Nikopol est un jeu d'aventure point and click qui ne s'adresse pas particulièrement aux adeptes de la bande dessinée, mais plutôt à un nouveau public qui pourra y découvrir l'expression d'un univers troublant et violent. Cette fiction peut nous faire penser à des événements qui se déroulent réellement sur notre planète, excepté que dans le jeu, nous sommes transportés dans un Paris futuriste. Notre héros est un artiste attaché aux valeurs de la démocratie qui tente, par son activisme dans un ordre religieux prohibé, de renverser la dictature en place. Il est le fils d'Alcide Nikopol, un ancien résistant qui a été fait prisonnier et envoyé en hibernation dans une prison spatiale. Le père et le fils (Nikopol junior donc), vont-ils pouvoir se retrouver ? Heureusement, ou malheureusement, les dieux d'Egypte vont croiser leur chemin. Une immense pyramide surplombe, en sustentation, un quartier de Paris. Que veulent-ils ? Pourquoi Horus et Anubis se livrent-ils à un combat divin ? C'est dans cet imbroglio que le joueur devra trouver sa voie, une voie semée d'embûches et d'énigmes.

L'aventure commence par la location d'un appartement délabré servant d'atelier de peinture à notre artiste fauché. Un jour, il reçoit une lettre glissée sous la porte. C'est le prédicateur de l'ordre religieux dont il fait partie qui lui demande de rapporter un portrait de son père. Il s'agit là de la première énigme à laquelle vous serez confronté : peindre un portrait à partir d'une image prise sur la bobine d'un film amateur. Le joueur devra s'équiper du matériel nécessaire à tout artiste peintre et travailler sur sa toile. L'immersion est totale, le résultat montre au joueur ses qualités d'artiste, qu'il ne soupçonnait pas ! Signalons d'ailleurs que les énigmes sont très variées : tantôt manuelles avec un marteau pour défoncer un mur, tantôt mathématiques et il faut alors beaucoup de patience pour déverrouiller un passage faisant appel à l'arithmétique. Rien n'est laissé au hasard, chaque énigme est utile dans l'aventure, et participe à l'immersion du joueur.

Mais il n'y a pas que les énigmes qui risquent de vous bloquer car d'autres embûches sont présentes : la mort guette le joueur. Ce n'est pas à proprement parler des scènes d'action qui ont été implémentées, mais il faudra tout de même une certaine débrouillardise pour parer les sales coups de la Poliz gouvernementale. Le joueur d'aventure, réputé pacifique, devra faire preuve de courage lorsqu'il faudra revêtir l'habit d'un sniper pour nettoyer le passage, mais rien de bien complexe quand on est bien équipé. L'aventure de Nikopol se déroule dans 5 lieux différents : un classique appartement parisien, un cimetière glauque, un bref passage dans le trou du métro pour contourner un poste frontière entre deux arrondissements de Paris, la tour Montparnasse et le palais de l'Elysée.

Le joueur se déplace, plan par plan. Il est au centre de sphères sur lesquelles sont implantés les décors et objets, suivant leur éloignement. Ce procédé permet d'obtenir une vue sur 360° dans les deux axes (horizontal et vertical). Les déplacements du champ de vision provoquent un défilement de l'environnement différent, suivant l'éloignement des décors ce qui accentue l'effet de perspective. Il y a en permanence des animations (véhicules, oiseaux, fumée, ventilateurs…) avec les bruitages associés. Cet univers est vivant et bénéficie de graphismes somptueux et très détaillés. L'interface est traditionnelle, les deux boutons de la souris suffisent pour effectuer toutes les actions du joueur. Son look moderne s'intègre d'ailleurs parfaitement à l'ambiance du jeu. Au final, Nikopol aura été décliné sous forme de bandes dessinées, d'un film et d'un jeu vidéo. Et ce qu'il y a de sympathique, c'est que la solution des énigmes du jeu n'est pas du tout explicitée dans les autres supports. Chacun présente en fait l'histoire de Nikopol sous un angle totalement différent. Voilà en tout cas un titre qui sera certainement un des gros jeux d'aventure de cette fin d'année 2008.