Le secteur des MMORPG est, on le sait, en excellente santé ; la bataille pour sa domination fait rage. Toujours au sommet, World of Warcraft, sorti en novembre 2004 en Amérique du Nord, fêtera bientôt ses quatre ans en compagnie de ses dix millions et quelques d'abonnés jouant dans huit langues différentes. Mais le jeu de Blizzard n'a pas l'intention d'en rester là, et compte bien sur sa deuxième extension, Wrath of the Lich King, pour creuser toujours plus l'écart avec ses nombreux prétendants. Cette extension, qui permettra aux joueurs d'atteindre le niveau 80, est entrée depuis un mois dans sa phase de bêta-test, l'occasion de vous proposer ce petit tour d'horizon.
Contrairement à The Burning Crusade, qui proposait en sus de l'Outreterre deux nouvelles races et autant de nouvelles zones de départ, Wrath of the Lich King marque sa différence en intégrant uniquement du contenu pour personnages de haut niveau. C'est un choix délibéré de la part de Blizzard, le jeu permettant de toute façon un levelling suffisamment rapide pour que les nouveaux joueurs y trouvent leur compte. Outre l'apparition d'une classe dite héroïque (le Chevalier de la Mort, sur lequel nous reviendrons à la fin de cet aperçu), WotLK offrira donc à tous les possesseurs d'un personnage de niveau 68 minimum un nouveau territoire à explorer : le Northrend, ou Norfendre tel qu'il sera traduit en français. Si ce nom ne vous est pas inconnu, c'est que vous êtes sans doute un joueur de Warcraft III et son extension The Frozen Throne. Le Norfendre est en effet le continent sur lequel le prince Arthas avait débarqué, après la chute de Stratholme, dans l'espoir de mettre fin au Fléau. C'est à cette occasion qu'il avait mis la main sur Deuillegivre (Frostmourne), l'épée maudite grâce à laquelle Ner'zhul avait pu s'emparer de son âme, le privant du peu d'humanité qui lui restait. Aujourd'hui, Arthas est le nouveau roi-liche, qui règne sur le Norfendre depuis le Trône de Glace.
Parcourir le Norfendre est un véritable plaisir, sans doute encore plus grand que celui qu'on avait eu à arpenter (et à survoler) l'Outreterre. Blizzard a accompli un énorme travail de mise en relation du background, du contenu et de l'identité visuelle de ce nouveau territoire. Chaque environnement, chaque quête, chaque PNJ s'inscrit de façon cohérente dans une histoire qui amènera le joueur à se rapprocher de plus en plus du coeur glacé du continent et du roi-liche Arthas. Pour ne rien gâcher, les accès au Norfendre sont au nombre de deux, ce qui permettra de désengorger un peu les zones d'arrivée à la sortie de WotLK. Le joueur pourra choisir de commencer à l'est dans le Fjord Hurlant, accessible côté alliance depuis le Port de Menethil ou côté horde depuis Fossoyeuse. Il pourra tout aussi bien débuter par la Toundra Boréenne située à l'ouest, et accessible par zeppelin depuis Orgrimmar ou par bateau depuis Hurlevent (qui se dote pour l'occasion d'un magnifique port). Ces deux zones, de niveau 68/72 environ, disposent chacune d'un style graphique propre : les paysages escarpés et les villages boisés de type Viking du Fjord Hurlant contrastent avec les plaines rougeâtres et immenses de la Toundra Boréenne, émaillés de colonies en lutte permanente contre les autochtones. World of Warcraft a beau être techniquement daté, cette extension témoigne d'un travail remarquable au niveau artistique. La composition des environnements est excellente, et la diversité est au programme, puisqu'on traverse successivement des plaines gelées, des paysages à la végétation luxuriante ou encore des zones calcinées (avec des arbres qui brûlent encore), le tout magnifié par une aurore boréale qui parcourt un ciel très animé. Il faut toutefois pouvoir apprécier un aspect fourre-tout qui confère au jeu son ton décalé, à l'image de cet aéroport de la Kapitalrisk autour duquel broute paisiblement un troupeau de mammouths.
Bien entendu, le Norfendre est peuplé de créatures inédites. Elles sont relativement peu nombreuses, de nombreux classiques étant réutilisés, mais la simple rencontre avec un Vrykul, un Tuskarr ou une Wyrm des glaces suffit à assurer le dépaysement. Parent pauvre de la plupart des MMORPG, les nouvelles quêtes semblent quant à elles particulièrement travaillées, voire même originales, certaines donnant l'impression de s'adonner à des mini-jeux sympathiques. En ce qui concerne les nouveaux équipements, ils rendent bien entendu obsolètes la plupart de ceux qui avaient été si difficilement acquis par nos personnages. Les récompenses de quête, notamment, semblent avoir encore été tirées vers le haut. Mais que serait une extension de WoW sans ses nouvelles instances ? Sur ce point, les développeurs de Blizzard ont adopté un double parti pris. D'une part, proposer des donjons situés à proximité directe des zones de départ : c'est le cas pour Utgard, situé dans la ville d'arrivée au Fjord Hurlant, mais aussi pour le Nexus, magnifique donjon située sur une île de glace de la Toundra Boréenne. D'autre part, rendre les instances accessibles à tous les types de public, y compris ceux qui ne jouent pas en guilde ou disposent d'un temps de jeu limité : un certain nombre d'entre elles contiennent donc différentes sections à parcourir à 5 (en mode héroïque ou non), ou en raid par groupes de 10 ou de 25. Le Norfendre n'est pas non plus en reste dans le domaine du PvP, puisqu'il propose une zone entière non instanciée, le Lac Joug d'Hiver, dédiée exclusivement aux combats JcJ et dans laquelle il est possible d'utiliser des véhicules de siège (terrestres et aériens). On vous en reparlera lors du test. Les amateurs de Pvp trouveront également un nouveau champ de bataille au sud de la Désolation des Dragons, ainsi qu'une arène située dans la ville flottante de Dalaran. Cette dernière, qui a fait le voyage depuis Hautebrande, constitue l'une des onze nouvelles zones.
Venons-en à présent aux ajouts qui ne concernent pas exclusivement le continent de Norfendre. A commencer par le Chevalier de la Mort, la nouvelle classe de héros accessible aux joueurs disposant déjà sur leur compte d'un personnage ayant atteint le niveau 55 (c'est d'ailleurs le niveau auquel le Chevalier de la Mort démarre sa progression). Doté d'un équipement plus que correct à sa création, il peut être de n'importe quelle race et de n'importe quelle faction puisque son esprit a jadis été corrompu par l'esprit du roi-liche. Les premières heures de jeu, instanciées (avant qu'il soit téléporté dans les Maleterres pour poursuivre sa mission), s'attachent d'ailleurs à immerger le joueur dans son background particulier marqué par l'influence de Warcraft III. On retrouve notamment, parmi ses compétences, le fameux Death & Decay ainsi que la possibilité de créer des goules à partir de cadavres. Le gameplay se fonde sur un système de runes (de trois types : Sang, Givre et Impie), que le Chevalier doit graver préalablement sur son arme pour pouvoir lancer les compétences dédiées. Leur utilisation fait monter une jauge de puissance runique qui permet d'utiliser d'autres compétences, le principe rappelant celui de la rage du Guerrier. Dans les faits, le Chevalier de la Mort a un profil de DPS/Tank. Bien entendu, les autres classes de personnage de WoW disposent elles aussi de compétences et de talents supplémentaires qui leur permettront de progresser jusqu'au niveau 80. J'attends impatiemment, à titre personnel, le pouvoir de transformation en démon de mon démoniste. A noter que WotLK intègre également un nouveau métier, la calligraphie, qui permet d'améliorer l'effet des compétences des personnages. Au rayon des nouveautés, également : l'apparition d'un système de succès (les Hauts Faits), qui rappellent ce qu'on a pu voir par exemple dans Le Seigneur des Anneaux Online. Enfin, la possibilité de relooker son personnage chez des coiffeurs devrait satisfaire les fashion victims.
Vous l'aurez compris, c'est un contenu au moins aussi étoffé que celui de Burning Crusade que proposera Wrath of the Lich King. Blizzard est depuis longtemps passé maître dans l'art de produire des extensions de premier choix pour ses jeux, et celle-ci ne semble pas faire exception à la règle. On n'attend plus, désormais, qu'une date de sortie.