L'histoire débute alors que Dark Vador se rend sur la planète Kashyyyk. Un moyen comme un autre d'offrir au fan l'immense privilège d'incarner le seigneur Sith durant un court prologue. Ce sera donc au terme de celui-ci que vous incarnerez celui dont on ne doit pas prononcer pas le nom... Puisqu'il n'en a pas exception faite de son nom de code, Starkiller (hommage quand tu nous tiens). Lui, c'est vous, l'apprenti secret de Lord Vador. Et il aura pour mission d'éliminer manu militari les derniers chevaliers Jedi pouvant causer du tort à l'Empereur. Il n'en faut pas plus pour justifier l'action non stop qui vous fera voyager à travers toute la galaxie. Située entre les épisodes III et IV, l'histoire du Pouvoir de la Force attise la curiosité avant que celle-ci ne se mue en perplexité. En effet, outre le traitement adouci de l'ensemble (ici un sabre laser ne coupe pas en deux, tout au plus il transperce), on sera aussi bien surpris par le manque de charisme du personnage que par l'étendue disproportionnée de ses pouvoirs. Certes, cela sert le jeu à travers quelques combats d'anthologie mais plus le plaisir ludique augmente plus le scénario se fragilise.

En somme, le synopsis a simplement le mérite d'amener la création de la Rebellion tout en récitant, tel un bon élève, quelques-uns des dialogues ou scènes cultes de la série. D'ailleurs, l'équipage du Rogue Shadow (notre vaisseau) composé du droïde Proxy et de la belle Juon renvoie inévitablement au trio du Faucon Millenium : Han Solo, Chewbacca et Leia. On appréciera, ou non, même si on ne peut nier que quelques événements, dont un combat surprise avec le thème original de John Williams à l'appui, feront naître un grand sourire sur votre visage. Mais si l'aspect scénaristique est bien évidemment important pour un titre estampillé Star Wars, le contenu et la jouabilité le sont tout autant. Sur ce point, malheureusement, en dépit d'un mode Duel et de contrôles exclusifs à cette version Wii, la frustration l'emporte souvent sur le plaisir.

En tant que beat'em all, le principe du Pouvoir de la Force est simple comme bonjour : avancer, combattre, avancer, combattre, etc. A partir de ce postulat de départ, les développeurs ont tout de même réussi à inclure des passages épiques parfois jouissifs même si d'autres restent poussifs. Nous pensons par exemple aux combats à un contre cinquante qui peuvent s'éterniser inutilement. Néanmoins, et aussi étrange que cela puisse paraître, rien ne vous empêchera de filer en ligne droite sans vraiment combattre et ce jusqu'au boss clôturant généralement un chapitre. Pour une fois que nous ne sommes pas obligés d'éliminer tous les ennemis avant de progresser dans l'aventure, on ne va pas s'en plaindre. Bien sûr, cette façon de faire ne servira pas à grand-chose d'autant qu'en éliminant des ennemis, on récupère des points d'expérience et des cristaux vous permettant d'améliorer vos compétences ou votre sabre.

Wii oblige, le Pouvoir de la Force met à profit la détection de mouvements pour renforcer notre immersion. Ainsi, on projette la Force à l'aide du Nunchuk et on découpe ses adversaires au sabre laser avec la Wiimote. Les coups de base sortent plutôt bien et on ressent un vrai frisson en écartant ses adversaires d'un revers de main comme un vrai Jedi (ou Sith). Malheureusement, les gestes contextuels à effectuer lors des combats contre les boss ne sont guère convaincants. Plus grave, dès qu'il s'agit d'effectuer des manoeuvres complexes au milieu d'une horde d'ennemis déchaînés, on s'aperçoit que Nunchuk et la Wiimote ne répondent pas toujours très bien. Quand on sait qu'en plus, certaines combinaisons de touches et de gestes se ressemblent beaucoup, on imagine sans peine les crises de nerfs qui menacent le joueur un peu susceptible. Ainsi, si ce dernier appuie sur A et donne un coup de poignet, il lance son sabre au loin mais s'il incline la Wiimote horizontalement et appuie sur A, il pare. On aura donc la joie de voir régulièrement notre sabre s'envoler dans le décor tandis qu'une mitrailleuse lourde ou une armée de soldats nous crible de tirs. Autre exemple : pour utiliser la Répulsion, il faut appuyer sur Z et B tout en inclinant le Nunchuk et la Wiimote vers le bas. Bien que ce pouvoir soit fondamental pour rester en vie quand les ennemis nous tombent dessus tous en même temps, il n'est pas rare qu'en appuyant sur Z une fraction de seconde trop tôt, on saisisse un adversaire au lieu de déclencher l'explosion de Force voulue. La sanction est généralement la mort...

Le manque de précision des contrôles avancés n'est cependant pas le seul reproche que l'on puisse faire à cette adaptation du Pouvoir de la Force sur Wii. Tout d'abord, les graphismes sont pauvres, voire carrément vilains par moment. Ensuite, la caméra ne suit pas l'action correctement et pour la replacer, il faut se débrouiller avec la croix directionnelle. Inutile de préciser qu'au beau milieu d'un assaut, il est pratiquement impossible de prendre le temps de recadrer l'image. Enfin, on retrouve la répétitivité des combats des versions next-gen mais les combos ont disparus. Certes, la palette des techniques est assez large (foudre, projections, étranglement, double sauts, etc) et on peut toujours leur attribuer des points d'expérience pour les développer. Cependant, au bout de quelques heures, on s'aperçoit qu'on utilise en fait que trois ou quatre d'entre elles. Sachant par exemple que la foudre neutralise immédiatement les ennemis d'une simple pression sur C, on voit mal l'intérêt d'aller se battre au corps-à-corps ou de soulever un rocher pour s'en servir d'arme.

Finalement, ce Pouvoir de la Force s'avère décevant sur pratiquement tous les tableaux et ce ne sont pas les artworks à collectionner tout au long de l'aventure ni la possibilité de customiser intégralement son sabre laser qui compenseront l'amertume ressentie au bout de quelques heures de jeu seulement. En revanche, le mode Défi peut éventuellement attirer l'attention des fans pour peu qu'ils disposent d'un ami sous la main. Les joueurs sélectionnent un personnage de la Saga (il y en a pas mal à déverrouiller) puis se retrouvent dans l'arène de leur choix pour se mettre sur le pif. Les divers combattants maîtrisent les mêmes techniques (hérésie!) mais disposent de statistiques différentes. Le gameplay reste exactement le même que dans le mode Solo. Ce n'est pas le jeu de baston du siècle, certes, mais ça permet d'organiser de sympathiques joutes entre de véritables légendes de la Force (comme Luke Skywalker) pour faire digérer le reste.