Quelques années après avoir créé Civilization, Sid Meier remit ça avec Colonization. Mais, alors que le premier connut un grand succès et plusieurs suites, le second sombra dans l'oubli, malgré d'indéniables qualités. Cette injustice est aujourd'hui réparée puisque Colonization revient enfin dans une nouvelle version qui bénéficie du moteur de Civilization IV.
Colonization n'est pas à proprement parler une extension de Civ IV. Il emploie le même moteur, et lui ressemble donc beaucoup, mais il s'agit bien d'un jeu indépendant qui utilise ses propres mécanismes. Bien sûr, les deux jeux partagent tout de même un certain nombre de points communs : un gameplay en tour par tour, basé sur la fondation de colonies puis sur leur développement, et de nombreuses possibilités d'interaction avec les autres joueurs (diplomatie, commerce, guerre...). La principale différence, c'est le contexte historique. Alors que Civilization IV couvre une vaste période allant de l'Antiquité au futur proche, Colonization se concentre sur une époque beaucoup plus réduite : la conquête du Nouveau Monde.
Une partie débute donc en l'an de grâce 1492 et s'achève à la fin du XVIIIème siècle, soit trois cent années plus tard (et autant de tours de jeu). Avant tout, il convient de choisir une puissance coloniale entre les Français, les Anglais, les Espagnols et les Hollandais. Puis on embarque un pionnier dans une caravelle et zou ! Direction les côtes américaines ou caribéennes. Une fois sur place, il convient de choisir l'emplacement idéal pour fonder une ville, de préférence sur le littoral pour commencer. Mais attention, cette nouvelle terre n'est pas vierge, plusieurs peuples l'habitent déjà, comme les Sioux, les Iroquois, les Incas... Pas de panique, au départ les tribus locales sont plutôt pacifiques, voire même amicales. Au fur et à mesure de votre expansion territoriale, ils risquent cependant de commencer à vous regarder de travers, il faudra alors s'imposer par la diplomatie ou par la force. Gardez toutefois à l'esprit qu'ils peuvent faire de précieux alliés et qu'il vaut mieux garder ses troupes pour combattre la vieille Europe. En effet, le but final de Colonization n'est pas la conquête de l'Amérique mais bien l'indépendance vis-à-vis de la nation-mère.
Car au fil de la partie, le roi va se faire de plus en plus pressant. Ses exigences peuvent vite se révéler exorbitantes. Les colons vont donc progressivement aspirer à plus de liberté et finiront, si tout se passe bien, par se rebeller contre la tutelle du vieux continent. Mais n'allons pas trop vite en besogne. Au début, les relations avec le roi sont indispensables, car c'est lui qui fournit les précieux bras qui viendront grossir votre population. De votre côté, vous pouvez lui amener les précieuses ressources du Nouveau Monde, qui s'arracheront à prix d'or. Il y a pas mal de matières premières, comme le tabac, le sucre, le coton, les fourrures, etc. Il est également possible de les transformer, respectivement en cigares, en rhum, en tissu et en manteaux, ce qui s'avère bien plus rentable. Pour cela, il faut évidemment construire les bâtiments adéquats, et y placer si possible les ouvriers les plus qualifiés. Il est tout à fait envisageable de faire couper du bois à un forgeron, mais il sera bien mieux employé à fabriquer des outils, tandis qu'un bûcheron le remplacera avantageusement. Logique.
Un autre paramètre à prendre en compte est le gain de points dans cinq domaines différents : commerce, exploration, guerre, politique et religion. Les compteurs augmentent en fonction de vos actions, mais il est également possible d'affecter une ville à la production d'un type de points au lieu d'y ériger une construction. Ces fameux points débloquent ensuite des "pères fondateurs", qui ne sont pas des unités à proprement parler, mais qui octroient de précieux bonus, comme un accroissement de la production de tabac, un bateau supplémentaire ou des indiens convertis. De Cortés à La Fayette en passant par Pocahontas, il y en a une cinquantaine au total. Toute cette belle mécanique est parfaitement huilée et fonctionne à merveille, et Colonization se révèle donc aussi prenant et addictif que Civilization IV. Reste à savoir si son contexte plus restreint ne finit pas par limiter le renouvellement des parties sur le long terme.