La vague actuelle de jeux off-road s'est payé un représentant de luxe. Pure n'a pas résisté à la déferlante et s'est petit à petit imposé comme l'attraction du genre, le titre dont on attend beaucoup à tous les étages. Paré pour jouer les rôles du tord-boyaux par excellence, Pure n'a plus qu'à valider sa réputation par une prestation à la hauteur de nos espérances.
Pure, c'est un concept on ne peut plus basique. Ici, pas de bitume, pas de véhicule de grand tourisme, tout juste l'ombre de quelques pèlerins à peine intéressés par cette dizaine de pilotes au style aérien. Le mot est faible. Les quads que conduisent ces acrobates sont aussi à l'aise à une petite dizaine de mètres du sol qu'au contact de celui-ci. Vous l'aurez compris, Pure, c'est de l'arcade à souhait, une balade mécanique dans un milieu naturel quelque peu arrangé pour profiter aux pirouettes de ces cascadeurs. Les développeurs ont ainsi mis l'accent sur les sensations avant tout le reste, l'objectif étant clairement de faire planer les joueurs et de proposer de brèves courses, très rythmées et faisant la part belle à des figures toutes plus stylées les unes que les autres. Calibré pour être le moins prise de tête possible, Pure fait partie de ces jeux accessibles à tous les types d'utilisateurs, qu'ils aient déjà touché un jeu de courses ou non, qu'ils soient coutumiers des tricks de SSX ou pas du tout. C'est l'un des points forts du titre concocté par les équipes de Blackrock, déjà à l'origine de quelques ATV et MotoGP.
Le gameplay de Pure réussit là où d'autres se sont cassés les dents. Concrètement, il parvient à rendre utile et commode la réalisation de figures aériennes. Souvent rendus superflus dans d'autres titres, la faute à un faible impact dans la course, ces "tricks" se fondent parfaitement bien dans le gameplay de Pure. Là encore, c'est la simplicité des contrôles et la tolérance à l'erreur qui permettent au joueur de maîtriser rapidement les subtilités du jeu. Il n'a pour ainsi dire jamais l'impression de trop en faire ou de frimer en enchaînant des figures. Toute performance aérienne est susceptible d'aider le pilote à gagner sa course. En effet, pour aller vite, le joueur doit accumuler du boost. Un boost qui se gagne en réussissant des figures, rien d'étonnant. Ce qui est moins commun, c'est que ce même boost permet à son tour de mieux amorcer ses sauts à l'approche des tremplins. S'installe alors toute une stratégie de course où le joueur doit veiller à ne pas gaspiller ses munitions. Un boost utilisé à mauvais escient lui fera systématiquement perdre quelques places au milieu d'un peloton composé de 16 furieux au total. Si l'IA fait preuve d'un pacifisme et d'un fair-play à toute épreuve, elle n'en reste pas moins rapide. Suffisamment en tout cas pour que l'on rage à chaque réception ratée.
Tout ou presque se joue dans les airs. Avant chaque tremplin, naturel ou non, l'utilisateur doit commencer par précharger son saut en inclinant le stick analogique gauche vers le bas puis vers le haut, comme pour jouer du poids du pilote dans le comportement du quad. Ainsi, il planera plus longtemps et pourra effectuer une ou plusieurs figures de la difficulté de son choix. Car l'autre point fort de Pure, c'est de laisser le choix au joueur de tenter des figures plus ou moins compliquées, en fonction du boost qu'il a engrangé. Par défaut, et quelque que soit son boost, il lui est possible d'opter pour des figures dites de base, donc simples et rapides à réaliser. Puis, au fur et à mesure qu'il gonfle sa barre de boost (appelée de "sensations fortes"), se débloquent d'autres types de figures, de plus en plus complexes et délicates à effectuer. Il s'agit dans l'ordre des figures intermédiaires, expertes et spéciales. Chaque type de figure est associé à un bouton et peut être personnalisée en dirigeant le stick analogique gauche dans l'une des huit directions. Une fois de plus, c'est un jeu d'enfant que de s'improviser maître des airs dans Pure dans la mesure où des informations visuelles et sonores vous accompagnent à chaque course afin de vous rappeler la marche à suivre pour réussir des figures. Le tout sans être trop intrusif ni nuisible à la lisibilité de l'action. Bien vu. L'immersion aurait pu atteindre son paroxysme si les développeurs avaient eu la bonne idée de ne pas se limiter à une unique caméra. Une vue bulle ou sur le capot n'aurait pas été du luxe.
Réussir une figure, c'est donc apprécier la hauteur du saut et donc, le temps dont vous allez disposer pour épater la galerie. Une estimation erronée de ce laps de temps conduira à une réception manquée et donc à une figure totalement loupée et à un joli gadin. Une chute à la fois pénalisante et vite digérée puisqu'il ne faut guère de temps au pilote pour chevaucher sa monture et repartir de plus belle. A ce sujet, on pourra cependant pester contre l'absence d'une touche permettant de réinitialiser sa position sur la piste lorsqu'il nous arrive de buter contre un rocher ou de se coincer bêtement dans un coin du tracé. Il faut donc attendre d'être automatiquement recentré. Parfois, cela arrive vite, parfois non. Quoi qu'il en soit, plus on gagne de courses, plus on accède à des circuits hébergeant des tremplins monumentaux. C'est là qu'il devient possible de combiner les figures pour enchaîner des combos ou tenter le diable, à savoir les figures spéciales. Cette dernière est propre à chaque pilote et varie en fonction que vous incarnez Todd, Rosa, Suzi, Clayton, Takeshi ou Jay, les six cascadeurs de Pure. Par exemple, Jay grimpe des deux pieds sur sa selle avant d'y reposer ses fesses. Vous devinez qu'une telle folie nécessite beaucoup de préparation et qu'il est impossible de la réussir à chaque saut. Bien souvent, il n'existe d'ailleurs qu'un unique tremplin par tracé susceptible de vous permettre cela, quel que soit le chemin pour lequel on opte. Pure n'est en effet pas linéaire et propose de nombreuses bifurcations. Cela dit, difficile d'affirmer lesquelles sont de véritables raccourcis.
Si l'approche que l'on peut avoir des courses est sensiblement identique en fonction des différents types, il est bon de noter que l'on compte trois modèles d'épreuves. Les courses classiques où il faut savoir alterner entre style et rapidité. Les courses de sprint qui se déroulent sur des tracés plus courts et moins accidentés et où le pilotage au sol est le seul moyen de s'imposer. Enfin, les courses freestyle, non chronométrées, dans lesquelles le joueur dispose d'une petite quantité de carburant. Avant d'être à sec, il lui faut réaliser le maximum de figures pour voir décoller son compteur points. Au fil des tours, il peut ramasser de nombreux items afin de faire grimper son score, via des multiplicateurs par exemple. Des réserves de carburant peuvent également être récupérées pour gagner quelques précieuses secondes de cascades. Ce dernier type d'épreuve ne fait donc appel qu'à la source de Pure, le pilotage aérien. Mais vos talents ne sont pas les seuls responsables d'une bonne prestation. Votre quad l'est aussi. Et pour mettre toutes les chances de son côté, le joueur peut modifier chaque partie de sa monture. C'est d'ailleurs lui qui la crée, pièce par pièce. La liste est d'ailleurs impressionnante : châssis, bras oscillant, bras triangulaires, amortisseurs, roues, pneus, moteur, guidon, kit de chaîne, freins, suralimentation, carrosserie, déflecteur, gardes-boue, écopes radiateur, selle, barre de protection, pare-chocs, protège-châssis, protège-mains et poignées... Tout est modifiable, couleurs et sponsors compris. Au final, votre quad sera forcément unique.
Pure n'est cependant pas exempt de tout reproche. Il commet notamment une erreur impardonnable aujourd'hui, celle de faire l'impasse sur un mode multijoueur offline. Le joueur ne possédant pas de connexion internet devra donc se contenter d'un usage uniquement solo. Navrant pour un jeu de courses. Les autres pourront en revanche s'adonner aux joies des courses multi contre 15 autres connectés. Le jeu en ligne comprend d'ailleurs un mode supplémentaire, le Freeride qui, comme son nom l'indique, permet de se balader sur un circuit, sans pression de temps ou d'objectifs à atteindre. La durée de vie offline ne déçoit pas qu'au niveau du multi. Le solo n'est pas mieux loti. En dehors du mode World Tour, c'est le néant complet ou presque. Les autres modes de jeu sont anecdotiques et peinent à prolonger la longévité du titre qui ne dépasse pas 8 ou 10 heures. On fait donc très rapidement le tour des 50 courses des 10 "étapes" qui vous font voyager du sommet des montagnes enneigées italiennes aux gouffres béants du Nouveau-Mexique en passant par les cratères de volants en activité de Nouvelle-Zélande. Notons d'ailleurs que les environnements ont quelque chose de redondants et qu'on espérait davantage de variété, notamment dans les couleurs. Cela n'enlève rien au fait que la bête assure techniquement et qu'elle possède une véritable identité.
- Graphismes16/20
Si les textures des environnements n'ont rien d'exceptionnel, la profondeur de champ et les sensations procurées par les interminables sauts font leur petit effet. Pure est fluide, bien animé, ni trop vide, ni exagérément fouillé.
- Jouabilité17/20
Dans son genre, Pure est une référence. Difficile de lui trouver un concurrent crédible tant il allie finement sensations de vitesse et enchaînements de figures, un exercice pourtant plus délicat qu'il n'y paraît.
- Durée de vie11/20
Le gros point noir de Pure. Devant si peu de contenu, nombre de joueurs feront grise mine, notamment en pleurant l'absence irrémissible d'un multijoueur offline. En parallèle, si le solo offre une customisation du quad franchement fendart, il ne vous occupera pas plus que 8 ou 10 heures.
- Bande son15/20
Pour une fois, la tracklist sait se faire discrète mais efficace, s'appuyant sur une mine de titres rock de qualité. Le doublage du pilote manque quant à lui de spontanéité mais est heureusement utilisé avec parcimonie. L'ambiance est de toute façon bien assurée par les moteurs des quads, laissant ponctuellement le bruit du vide prendre le relai.
- Scénario/
A travers un concept basique, Pure va au bout là où d'autres n'ont pas su faire preuve d'autant de finesse et de subtilité. Jonglant habilement entre des sensations contraires, il s'impose comme l'un des jeux arcade les plus sympas à jouer du moment, que l'on soit coutumier du genre ou non. Il est juste dommage que le multijoueur boude la partie offline pour se concentrer uniquement sur les courses en ligne et que le solo soit aussi bref. Mais Pure est tellement prenant !