Le studio américain Helixe s'est spécialisé dans l'adaptation des films d'animation Pixar sur DS. Mais après un Ratatouille : Cuisine en Délire de triste mémoire, c'est avec une certaine appréhension qu'on lance WALL-E et que l'on prend le contrôle du petit robot.
Il y a 700 ans, les humains ont déserté la Terre, recouverte d'immondices, laissant à un petit robot le soin de la nettoyer. WALL-E, c'est son nom, signifie en effet "Waste Allocation Load Lifter Earth-Class", soit en français "Compacteur terrien de déchets". Ce petit être sur chenilles est un prodige de technologie complètement autonome, capable de ramasser les ordures et de les compacter pour former des cubes facilement empilables. Cette capacité est d'ailleurs au centre du gameplay de l'adaptation de WALL-E sur DS : des cubes, vous allez en générer, et vous allez les utiliser pour activer toutes sortes d'interrupteurs, le principe de ce jeu d'action/réflexion consistant invariablement à résoudre des puzzles pour ouvrir la porte vers le tableau suivant.
Remplis de ponts et de précipices, de tapis roulants et de pistons, de souffleries et de barrages laser, mais aussi de quelques ennemis (tourbillons, robots...), les différents tableaux mettent à l'épreuve aussi bien votre réflexion que votre dextérité. Vous pouvez parfois activer les interrupteurs directement en lançant un cube dessus, mais la plupart du temps il vous faut tirer parti de l'environnement pour parvenir à les atteindre. Les tableaux contiennent des distributeurs de cubes divers et variés auxquels il est possible de se servir librement. Les cubes répulsifs repoussent tout ce qui les entoure, les cubes magnétiques font exactement le contraire et les cubes électromagnétiques désactivent momentanément les robots ennemis. WALL-E peut également utiliser les effets des deux premiers pour atteindre des zones en apparence inaccessibles. Bref, l'ingéniosité est de mise, même si la mécanique de jeu répétitive fait que vous avez vite tendance à reproduire les mêmes séries d'actions pour venir à bout des tableaux successifs. Et en dépit de l'intégration régulière de nouveaux éléments censés étoffer le gameplay, l'ennui s'installe, partiellement dû à l'absence d'une difficulté progressive.
Sans doute conscients du problème, les développeurs ont intégré de temps à autre de petites phases de courses qui apportent un peu de variété. Vous y incarnez EVE, le robot dont WALL-E tombe éperdument amoureux dès leur première rencontre. Hélas, ces courses simplistes consistent à filer droit dans un tunnel en évitant les obstacles qui se présentent. Elles ne permettent donc pas de relever la saveur d'un jeu trop fade, qui pâtit en outre d'une réalisation sans aucun génie. Helixe persiste dans le style graphique cartoon discutable déjà adopté dans Ratatouille, qui s'accommode ici bien mal de la 3D minimaliste et beaucoup trop cubique, parée de textures sans éclat. Même les cinématiques manquent cruellement d'aura. L'absence de musique a également sa part de responsabilité dans l'aspect peu attrayant de WALL-E, qui paraissait pourtant destiné au jeune public.
Le fait est que, quand on y regarde de plus près, l'aspect technique du jeu souffre de lacunes rédhibitoires pour un public d'enfants, surtout en termes de jouabilité. A commencer par une gestion de la caméra entièrement manuelle durant les phases de puzzle : la lenteur de rotation octroie la précision requise pour le lancer des cubes, mais en contrepartie elle irrite inéluctablement, surtout lors des séquences à effectuer en temps limité. Plus grave, les déplacements pratiquent la tolérance zéro : si votre petit robot s'aventure à mettre ne serait-ce qu'un centimètre de chenille dans le vide, il chute aussitôt. Le jeu compense donc son manque de challenge par une difficulté artificielle, source de crispation. Heureusement, vous bénéficiez de plusieurs vies à disposition, ainsi que d'un système de sauvegardes automatiques. Autre élément à charge concernant la jouabilité : elle sous-exploite les possibilités tactiles et le double-écran de la DS, à tel point que le jeu aurait très bien pu sortir sur GBA. Le bilan est donc peu glorieux. Et ce ne sont pas les quelques bonus à débloquer ou le mode 2 joueurs multi-cartes anecdotique (qui reprend les phases de courses) qui y changeront quelque chose. En somme, WALL-E sur DS n'est qu'une adaptation décevante de plus.
- Graphismes7/20
La réalisation graphique est décevante. En dépit du style cartoon adopté, la 3D est d'une tristesse à pleurer. Et malgré sa faiblesse technique, le moteur de jeu occasionne de vilains ralentissements dans les tableaux les plus fournis.
- Jouabilité7/20
Les contrôles de jeu impliquent la croix directionnelle et les boutons, laissant pour compte les fonctionnalités tactiles de la DS (les fonctions proposées sur l'écran tactile ne sont que des substituts inutiles). La gestion de la caméra aux gâchettes est empreinte d'une certaine lourdeur.
- Durée de vie7/20
Cinq à six heures de jeu fortement redondantes en raison d'un principe central qui n'évolue pas assez. On regrette également que la difficulté ne soit pas graduelle (les niveaux avancés semblent même plus simples que les premiers) et que le challenge offert soit quelque peu artificiel.
- Bande son5/20
Les bruitages sont corrects dans l'ensemble, et bien que rares, les voix de WALL-E et de sa dulcinée sont craquantes. Hélas, le jeu souffre de l'absence quasi totale (et inexplicable) de musique, que ce soit durant les phases de puzzles ou de courses.
- Scénario6/20
L'intrigue est plaisante et originale, mais jamais le jeu n'exploite cette richesse autrement qu'à travers les plates cut-scenes qui émaillent la progression. Ces dernières sont d'ailleurs trop souvent en décalage avec le gameplay lui-même.
En dépit de ses personnages attachants et de son principe central qui tient la route, WALL-E sur DS se révèle incapable de séduire le joueur sur la durée. La faute à un gameplay répétitif, une réalisation décevante et une jouabilité entachée de quelques lourdeurs, qui finissent par rendre le jeu fort peu attirant, notamment pour le jeune public. Bref, une vraie déception.