Les Looney Tunes tentent une nouvelle infiltration sur DS en s'appuyant sur la vague des jeux musicaux. Du coup, c'est carrément un orchestre symphonique qui se retrouve sous notre direction pataude.
A première vue, Looney Tunes : Cartoon Concerto a tout du titre idéal pour faire écouter du classique aux enfants que je n'ai pas mais que d'autres entassent dans leur salon. Quoi de mieux qu'un jeu musical dans lequel figurent les personnages de la Warner et déployant les thèmes les plus surannés des répertoires classiques ou philarmoniques, de l'opéra aux concertos en passant par les fugues. En effet, on retrouve ici les segments les plus connus de ce genre musical que certains s'obstinent à considérer comme désuet, alors qu'une bonne Chevauchée des Walkyries, ça balance autant qu'un Prodigy musclé et en tout cas nettement plus que du BBbrunes. Dans les 18 pièces du titre, on citera la Symphonie numéro 5 de Beethoven, Le Vol Du Bourdon de de Rimski-Korsakov, l'ouverture du Barbier de Séville (Rossini), Mars, Celui qui Apporte la Guerre de Holst, l'inévitable quoi que dispensable Carmen de Bizet ou dans un registre bien différent la Danse du Chapeau Mexicain. Plein de culture pour les oreilles même si la plupart des opus sont devenus des incontournables qui ont par ailleurs généralement servis à mettre en musique des épisodes des cartoons de la Warner. Le tout avec une qualité sonore assez sympathique, en dépit des concessions accordées au support assez limité de la cartouche.
Evidemment, pendant que l'on s'escrime sur l'écran du bas, en hauteur, on a droit à des séries de gags vaguement en rapport avec le thème du morceau que l'on joue. Pas franchement hilarants, ils concordent malgré tout avec la cible supposée du jeu, à savoir les jeunes joueurs. Cible supposée, c'est bien l'expression appropriée, car Looney tunes : Cartoon Concerto a justement du mal à savoir à qui il s'adresse. Vu de loin, il fera vite penser à Elite Beat Agent avec ses pastilles colorées qu'il faut toucher au bon moment, mais il existe une différence de taille entre les deux softs : ici, il est interdit de décoller le stylet de l'écran. Chaque pastille comporte un numéro qui indique le sens de la séquence à jouer, il convient ensuite d'aller de l'une à l'autre sans lever sa "baguette" puis de passer aux séquences suivantes. Un cercle s'amenuisant autour des pastilles sert alors à indiquer le tempo. Plutôt pas idiot s'il s'agit de singer les gestes d'un chef d'orchestre, ce système pose quantité de problèmes. En premier lieu, tenir le rythme de cette manière est assez délicat, d'autant plus que le style musical en lui-même est déjà plus ardu à cerner d'un point de vue rythmique que ce qu'on a l'habitude voir dans un jeu musical, au mieux du rock, au pire de la techno, bref des styles où il est facile de se repérer et de se caler sur quelques "beats" bien remarquables. Pire, il est fréquent que l'on ait du mal à déterminer sur quelle section de l'orchestre on doit s'aligner, parfois les cuivres, parfois les cordes ou les percussions. Problème surmontable une fois qu'on s'est collé le morceau dans la tête mais handicapant lors des premières parties. Ce qui ne passe pas en revanche, c'est cette déplaisante sensation d'être en rythme alors que le jeu s'obstine à nous voir à contretemps, problème qu'on aurait tendance à mettre sur le compte d'un calibrage pas tout à fait au point. Un calibrage en revanche intransigeant sur la trajectoire à suivre avec le stylet, si on s'éloigne de quelques pixels de trop, la note est annulée. Mieux vaut éviter de trop s'emporter.
Autre problème de taille, le fait qu'on se bouche soi-même la vue en étant contraint de laisser le stylet sur l'écran tactile. C'est alors toute une partie de l'écran qui se retrouve obstruée par notre propre main. Un souci de visibilité qui ne fait qu'aggraver un problème de clarté particulièrement notable une fois que l'on aborde les morceaux les plus complexes, lorsque 4 séquences de 8 notes commencent à s'afficher simultanément, évidemment accompagnés de leur cercle de tempo, l'écran se surcharge. On ne voit plus rien et là c'est le drame. Le drame parce qu'on commence à comprendre que Cartoon Concerto n'est pas du tout adapté à un jeune public. Gameplay confus, rythme difficile à discerner, le jeu cumule des éléments qui le rendent étonnamment dur et le réservent donc à un public plus aguerri. Public qui a la vilaine manie d'être plus exigeant et qui risque fort de trouver le gameplay du titre trop limité et répétitif mais qui va surtout rapidement se lasser des saynètes animées peu amusantes. En somme, Looney Tunes Cartoon Concerto peine à savoir à qui il s'adresse.
Dans l'incapacité de prendre nos propres screenshots, les images qui illustrent ce test proviennent de l'éditeur.
- Graphismes14/20
Dans la veine de Looney Tunes : Duck Amuck, Cartoon Concerto propose des animations assez bien réalisées, bien que manquant un poil de finesse.
- Jouabilité10/20
Trop dur pour les enfants, trop frustrant et limité pour les adultes, Cartoon Concerto est de plus trop brouillon et manque de précision. Du coup, difficile de vraiment s'en satisfaire.
- Durée de vie10/20
Dix-huit pièces c'est finalement assez peu, d'autant que le gameplay manque cruellement de variété ou de modes venant apporter un peu de diversité.
- Bande son16/20
Si on exclut les remixes abominables accessibles en bonus, les opus sont fidèlement retranscrits, même s'il faut souffrir d'un léger côté "MIDI" dû à la capacité limitée des cartouches DS.
- Scénario/
Contrairement à ce qu'on aurait tendance à penser, Looney Tunes : Cartoon Concerto se révèle peu accessible aux enfants et donnera du fil à retordre aux adultes qui de plus, peineront à trouver un réel intérêt à se démener sur un titre qui ne les gratifie ni de mécaniques passionnantes, ni d'un humour fracassant, sans parler des failles de son système de jeu. In fine ce concerto ne risque pas de jouer à guichet fermé, il n'a tout simplement pas de public. Dommage, l'idée était sympathique.