Adaptation, disponible exclusivement sur DS, du film éponyme actuellement en salles, Voyage au Centre de la Terre vous entraîne dans une expédition périlleuse au contact de merveilles insoupçonnées et de monstres terrifiants. Enfin, en théorie. Parce qu'en pratique, vous allez plutôt explorer les profondeurs abyssales de l'ennui.
Parmi les oeuvres composant les Voyages Extraordinaires de Jules Verne, Voyage au Centre de la Terre constitue un des plus habiles mélanges d'aventure et d'extrapolations scientifiques. Malgré les découvertes sur la structure du globe effectuées depuis sa parution, ce roman a continué à fasciner des générations entières de lecteurs. Pas étonnant que le grand et le petit écran s'en emparent régulièrement pour nous livrer des adaptations de qualité variable. La dernière en date, qui intègre une technologie 3D révolutionnaire, reste assez fidèle au livre de Jules Verne bien que transposant l'action de nos jours, avec des héros rajeunis pour l'occasion. On y retrouve Trevor Anderson, un scientifique parti en Islande à la recherche de son frère, un volcanologue mystérieusement disparu. Trevor est accompagné de son neveu Sean et d'une guide de haute montagne, Hannah. Nos trois héros se retrouvent piégés sous terre suite à un violent orage et à un effondrement. Ils doivent alors trouver un autre moyen de sortir de ce monde souterrain. Durant leur périple vers les profondeurs de la Terre, ils vont découvrir des merveilles extraordinaires, faire face à des dangers mortels et rencontrer des créatures préhistoriques que l'on croyait disparues...
Pour le joueur de Voyage au Centre de la Terre sur DS, le contact avec la préhistoire est plus précoce, si l'on en juge par la réalisation antédiluvienne affichée d'emblée par le titre. Dans les cinématiques comme dans les phases de jeu, la modélisation épouvantable des personnages et leur animation grotesque, couplées à des décors ternes et pixellisés, suffisent à accoucher d'un des plus vilains rendus vus depuis longtemps sur DS. Ajoutez à cela les cris complètement ridicules des protagonistes lorsqu'ils chutent ou se font toucher, et vous aurez une idée du tableau catastrophique en ce qui concerne la réalisation. Human Soft n'en est pourtant pas à son coup d'essai sur la portable de Nintendo. Mais il est vrai que les deux précédentes tentatives du studio, à savoir Tomb Raider Legend et Hot Wheels : Beat That!, auraient dû nous inciter à la méfiance. Pour le reste, Voyage au Centre de la Terre est un jeu de plates-formes en 3D tout ce qu'il y a de plus classique, que les développeurs ont souhaité agrémenter au moyen de mini-jeux récurrents et de séquences de courses intermédiaires. Concrètement, le joueur explore un réseau de cavernes et de galeries souterraines de plus en plus profondes : les environnements volcaniques des premiers niveaux laissent vite la place à des mondes inexplorés et insoupçonnés situés au coeur de la Terre. L'objectif de chaque niveau est de rallier la sortie en ayant pris soin de récupérer cinq runes disséminées çà et là, qui permettront d'ouvrir la porte vers le suivant. Ces cinq runes sont généralement bien cachées, parfois hors du champ de vision du joueur ; il lui arrive donc d'en avoir oublié lorsqu'il atteint la fameuse porte. Par chance, il se voit alors gratifié d'un objet qui lui révèle l'emplacement des runes dans le niveau. Voilà l'occasion de parcourir à nouveau les lieux en sens inverse pour récupérer les runes restantes.
Si encore l'action se révélait palpitante, ces allers-retours pourraient passer. Mais le plus souvent, il s'agit de sauter de plate-forme en plate-forme pour traverser des précipices ou des torrents de lave. Pour ne rien arranger, les sauts en question s'avèrent imprécis et délicats vu que l'ombre sous les personnages n'est pas assez prononcée. Heureusement, les checkpoints fréquents suffisent pour ne pas s'arracher les cheveux en cas de mort. D'autant que les quelques combats proposés, qui se résument à marteler le bouton X pour se débarrasser des créatures préhistoriques rencontrées, ne posent pas l'ombre d'un problème. Le gameplay serait donc rébarbatif et ennuyeux si les développeurs n'avaient pas tenté de l'étoffer à leur manière. Tout d'abord, il faut savoir que si le joueur ne contrôle qu'un personnage à la fois, il peut alterner entre trois possibles d'une simple pression sur l'écran tactile. Chacun possède des capacités spécifiques. Trevor peut poser des explosifs pour pulvériser les obstacles, Hannah utiliser son grappin pour traverser des précipices et Sean traverser les ponts instables, escalader les murs et récupérer les fossiles enfouis. L'utilisation de chacune de ces capacités, systématiquement suggérée par le jeu, donne lieu à un mini-jeu sur l'écran tactile. Le plus intéressant reste celui qui consiste à déterrer des fossiles, même s'il se montre très vite aussi répétitif que les autres. De manière générale, l'intégration de ces mini-jeux aurait été judicieuse s'ils n'avaient pas été indispensables pour progresser. De la même manière, le changement de personnage aurait pu constituer une bonne idée s'il avait donné lieu à plusieurs façons différentes de se sortir des situations rencontrées. Ce n'est hélas pas le cas. D'autant que le joueur se retrouve les trois quarts du temps à contrôler Sean, qui possède davantage de capacités que les deux autres personnages réunis.
Toujours dans le souci de varier le gameplay, les développeurs ont inclus une séquence de course entre chaque niveau parcouru : parcours en wagonnet dans une mine désaffectée, navigation sur une rivière déchaînée, fuite devant un monstre préhistorique... Chose étonnante : ces courses sont bien mieux réalisées et somme toute plus intéressantes que les séquences de plates-formes. Le problème étant qu'elles se bouclent rapidement et restent en marge du reste du jeu. Bref, après avoir connu le plaisir d'échapper à un tyrannosaure, on se retrouve bien vite à jouer à la grenouille dans une énième caverne sans personnalité. Bref, rien n'y fera : Voyage au Centre de la Terre est un jeu médiocre, à ranger parmi les adaptations de films anecdotiques et sans envergure.
- Graphismes5/20
La 3D est totalement obsolète. On a rarement vu des personnages aussi difformes, mal proportionnés et mal animés : c'est bien simple, quand ils lèvent les bras, ceux-ci leur ressortent par derrière les épaules. Les environnements sont quant à eux austères et pixellisés. Bref, c'est moche.
- Jouabilité11/20
La jouabilité ne souffre pas de gros reproche hormis le manque de précision des sauts, qui incombe à l'ombre trop peu prononcée au-dessous des personnages. Le problème, c'est que les sauts représentent justement... disons les 2/3 du gameplay.
- Durée de vie7/20
Les joueurs qui auront le courage d'insister un peu finiront le jeu bien trop vite.
- Bande son3/20
Les thèmes musicaux se résument à des accords de Bontempi qui passent en boucle. Les personnages sont dénués de voix mais poussent des cris aussi terrifiants que ridicules lorsqu'ils chutent ou se font toucher.
- Scénario6/20
Les quelques séquences cinématiques qui ponctuent l'aventure sont bien tristounettes. Les dialogues entre les protagonistes brillent par leur absence. Bref, la richesse du sujet est donnée en pâture à l'action.
En dépit des efforts déployés par les développeurs pour essayer de varier le gameplay, Voyage au Centre de la Terre est un jeu à l'action insipide et répétitive. Pour ne rien arranger, sa réalisation désastreuse devrait être un élément rédhibitoire même pour ceux qui ont apprécié le film. Après, libre à vous de tenter l'expérience malgré ces avertissements : de toute façon, dans les profondeurs de la Terre, personne ne vous entendra crier.