Quelques jours seulement après la sortie du surprenant Neves sur DS, triangles et carrés biscornus s'invitent à nouveau sur la petite portable de Nintendo avec Tangram Mania. Se casera-t-il dans votre logithèque ?
Le "Tchi'i Tchi'iao pan", ou Tangram pour les Occidentaux, est un jeu ancestral consistant à reproduire des modèles à l'aide de sept pièces en bois que l'on peut combiner comme on veut du moment qu'elles ne se chevauchent jamais. Traditionnellement, le joueur dispose d'un carré, d'un parallélogramme, et de cinq triangles rectangles de tailles variables. En combinant ces éléments, on peut obtenir d'autres modèles géométriques ainsi qu'une infinité de tableaux figuratifs. L'origine du Tangram remonterait à la plus haute antiquité bien que les seuls livres connus le mentionnant n'apparaissent que vers le XVIIIème siècle. La légende veut qu'un ancien empereur, admirant un magnifique carreau de faïence, le laissa tomber par mégarde sur le sol où il se brisa en sept morceaux. Catastrophé, l'empereur essaya de reconstituer le carreau. Sans succès. En revanche, il s'aperçut au fil de ses multiples tentatives qu'il pouvait créer des milliers de formes. C'est ainsi que serait né ce vénérable divertissement.
De nos jours, plus besoin d'exploser un carreau de sa salle de bains ou de sa cuisine pour jouer au Tangram ; il suffit de brancher sa DS et d'y insérer la cartouche de Tangram Mania. C'est plus pratique mais plus cher. A moins que votre cuisine ne soit carrelée avec des carreaux chinois de l'époque Ming, évidemment... Mais trêve de plaisanteries. Tangram Mania se compose essentiellement de deux modes de jeu : les parties normales et le contre-la-montre. En mode normal, on doit reproduire un modèle avec nos sept polygones colorés sans limite de temps tandis qu'en contre-la-montre, l'épreuve est chronométrée. La progression est totalement linéaire et il n'y a aucun bonus à débloquer. C'est tout juste si on a le droit de se refaire une série une fois qu'on l'a terminée. Au total, il existe une bonne dizaine de séries pour un total de 400 puzzles. C'est pas si mal mais quand on sait qu'à chaque tableau en succède un autre sans la moindre variation de règles ni le plus petit interlude, on devine aisément combien la lassitude menace.
Lassitude qui se transforme parfois en réelle crispation quand le soft refuse de détecter la bonne mise en place des pièces. Il faut dire qu'à la différence de Neves, il est possible de faire pivoter les diverses pièces du jeu à 360 degrés. Cela autorise la composition de tableaux un peu moins cubiques, d'accord, mais en contrepartie, il suffit de dépasser les limites du puzzle d'un millimètre avec la pointe d'un triangle pour que la DS refuse de valider l'ensemble. Tangram Mania se transforme alors en cours de Zen dans lequel on remet en place, calmement et sans trembler, chacune des pièces une par une jusqu'à ce que, ô miracle, notre succès soit pris en compte. Tout empreint de philosophie orientale, Tangram Mania fait également l'impasse sur les notions de compétition et de performance si chères aux excités d'Occidentaux que nous sommes. Exit les éventuels scores, temps, bonus, récompenses, que le soft aurait pu prendre en compte et sauvegarder. Rien d'autre ici que l'ineffable et paisible satisfaction du devoir accompli. Allumez un bâton d'encens et respirez profondément, Trangram Mania vous recentre sur l'essentiel. Pourquoi pas ? Mais comment expliquer dès lors qu'un design manga, des couleurs flashy et des musiques délurées aient été retenus pour habiller un concept aussi austère ? C'est pas logique. Pas plus d'ailleurs que la possibilité de créer ses propres figures sans pouvoir se les échanger entre amis. Décidément, Tangram Mania peine à convaincre sur tous les tableaux (c'est le cas de le dire) et se révèle nettement moins accrocheur que Neves, son principal concurrent.
- Graphismes12/20
Le design manga rose bonbon tranche singulièrement avec l'austérité du concept mais l'ensemble demeure lisible.
- Jouabilité8/20
Il est facile de sélectionner et de faire glisser les différentes pièces. Cependant, la possibilité de les faire pivoter à 360 degré se révèle très problématique. On doit souvent rectifier l'orientation des figures et le soft détecte mal leur position finale.
- Durée de vie9/20
400 puzzles à résoudre, c'est honorable, mais quand on découvre qu'il n'y a que deux modes de jeu dépourvus de scores ou de temps à battre, la motivation en prend un coup. Par ailleurs, la possibilité de créer ses propres puzzles n'a aucun intérêt sans le wi-fi.
- Bande son10/20
Les musiques techno-acidulées surprennent autant que l'habillage graphique et elles ne sont guère propice à la réflexion.
- Scénario/
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Terriblement linéaire et rapidement lassant, Tangram Mania ne propose rien d'autre qu'une suite ininterrompue de puzzles traditionnels que l'on enchaîne sans conviction. On se rabattra plus volontiers sur Neves, bien plus généreux en terme de contenu et de possibilités.