur ne tient finalement pas un grand rôle dans Gravity. Tout juste se contente-t-il de vous apprendre les rouages du titre sous la forme d'un petit personnage. Son patronyme sur la boîte sert donc plus de caution intellectuelle, et encore, on se demande bien pourquoi car Gravity n'est pas un jeu éducatif. Vous n'apprendrez rien en y jouant, vous vous amuserez, tout simplement. Du coup, le jeu aurait bien pu arborer le nom des frères Bogdanoff, ça n'aurait pas changé grand-chose...
Voyons concrètement comment se présente un puzzle de Gravity. D'un côté du niveau, il y a une ouverture par laquelle arrive une boule (ou parfois une sorte de wagonnet). De l'autre, un interrupteur à enclencher pour passer au challenge suivant. Au milieu, on trouve divers éléments fixes : plates-formes, rampes, obstacles en tous genres... Enfin, il y a les objets mobiles, qu'il vous incombe évidemment de placer correctement pour atteindre l'objectif, à savoir le fameux bouton susmentionné. Gravity est de ces jeux qui reposent uniquement sur la réflexion, pas sur l'action. Autrement dit, une fois que vous avez positionné les éléments d'une manière qui vous semble satisfaisante, il ne vous reste plus qu'à appuyer sur lecture pour admirer le déroulement des événements, sans avoir aucune prise dessus. Les objets à disposition sont peu variés, il s'agit essentiellement de barres de différentes longueurs, de cubes et de billes. Bref, ne vous attendez pas à un successeur de The Incredible Machine comprenant tout un tas de mécanismes hétéroclites à mettre en branle. Pourtant, cette apparente simplicité cache en fait des énigmes parfois redoutables. Par moments, il suffit de trouver comment amener la boule jusqu'à l'interrupteur, tandis que dans d'autres niveaux il faudra passer par des voies détournées, en construisant une catapulte par exemple.
Ce concept simple se révèle assez plaisant à jouer, d'autant que le titre profite globalement d'une jouabilité correcte. Il y a évidemment une fonction pour annuler l'action précédente. Les rotations s'effectuent soit finement avec la croix directionnelle, ou bien par quarts de tour grâce aux touches L et R. En revanche, on déplore l'absence d'une possibilité de réinitialiser l'intégralité d'un puzzle, pourtant au programme sur PC. Ce n'est d'ailleurs pas la seule différence entre les deux versions. La mouture DS manque en particulier d'un éditeur de niveaux, dommageable pour l'intérêt à long terme. Cette version DS compte également un plus faible nombre de bacs à sable (niveaux où le seul but est de s'amuser avec la physique), et un mini-jeu de moins dans le mode Groupe. Cet ersatz de multijoueur permet d'affronter des amis à tour de rôle, chacun essayant d'inscrire son nom dans le tableau des meilleurs scores. Il s'agit par exemple d'avoir la tour la plus haute à l'issue d'un tremblement de terre. Un autre jeu consiste à lancer des boules sur des blocs de même couleur. Un ajout sympathique, mais qui une fois de plus ne bénéficie pas d'une maniabilité aussi bonne que sur PC, puisqu'on ne voit pas la jauge de puissance. Encore un choix étrange qui nous fait donc préférer Gravity sur ordinateur.
- Graphismes14/20
Gravity prouve qu'un puzzle-game n'est pas forcément synonyme d'austérité grâce à des arrière-plans souvent très jolis. Une chambre d'enfant, un monument antique, un environnement industriel ou un paysage torturé... Les décors sont variés. Dommage que les éléments amovibles ne soient pas aussi inspirés, leur design est très générique.
- Jouabilité12/20
Le concept est enfantin, la prise en main également même si on note quelques points énervants. Ainsi, il est parfois difficile de re-sélectionner un objet déjà positionné pour le déplacer, il est parfois plus simple de le supprimer. L'absence de réinitialisation globale et de jauge de puissance nuit aussi à la jouabilité, alors que ces éléments étaient pourtant présents sur PC.
- Durée de vie11/20
Comme la version PC, Gravity DS contient 100 niveaux dans le mode de jeu principal, ce qui est déjà pas mal. En revanche, cette mouture portable a été amputée de quelques éléments annexes alors qu'elle vaut 10 euros de plus ! On compte en effet un mini-jeu en moins, ainsi qu'un nombre plus réduit de bacs à sable. Mais c'est surtout l'absence d'éditeur qui est préjudiciable, et difficilement compréhensible puisque d'autres titres du genre le proposent, comme Mechanic Master par exemple.
- Bande son12/20
Les quelques thèmes musicaux oscillent entre bon et passable. Le problème vient comme souvent de leur redondance, un peu plus de variété n'aurait pas été du luxe.
- Scénario/
Gravity est un puzzle-game correct mais qui fait preuve de certaines lacunes, notamment en ce qui concerne l'éditeur de niveaux. On lui préférera donc plutôt la version PC, ou Mechanic Master sur DS, qui en sont tous deux pourvus pour un tarif plus raisonnable. Reste que si vous aimez résoudre des casse-tête dans les transports en commun, Gravity devrait vous occuper pendant quelques centaines de kilomètres.