Loin de la fantasy ou des univers futuristes qui peuplent les RPG, Alpha Protocol a choisi de planter son décor dans un monde contemporain et crédible, délaissant les héros aux pouvoirs magiques ou cybernétiques au profit d'un agent de la CIA à l'air un peu benêt.
Oui, il faut l'admettre, ce Micheal "goofy" Thorton a le charisme d'un acteur formé chez AB Production, une astuce comme une autre pour permettre aux joueurs de mieux s'emparer du personnage en l'affublant de la tenue de leur choix certainement, mais tout de même, qu'il est loin le père James Bond. Quoi qu'il en soit, on ne saurait mieux synthétiser Alpha Protocol qu'en le présentant comme un Mass Effect à la CIA. Il faut dire que depuis qu'Obsidian est devenu le poulain de Bioware, le studio a fortement tendance à recycler les idées de leur mentor. Cette ressemblance, on la perçoit déjà aisément dans la narration, et dans le système de dialogues. Alpha Protocol a en effet recours au même type de cinématiques interactives qui ont largement contribué au succès du jeu de Bioware. Les dialogues n'interrompent pas les cut-scenes mais y sont intégrés et utilisent un système de réponse par attitudes. Peu avant que le joueur doive s'exprimer, 4 attitudes, ou actions, sont proposées, variant selon les situations, agressif, méfiant, nonchalant, charmeur, soudoyer, assassiner etc. Confronté à un gardien trop zélé, on pourra ainsi faire preuve de patience et tenter de le convaincre de nous laisser entrer soit par la douceur, soit en l'intimidant, ou bien faire preuve d'un peu moins de délicatesse en se débarrassant de lui proprement. Dans une autre situation, face à un trafiquant d'armes, se posera un choix moral, faut-il l'arrêter, le laisser filer ou l'exécuter en douce ? Sachant que ces deux dernières solutions ont des conséquences bien différentes. En le laissant filer, on pourra l'utiliser pour s'équiper pas cher, en l'éliminant, on sauvera bien des vies, au risque d'avoir quelques ennuis avec nos supérieurs qui auraient préféré le voir livré en bon état.
Et cette approche du dialogue n'est pas le seul renvoi à Mass Effect puisqu'Alpha Protocol a calqué son système de combat sur le RPG de tonton Bioware. On ne leur en voudra pas, on fait pire comme inspiration. On retrouve donc une caméra à la troisième personne et une approche du combat en temps réel similaire à celle d'un jeu d'action standard, système de couverture compris. Bien sûr, Alpha Protocol reste un RPG et en développant ses compétences, le joueur accédera à des capacités plus efficaces. Dans le cas présent, c'est le coup critique qui nous a été présenté, une skill permettant de remplacer le réticule de base, très imprécis, par un autre plus performant et grâce auquel il devient plus simple de porter un coup fatal sans avoir à s'exposer longuement pour aligner son tir. En outre, Micheal peut avoir recours à des aptitudes spéciales qui, une fois encore, rappellent Mass Effect dans la façon dont elles se présentent. A titre d'exemple, le joueur peut activer, s'il l'a développé, le bullet storm et se mettre à arroser le décor sans craindre de se trouver à court de munitions, du moins pour un laps de temps limité, dépendant du niveau de la compétence. Évidemment, avec une telle source d'inspiration et un background original, Alpha Protocol attise la curiosité. Pourtant, on refroidira un peu les ardeurs par quelques bémols. Techniquement, Osbidian n'est pas Bioware et même s'il n'est pas terminé, Alpha Protocol souffre d'un aspect graphique un peu daté et pas tout à fait à la hauteur des productions actuelles. De plus, mais on espère vivement que cela n'est que temporaire, il manque cruellement de rythme et d'un petit "je ne sais quoi" qui le rendrait un poil plus sexy.