Difficile à la vue des premières vidéos de Wario Land : The Shake Dimension, il y a quelques mois, de ne pas ressentir de violents frissons à l'idée de l'arrivée prochaine d'un jeu de plates-formes fortement inspiré de l'ère 16 bits livré avec des graphismes haute définition. Autant dire que ce Wario Land avait de quoi se faire attendre de quelques vieux briscards. Evidemment, c'est par son design qu'il frappe en premier lieu. Loin de la 3D qui a définitivement envahi les salons, on renoue ici avec un scrolling horizontal appliqué à des décors et des sprites en 2D à l'ancienne, dessinés et animés à la main. Un véritable régal pour les rétines qui s'accompagne de quelques thèmes musicaux entraînants. L'ensemble faisant suite à une introduction façon dessin animé dévoilant l'intrigue du jeu qui enverra Wario dans la dimension Shake à la poursuite d'un nouveau trésor.

C'est armé de sa Wiimote tenue en position horizontale que l'on s'aventure dans la dimension Shake. On saute avec le bouton 2 et on effectue un dash dévastateur avec le bouton 1. Bien sûr, Wiimote oblige, d'autres actions attendront de vous que vous agitiez les pattes comme pour réussir votre meilleur cocktail au shaker. En secouant la commande, vous pourrez ainsi extirper les pièces des sacs ou tourner autour d'une barre pour vous projeter en l'air, par ailleurs, il est possible de saisir un objet ou un ennemi puis d'incliner la Wiimote afin de choisir un angle de tir avant de balancer la chose vers un interrupteur, par exemple. Enfin, en agitant la télécommande sans interaction spécifique, dans le vide en somme, Wario frappera le sol pour provoquer un tremblement de terre à même de faire tomber certains objets ou d'en soulever d'autres. Et pour conclure, sachez que si vous passerez le plus clair de votre temps les pieds au sol, il arrivera que vous ayez à utiliser un mono-cycle que vous déplacerez en inclinant le pad vers l'avant ou l'arrière ou encore que vous filiez sous l'eau à bord d'un sous-marin. Des séquences aquatiques assez pénibles soit dit en passant, se déroulant à la façon d'un shoot'em up mais au cours desquelles vous devrez contrôler le sous-marin en inclinant la Wiimote, ce qui est finalement très peu intuitif.

En avant donc pour la traversée des 5 mondes du jeu, composé chacun de 4 niveaux et un boss. A chaque monde correspond un thème et un design, comme dit plus haut, toujours de haute volée. La traversée d'un niveau se déroulera toujours en deux temps. D'abord de gauche à droite, tranquillement, en utilisant le chemin le plus évident, sans jamais vraiment rencontrer de difficultés. De fait, mourir dans Wario Land est particulièrement rare. On déambule donc en collectant un maximum de pièces qui nous serviront à débloquer les mondes suivants, pour finalement débouler sur la fin du niveau et la libération d'un prisonnier du roi Shake. Arrive le second temps : le retour à la case départ en temps limité, à l'image de ce qui se faisait dans Wario Land 4. Certains passages vont alors automatiquement se dégager mais ce sera également à vous d'en dénicher de nouveaux. Pour ce faire, on peut compter sur les boosters, des canons qui permettent à Wario de se lancer dans un sprint qui ne cesse que si vous rencontrez un obstacle, si petit soit-il. Propulsé comme un boulet de canon, le personnage peut alors dégommer des parois et accéder de la sorte à des trésors cachés avant de rejoindre le début du stage. Il ne vous reste qu'à faire la même chose jusqu'à la fin du jeu, que vous atteindrez en à peu près 7 heures. Ouch, c'est là que les choses commencent à mal tourner.

Si vous n'êtes pas du genre acharné qui aime faire et refaire un niveau pour dénicher le dernier bout de machin, mieux vaudra éviter Wario Land : The Shake Dimension, sans quoi vous engloutirez tout de même 50€ dans un jeu que vous terminerez en une après-midi et sans que vous ayez réellement eu le sentiment de faire face à un challenge quelconque. En effet, on ne fait pas de chute mortelle, les ennemis sont loin d'être dangereux, les plates-formes tellement énormes qu'on voit mal comment on pourrait les rater et la progression est claire et évidente. En revanche, le jeu a une face cachée. Bien courts en apparence, les niveaux regorgent de coins et de recoins qu'il vous revient de dénicher et lors de la phase retour, une bonne connaissance des lieux révélera des passages insoupçonnés menant aux derniers trésors de chaque level. Outre un certain esprit aventureux, il vous faudra également une dose de réflexes pour ne pas louper vos manoeuvres. Sauter au bon moment, faire demi-tour pour envoyer Wario sur une paroi qui se retrouve derrière lui, enchaîner sauts et demi-tours pour progresser à la verticale sur une succession de plates-formes etc. De plus, chaque niveau dispose d'une petite suite de défis du genre terminer le niveau sans perdre de vie, collecter tel nombre de pièces, tuer l'ennemi doré et j'en passe. Du coup, vous pouvez tout à fait terminer le jeu avec un taux de complétion de moins 30%. C'est alors à vous de voir si la course au 100% est votre tasse de thé. Si c'est le cas, l'intérêt du jeu se redresse et surtout sa durée de vie peut facilement doubler.

Véritablement doté d'un double sens de lecture, Wario Land : The Shake Dimension devient un jeu casse-gueule à juger. Il faut se pencher sur son cas pour trouver le vrai challenge et l'intérêt réel du jeu dans la quête des trésors cachés ou dans la prise de risque (pas très relevée) lors des sprints de retour. On se demande alors pourquoi avoir relégué le coeur du jeu aux objectifs secondaires au risque de laisser un paquet de joueurs perplexes face à la couche superficielle du titre, jolie mais pas bien profonde. Malheureusement, il lui manque toujours une pointe de piment supplémentaire et personne n'aurait craché sur une difficulté plus élevée, même dans l'accomplissement des missions annexes qui manquent elles aussi de piquant.