L'hiver sera froid, voire glacé sur PS3, avec ce Shaun White Snowboarding. Développé en étroite collaboration avec celui qui a la double casquette de snowboarder et de skateur, le jeu d'Ubisoft arrive quelques années après Amped 3 et un peu avant Stoked, les deux autres titres du genre sur la machine de Microsoft.
Shaun White Snowboarding est un titre que l'on pourrait considérer à mi-chemin entre arcade et simulation. Arcade parce qu'il met l'accent sur le fun via un gameplay qui sait assister le joueur quand il le faut et simulation parce qu'il nécessite de longues heures de pratique avant d'être ne serait-ce qu'un peu maîtrisé. Tantôt accessible, tantôt élitiste, il n'en reste pas moins un jeu développé uniquement pour les initiés au snow, ceux-là même qui comprennent sans difficulté le jargon de ce sport extrême. Flat, Jib, Carving, Grabs, Spin, Shifty, Bone, Pump, Tweak, Butter, j'en passe et des meilleurs, autant de termes qu'il est nécessaire de connaître très précisément avant de se lancer dans Shaun White, faute de quoi l'aventure se transformera en déchiffrage de hiéroglyphes. En résumé, si vous pensiez trouver en Shaun White un titre idéal pour entamer une histoire d'amour avec le snowboard, c'est manqué.
Avant de filer impressionner tous les touristes qui trustent chaque centimètre carré de poudreuse, il vous faut équiper votre avatar. Planche, fixations, veste, pantalon, boots, gants, bonnet, lunettes, sac à dos... De quoi avoir le style ! Mais tout ceci n'est pas gracieusement offert par la maison. Les équipements coûtent cher, surtout lorsqu'il s'agit d'investir dans une planche de meilleure qualité. Chaque modèle possède des caractéristiques qui lui sont propres, liés à la vitesse, aux sauts, aux virages, aux spins, aux replaquages et à l'équilibre. Autrement dit, le joueur doit dépenser ses deniers utilement, avant d'aller garnir son porte-feuille plus tard dans le jeu. Sachez également que vous n'êtes pas seul et qu'avant d'écouter les conseils de tonton Shaun, vous allez rencontrer tout un tas de riders, venus se la donner à vos côtés. De quoi donner de la vie à la progression, dénuée de tout mode multijoueur sur une même machine. Si vous souhaitez vous mesurer à d'autres humains, il faut posséder une connexion internet où les parties peuvent accueillir jusqu'à 16 utilisateurs simultanément. L'autre solution est de profiter de l'option liaison multiconsole, nécessitant évidemment autant de jeux et de machines que de joueurs.
Shaun White est grossièrement au snow ce qu'est Zizou au foot. Et dans sa grande bonté, le dieu de la poudreuse vous suit pas à pas, distillant conseil après conseil, histoire de faire de vous un maître des pentes enneigées. Des pentes, vous en trouverez trois principales. Une en Europe, une autre au Japon et une dernière en Alaska, chacune d'entre elles présentant des profils bien distincts. Une quatrième vient s'ajouter à la liste, Park City, qui est un mélange de tous les types de terrains rencontrés çà et là. Enfin, les joueurs qui possèdent l'édition limitée jouiront de la présence d'une carte exclusive, nommée Target, composée d'épreuves uniques. Des épreuves, vous en trouvez un peu partout sur chaque montagne et devez explorer librement les environnements pour aller vous-même à la rencontre de défis, muni d'un radar pour vous orienter rapidement. C'est l'une des particularités de SWS, vous dévalez les pistes librement avant de les remonter à l'aide d'un remonte-pente ou mieux d'un hélicoptère qui vous est spécialement affrété. L'avantage du premier est de vous permettre de descendre où bon vous semble alors que le second est le moyen le plus rapide de regagner le sommet d'un col. Notez également qu'il est possible de déchausser ses boots et son snow pour ensuite se déplacer à pied et atteindre certaines zones de prime abord inaccessibles.
Le gameplay du jeu développé par les équipes d'Ubi Montreal est dans un premier temps particulièrement déroutant. Difficile en effet pour un néophyte du genre de faire corps avec une jouabilité qui nécessite d'être le plus précis du monde. La prise en mains est donc loin d'être immédiate, gâchée par des sticks analogiques trop sensibles. A peine caressé, le gauche, servant aux déplacements, modifie complètement la trajectoire du snowboarder. Un certain timing est donc de rigueur afin de conserver une bonne trajectoire, nécessaire à la préparation d'un saut ou d'un grinde. Lesquels sont alors semi-assistés, l'essentiel étant de parvenir à conserver un bon équilibre, représenté par une jauge de couleur lorsque le rider est sur un rail. Les sauts, pour passer d'une portion de montagne à l'autre, afin d'éviter une crevasse, sont eux aussi, par moments très délicats. Le joueur doit charger le saut pour le déclencher au dernier moment, faute de quoi son élan sera insuffisant pour franchir l'obstacle. Si l'on ajoute à cela quelques problèmes de latence au niveau de la caméra ou différents bugs de collisions (le rider traverse les remonte-pentes, passe à travers le sol, reste coincé entre deux congères sans pouvoir réinitialiser sa position...), tout est loin d'être parfait en terme de gameplay.
Tout n'est cependant pas du même acabit, Shaun White Snowboarding offre sans doute le gameplay le plus complet que l'on puisse trouver dans une simulation de sport extrême actuellement. La liste des tricks est plutôt conséquente, en flat, en l'air ou sur rail, d'autant que le joueur peut obtenir des bonus de style en ridant. On trouve toujours de quoi faire, en freeride comme pendant une épreuve. Parmi les défis et compétitions, étalés sur quatre niveaux de difficulté, se trouvent une mine d'objectifs qui vous font travailler le fond comme la forme. Il pourra vous être demandé de passer votre meilleur trick, lancé depuis le kicker, de prendre les rails et les caisses pour marquer le maximum de points, d'enchaîner des tricks aériens dans le pipe, de franchir toutes les portes jusqu'à la ligne d'arrivée, de récupérer des cibles, de passer entre des fanions ou tout simplement d'atteindre la bas de la piste le plus vite possible en boardercross. Evidemment, comme dans tout système de tricks, un multiplicateur permet de faire des combos et d'atteindre des scores impressionnants. Tout ça dans l'unique but de débloquer la compétition ultime, histoire de rejoindre Shaun White au rang d'icône du snowboard. Et comme pour nous confirmer que ce titre est tout aussi proche du jeu d'arcade que de la simulation, vous acquerrez de super pouvoirs censés vous rendre la tâche un poil plus facile.
Techniquement, la bête en impose, notamment par une profondeur de champ bluffante et une animation globale maîtrisée. Suffisamment en tout cas pour que l'on passe de longues minutes dans l'éditeur de ralentis, très complet et peu avare en effet, qui permet ensuite de proposer ses créations en ligne. Le jeu en ligne, parlons-en puisqu'il propose trois types de défis exclusifs. Le Roi de la Colline tout d'abord, où l'objectif est de faire monter votre respect en un minimum de temps. De quoi rapidement identifier les pros de la glisse des joueurs lambda. La Rat Race ensuite, dans laquelle il est question d'emprunter votre propre itinéraire pour venir à bout de vos adversaires. Enfin, un système de paris en ligne est au rendez-vous, idéal pour se faire de la maille mais aussi pour se ruiner en un clin d'oeil. Face à votre concurrent, vous pariez que vous pouvez enchaîner davantage de tricks en un laps de temps restreint. Le vainqueur empoche la mise, l'autre rentre la queue entre les jambes. Retenez donc que le multijoueur Online comble le vide laissé par l'absence de multi sur une même machine. Il est suffisamment complet pour booster une durée de vie déjà très intéressante.
- Graphismes16/20
SWS en impose par l'immensité des montagnes, la profondeur de champ et le réalisme global issu des couleurs et de la bonne animation. Quelques bugs de collisions peuvent faire tâche mais ce n'est a rien à côté de l'impression de dompter de véritables monts, le profil de ces derniers étant remarquablement modélisé.
- Jouabilité14/20
Qu'on se le dise, sous ses faux-airs de SSX, SWS est destiné à un public averti et suffisamment patient pour passer outre un gameplay très capricieux. Sans être une simulation, sans être arcade non plus, il brille par alternance. Tout en étant complet, il souffre d'une prise en main bancale qui rebutera un certain nombre de joueurs, mais pas les acharnés.
- Durée de vie15/20
Si le solo peut avoir un côté redondant à descendre et monter des pentes enneigées, le multijoueur en ligne apporte une vraie profondeur au jeu. On appréciera également les petits bonus que sont la personnalisation du rider ou l'éditeur de replays.
- Bande son14/20
De Bob Dylan à Audioslave en passant par Faithless, la tracklist de Shaun White est assez éclectique et se fond finalement parfaitement dans le décor. Les doublages sont quant à eux de qualité, bien qu'agaçants par moments.
- Scénario/
Nanti du moteur graphique d'Assassin's Creed, Shaun White Snowboarding est une réussite visuelle. Il assure également au niveau du contenu mais pourra poser problème à certains joueurs de par sa prise en mains délicate. Cependant, à mi-chemin entre arcade et simulation, il possède les qualités requises pour plaire aux fanatiques d'un sport extrême dont les représentants se font très rares.