Qui a dit que la stratégie n'avait pas sa place sur console ? Jusque-là limitées à quelques portages PC sans audace, les consoles next-gen voient enfin se profiler à l'horizon un titre pensé dès le départ pour s'adapter à leurs spécificités. Tom Clancy's EndWar, projet initié il y a plus de 4 ans, soutenu par un staff expérimenté, s'apprête à donner un véritable visage aux STR sur PS3 et Xbox 360.
Tom Clancy's EndWar, comme beaucoup avant lui, nous livre une vision apocalyptique d'un futur pas si éloigné que ça. Inspiré de faits d'actualité bien réels mais gonflés pour l'occasion par les velléités vengeresses d'une sombre extrapolation, EndWar nous invite à découvrir un monde rattrapé par l'horreur d'une Troisième Guerre mondiale. Une guerre totale, à l'ancienne serait-on tenté de dire malgré toutes les technologies de pointe employées. Car voilà, l'arme nucléaire, sous sa forme oblongue de missile du moins, est devenue obsolète. Rendue caduque par la mise en place d'un réseau global de satellites antimissiles développé conjointement par les Etats-Unis et l'Europe (une extension du fameux projet Star Wars), la bonne vieille bombe ultime ouvre le chemin à une nouvelle guerre totale, de celle où les hommes s'affrontent face-à-face sur un champ de bataille.
Mais pourquoi vous demandez-vous sans doute ? N'est-ce pas une évidence ? L'énergie, le pétrole, moteur de nos sociétés modernes et qui se raréfie plus que jamais en ces années 2020. L'or noir n'aura jamais aussi bien porté son nom et si la pénurie menace de faire s'effondrer la plupart des nations, il en est une qui y trouve son compte. Il s'agit de la Russie, riche de nombreux champs de pétrole encore inexploités, et qui recouvre peu à peu sa puissance alors que le reste du monde décline et dépérit. Conscients des désirs que ces ressources abondantes suscitent, les dirigeants russes auront d'ailleurs joué la carte de la militarisation outrancière, histoire de dissuader d'éventuels envahisseurs. Mais le conflit, impensable, apparaît finalement comme inévitable. Cela dit, tant qu'elle reste confinée aux limites de nos télés, HD ou pas, cette guerre possède un petit quelque chose de fondamentalement réjouissant.
Le pitch donc, reste grossièrement le même que dans beaucoup de jeux actuels, et notamment des FPS, tels que Frontlines : Fuel Of War. Mais sa mise en place semble ici terriblement crédible. C'est ainsi que la première partie de la campagne solo visera à mettre en place les divers éléments qui conduiront à l'apocalypse. Passée cette sinistre introduction, le joueur devra choisir son camp : l'Amérique, puissance technologique et spatiale sur le déclin, l'Europe unie qui émerge en tant que véritable acteur planétaire ; et la nouvelle Russie, qui ne manque de rien et peut donc se permettre d'aligner des tripotées d'unités lourdes. Mais il faudra néanmoins attendre un petit peu pour en apprendre plus sur le solo, car c'est davantage à quelques escarmouches contre l'ordi ou d'autres confrères journalistes que nous avons eu droit.
Confrontés à une I.A. qui pour l'heure, ne laissait pas la moindre chance au joueur débutant, nous avons néanmoins pu apprendre à faire grossièrement fonctionner la bête. Chaperonnés par des développeurs aux petits soins, nous avons donc pu apprendre les rudiments du commandement moderne. Un commandement qui passe d'ailleurs par une voie atypique. Car créer un véritable STR sur consoles implique qu'on s'affranchisse de certaines règles ou normes d'un genre qui est tout de même né sur PC. Sans souris, sans clavier, avec un pauvre pad entre les mains, le joueur fanatique de STR a de quoi se sentir totalement désorienté. Mais comme indiqué plus haut, c'est en gardant cela à l'esprit que le jeu a été conçu, et s'il est possible de donner des ordres de base en combinant les touches, c'est en usant de votre bel organe que vous obtiendrez la victoire. Dans le monde d'EndWar, la victoire est à portée de voix.
L'énorme force d'EndWar réside en effet dans son système de commande vocale ultra performant. Et si la version française a encore besoin d'être affinée, la version anglaise est elle totalement bluffante d'efficacité. Après avoir appris les ordres de base, on se prend rapidement à donner des ordres naturellement, ordres qui seront généralement suivis à la lettre, même si l'on pouvait encore remarquer quelques menus problèmes de pathfinding. En deux coups de cuillère à pot, même avec un accent anglais à couper au couteau, on se retrouve à balancer l'infanterie sur les points de contrôles (les fantassins étant les seuls à pouvoir les capturer), les hélicos en avant pour faire la reconnaissance, ou les chars pour préparer le terrain. A la base de tout est une architecture d'ordres relativement aisée à retenir puisque basée sur des repères, des points de contrôle qu'il faudra absolument conquérir pour obtenir renforts, unités de soutien et frappes en tout genre. Bien mis en évidence à l'écran, ces points chauds concentrent l'action et forcent les joueurs à l'affrontement constant.
Très vite, les joueurs lancent donc des "Unité 1, allez vers Alpha", "Unité 2, capturez Beta", "Unité 3 et 4, attaquez Hostile 7". Le système est imparable et les ordres finissent par fuser aussi rapidement que les balles. Et avouez qu'il y a là de quoi se prendre pour un vrai commandant, donnant ses directives à ses troupes directement sur le terrain. D'autant que le jeu adopte une approche grand spectacle de jeu d'action qui évoque dans une certaine mesure World In Conflict. A tout moment, il vous sera possible de fixer la caméra à n'importe laquelle de vos unités ("Unité 1, caméra") puisque le jeu ne propose pas véritablement de vue d'ensemble autrement que par une carte tactique postée dans un coin de l'écran. Assez schématiquement disons que vous ne pourrez vraiment voir que ce que vos hommes voient. D'où l'intérêt de posséder ces fameux hélicos. Et pendant que l'on parle des unités, notez qu'autant que possible, les développeurs se sont inspirés de ce qu'on aura déjà pu voir dans les autres softs estampillés Tom Clancy. On ne sera donc guère surpris d'observer des Ghosts progresser sur le terrain à côté de traditionnels chars d'assaut ou véhicules de transport.
A ce titre, notez que le jeu fonctionne sur le système éprouvé du jeu de "pierre, feuille, ciseaux". On apprendra ainsi rapidement que les hélicos sont des tueurs de chars, qui eux, sont les prédateurs des transports, qui eux, aiment à vaporiser les trucs volants. L'infanterie elle, se distingue par sa capacité à se protéger dans des bâtiments et à capturer les fameux points de contrôle. Veillez donc à l'utiliser intelligemment. Aux commandes d'une douzaine de petits bataillons au maximum, il vous faudra apprendre à identifier rapidement chaque menace pour ne pas perdre bêtement vos forces. Si pour l'heure le système peut apparaître comme relativement basique, il favorise les rencontres éclair et semble offrir beaucoup plus de subtilités que ce que nous avons pu aborder au cours de notre petit après-midi de familiarisation avec les commandes vocales. On pensera notamment à un système d'upgrades des unités et à d'autres petites joyeusetés destinées à pimenter un titre qui s'annonce très prometteur.
Terminons enfin ce tour d'horizon d'EndWar par un petit coup d'oeil au multi. S'il nous aura été possible de renvoyer un journaliste allemand vers sa choucroute au cours d'une bataille de quelques minutes, on attend avec impatience de voir ce que donnera le mode Théâtre De Guerre, qui ne vise ni plus ni moins qu'à vous faire jouer encore et encore la Troisième Guerre mondiale sur le net. Basé sur des cycles d'environ 3 semaines, les joueurs choisiront leurs camps et viendront en découdre online, avec en trame de fond, une carte mondiale représentant l'évolution des différentes lignes de front. Prévu pour maintenir un certain équilibre entre les différentes factions quel que soit le nombre de participants, ce système que l'on apparentera à un MMOSTR promet énormément. Ainsi, si l'un des trois camps parvient à s'emparer d'une zone riche en ressources, tous les joueurs évoluant sous l'étendard de ce camp bénéficieront par exemple d'un bonus de renfort pour toutes les parties suivantes. Bref, Tom Clancy's EndWar, fort de ses ambitions, d'une esthétique solide et d'un système de jeu très bien pensé, semble donc disposer de tous les atouts pour offrir ses lettres de noblesse au genre sur consoles. Verdict à la fin de l'année.