Plus de 1300 ans après les événements du premier opus, le monde de Narnia s'entrouvre à nouveau au cinéma comme sur PS2 avec le Prince Caspian. Si le film se révèle haut en couleur, cette adaptation vidéoludique simpliste et plutôt brouillonne est bien en peine de retranscrire le souffle épique de la saga.
Surfant sur l'intérêt suscité par les récits fantastiques tels que Le Seigneur des Anneaux, Harry Potter ou Spiderwick, Le Monde de Narnia a été porté sur grand écran pour la première fois en 2005. L'histoire est basée sur l'oeuvre littéraire en sept volumes de C.S Lewis. Bien qu'inconnu en France, cet auteur prolifique et profondément mystique fit partie du célèbre club anglo-saxon des Inklings. Il y a notamment fait la connaissance de J.R.R Tolkien avec lequel il partageait un goût prononcé pour la fantasy. Ses Chroniques de Narnia sont un classique de la littérature jeunesse en langue anglaise. Dans le premier chapitre, quatre enfants ordinaires (Peter, Susan, Edmund et Lucy) découvrent par hasard un monde fantastique en traversant l'armoire magique d'un vieux professeur. Accomplissant une ancienne prophétie, ils aident le Grand Lion Aslan à libérer Narnia du joug malfaisant de la Sorcière Blanche. Dans le second chapitre, quand les quatre jeunes héros basculent à nouveau dans le royaume enchanté par hasard, ils constatent que les choses ont bien changé. Et pour cause : pas moins de 1300 longues années se sont écoulées en Narnia durant leur absence ! Les perfides Telmarins ont pris le pouvoir et les Narniens ont dû se réfugier dans les forêts pour avoir la vie sauve. Heureusement, le Prince Caspian, héritier légitime du trône, est vivant. Bien décidé à renverser le tyran Miraz pour restaurer la paix dans le pays, il pourra compter sur l'aide des créatures fantastiques qui peuplent désormais les bois ainsi que sur la perspicacité des enfants Pevensie.
Bien en peine de trouver un héros unique qui serait jouable tout au long de l'aventure, les développeurs du Prince Caspian ont finalement décidé de nous faire endosser alternativement le rôle d'une vingtaine d'entre eux. Ainsi on se retrouve tantôt dans la peau d'un minotaure, tantôt dans celle d'un satyre, tantôt dans celle d'un enfant, etc... Il est possible de passer de l'un à l'autre en pleine action et un second joueur peut choisir de nous aider à tout moment dans la partie. Bien que ces fréquents changements de personnage puissent déboussoler un peu les joueurs, ils ont le mérite d'introduire des variations de gameplay intéressantes. Le nain par exemple, peut se faufiler dans d'étroits conduits tandis que le centaure pourra dévaster les rangs ennemis avec ses charges rapides et meurtrières. Pour ce qui est de la jouabilité, pas de souci, quatre boutons suffisent et tout le monde est logé à la même enseigne : une attaque faible, une attaque spéciale, une action et une garde. Pas la peine de garder le manuel à ses côtés pour s'y retrouver. Pas la peine de réfléchir non plus. Les gigantesques combats de masse (façon Dynasty Warriors) se résument à foncer dans le tas et les énigmes consistent généralement à choisir le bon personnage pour tirer un levier, lancer un grappin ou dégommer une cible lointaine. Un enfant de 9 ans pourrait s'en sortir sans la moindre difficulté. Ah, ça tombe bien me dit-on, Prince Caspian est justement destiné à un public jeune et peu expérimenté.
Hélas, il semble aussi exclusivement destiné aux fans de la saga puisque celui qui n'a pas lu le film ou vu le livre (heu... Non, le contraire) sera bien en peine de comprendre quoi que ce soit au déroulement de l'histoire. En effet, dès le lancement du jeu, on est projeté en plein siège de Cair Paravel sans aucune explication ni la moindre présentation des quatre personnages que l'on peut sélectionner à ce moment-là. Par la suite, en dépit des extraits du film auxquels on a droit de temps à autre, le scénario reste toujours aussi obscur. Qui sont les enfants Pevensie ? Pourquoi Caspian fuit-il à la naissance de son cousin ? On est maintenu dans le flou le plus artistique. Est-ce intentionnel ? On peut légitimement se poser la question. Après tout, rien n'interdit de penser que cette narration bancale est le fruit d'un savant calcul visant à rabattre intentionnellement les joueurs vers les salles de cinéma et les livres. Mais pour en revenir au jeu vidéo, étant donné que la progression suit scrupuleusement l'histoire originale, on peut dire qu'on a rarement l'impression de comprendre ce que l'on fait.
Chaque chapitre est découpé en une multitude de missions consistant à défendre des remparts, couler des bateaux, explorer des grottes infestées de vermines, etc... Elles ont beau être variées, les mécanismes de jeu sont presque toujours identiques et la lassitude guète. La première fois qu'on doit marteler un bouton pour ouvrir un coffre ou pousser un rocher, on trouve ça amusant. Quand on réalise cependant, qu'il faut en passer par là pour ouvrir tous les coffres et bouger tous les objets, on ne peut que pousser un profond soupir de consternation. Chaque fois que l'on fait face à une porte fermée (c'est-à-dire souvent), on doit trouver un moyen de l'ouvrir en résolvant des énigmes à deux balles ou en trouvant un mécanisme quelconque (levier, dalle, etc...). Ca prend du temps mais ne présente pas la moindre difficulté, surtout avec la mini-carte. Au niveau des bonus, on peut débloquer des making-of ou des artworks en ouvrant des coffres (oui, encore...) avec des clés éparpillées dans les aires de jeu. Il n'y a aucun challenge puisque les clés se ramassent à la pelle. Au fond le seul véritable défi réside dans... L'horrible gestion de la caméra ! Automatique et capricieuse, cette dernière n'est pas toujours bien placée. Elle a plutôt le chic pour se planter derrière un arbre ou un mur toutes les trois minutes. Quand on sait le nombre de personnages qu'il y a généralement à l'écran, il y a de quoi piquer une bonne crise de nerf. Alors, répétons-le une fois de plus, Prince Caspian se destine à un public jeune, conciliant et surtout fan des Chroniques de Narnia. Les vétérans en mal d'aventure et les joueurs plus exigeants n'y trouveront qu'ennui et déception.
- Graphismes12/20
Les environnements sont sombres et médiocrement modélisés. Les extraits du film quant à eux sont nombreux mais pas forcément bien choisis.
- Jouabilité10/20
La variété des personnages permet de pallier un peu la répétitivité des actions. Les combats sont ennuyeux et les énigmes ne présentent pas la moindre difficulté. Par contre, la gestion automatique de la caméra pose souvent problème.
- Durée de vie12/20
Comme d'habitude pour un jeu à licence, une dizaine d'heures sera suffisante pour plier l'aventure. La possibilité d'inviter un joueur à tout moment est une bonne idée mais le système de clés pour débloquer les bonus tombe complètement à plat.
- Bande son13/20
La bande-son symphonique est agréable à écouter. En revanche, les doublages ne sont pas toujours bien synchronisés ni très convaincants.
- Scénario6/20
Difficile de s'y retrouver pour qui ne connaît pas les Chroniques de Narnia ou qui n'aurait pas vu le film. Il n'y a pas d'introduction digne de ce nom et l'histoire est fort mal racontée. On se retrouve fréquemment dans des situations auxquelles on ne comprend rien.
Brouillon et répétitif, ce second épisode des Chroniques de Narnia sur PS2 déçoit malgré la possibilité d'incarner une bonne vingtaine de personnages. Les néophytes ne comprendront pas grand-chose à l'histoire et les joueurs confirmés mourront d'ennui au fil des combats sans saveur et des énigmes simplistes.