Titre majeur du lancement du service WiiWare en Europe aux côtés de LostWinds, My Life as a King inscrit un nouveau chapitre à la saga des Final Fantasy Crystal Chronicles. Un opus pour le moins original puisqu'il laisse de côté les notions de RPG pour se tourner cette fois vers la gestion pure. Un choix qui ne sera peut-être pas du goût de tout le monde, mais qui se révèle assez intéressant.
Basé dans les contrées magiques de la série des Final Fantasy Crystal Chronicles, My Life as a King s'inspire de cet univers et nous permet de renouer avec les différentes tribus qui peuplent ce monde. Clavats, Lilties, Selkies et Yukes se trouvent à nouveau réunis autour du gigantesque cristal qui protège les habitants des effluves mortelles dégagées par le miasme. Au début de cette aventure, seuls les Clavats, proches des humains, viendront peupler votre communauté, mais ils seront rejoints ultérieurement par les autres populations du jeu. L'histoire est celle de Leo, le jeune fils d'un roi en exil qui, au terme d'un long voyage, parvient devant un château abandonné protégé par un cristal bleu. L'éclat encore vivace de ce dernier lui redonne espoir et le persuade de transformer ces ruines en un royaume brillant et prospère. A l'aide de ses amis, le jeune roi puisera dans sa mémoire pour rendre son empire aussi flamboyant que celui de son père. Car il dispose d'un don magique appelé l'architek qui lui permet de transformer les souvenirs en réalité.
Le soft ose ainsi sortir des sentiers battus en nous invitant à endosser les responsabilités d'un chef d'état, et non d'un quelconque aventurier avide de combat et de gloire. Ce postulat signifie que jamais le joueur ne pourra sortir des limites de la cour du château, ses journées étant déjà suffisamment bien remplies par ses devoirs de roi. Une contrainte qui risque de rebuter un certain nombre de joueurs, mais qui prend tout son sens une fois qu'on a compris quelles étaient les ambitions du titre. Destiné aux amateurs de gestion plus qu'aux fans de la saga Final Fantasy, My Life as a King est donc un jeu très peu scénarisé, les rares événements qui surviennent étant simplement traduits par des cut-scenes qui se contentent de zoomer sur les personnages les plus importants, sans autre effort de mise en scène. Autre motif de déception, la taille prédéfinie du royaume limite à l'excès la liberté de mouvements et condamne toute tentative d'écart aux devoirs royaux qui nous sont imposés. Le destin du jeune prince comporte ainsi son lot de frustrations, à vous de voir si vous souhaitez ou non l'assumer.
Partant de rien, votre tâche s'annonce longue et laborieuse, il faudra donc faire preuve d'un vrai sens de l'organisation pour vous en sortir. Le développement du royaume n'étant pas limité dans le temps, chacun est libre d'évoluer à son rythme, le temps d'assimiler au mieux les notions propres à cet épisode. Jouable avec quatre configurations manettes différentes, le soft se révèle tout de même bien plus efficace à jouer avec un pad classique qu'à l'aide de la Wiimote. Le petit roi est libre d'évoluer n'importe où au sein du royaume, et il peut faire appel à tout moment à Chime, une demoiselle mi-Clavat mi-Selkie qui lui prodiguera des conseils tout au long du jeu. C'est d'ailleurs grâce à elle que vous pourrez construire vos bâtiments, après avoir soigneusement choisi leur emplacement pour favoriser au maximum les va-et-vient des habitants. Ces derniers peuvent être aussi bien de simples citadins que des aventuriers potentiels que vous pourrez enrôler parmi vos troupes afin d'aller explorer les donjons environnants. Au fil de leurs périples, vos hommes gagneront de l'expérience, acquerront de nouveaux objets et deviendront suffisamment puissants pour partir à l'assaut des donjons les plus reculés. Les meilleurs seront même récompensés par des médailles qui amélioreront leurs aptitudes générales. Les joueurs assoiffés d'aventure et de batailles devront se faire une raison : non seulement on ne peut pas participer aux combats mais on ne peut pas non plus en avoir un aperçu.
A vous d'envoyer les bonnes recrues là où elles ont une chance d'exprimer leurs talents, car un décès prématuré ne vous rapporterait ni gloire, ni argent. Et vous aurez besoin de fonds pour assurer l'agrandissement de votre royaume, sans oublier les matériaux nécessaires pour soutenir la recherche de nouveaux types d'armes ou de magies. A partir d'un certain point, vous pourrez prendre la décision de modifier les jobs de vos aventuriers pour les faire passer de guerriers à voleurs, à moins que vous ne préfériez des mages noirs ou blancs. Ils perdront les capacités précédemment acquises mais ils conserveront leurs niveaux d'expérience et pourront se spécialiser dans des domaines différents. Par ailleurs, une fois la taverne construite, vous pourrez les réunir par groupes de quatre pour former des équipes complémentaires, plus efficaces pour affronter les boss des donjons reculés. Durant la journée, la fenêtre de log vous tiendra informé de leur progression, tandis que vous vaquerez à vos occupations.
Que faire à part construire des bâtiments et enrôler de nouveaux combattants ? Parler aux villageois, par exemple, pour augmenter le moral de votre communauté et acquérir ainsi des orbes que vous pourrez ensuite échanger pour accroître le développement de votre royaume. Mais vous pouvez aussi activer l'effet des sphères magiques en début de journée pour décupler le bonheur ressenti par les citoyens auxquels vous ferez l'honneur de dialoguer. En pénétrant chez quelqu'un dont le moral est au maximum, vous aurez l'agréable surprise de constater qu'il laissera ses lumières allumées le soir venu, vous permettant de veiller plus longtemps avant d'aller au lit. La plupart des gens ont besoin de se sentir soutenus et consolés s'ils ont de mauvaises relations avec leurs voisins ou si leur dernière expédition s'est mal passée. Le bilan matinal vous permettra aussi de déclarer un nouveau jour férié, ou de placarder des avis pour recruter des volontaires à tel ou tel job. Si le soft ne manque pas de ressources et bien que son contenu s'enrichisse avec le temps, il reste atrocement répétitif et engendre tôt ou tard une lassitude évidente. De plus, les textes auraient gagné à être traduits en français pour permettre au plus grand nombre d'en profiter, quant au contenu additionnel il ne sera pas gratuit. Il ne vous reste plus qu'à peser le pour et le contre avant de faire votre choix.
- Graphismes13/20
La réalisation se révèle étrangement terne pour un titre tourné vers la magie, mais le design conserve le charme de la série des Crystal Chronicles. Dommage que les rares cut-scenes se contentent de zoomer bêtement sur les personnages.
- Jouabilité15/20
Délicate à la Wiimote, la jouabilité se révèle bien plus confortable avec une manette classique ou un pad GameCube. Les menus sont clairs et l'aspect gestion n'est pas très compliqué.
- Durée de vie13/20
Difficile à évaluer, la durée de vie dépend du temps que vous mettrez à développer votre propre royaume. Dommage que les jours se répètent et se ressemblent autant, même si l'intérêt croît à mesure que vous gagnez de nouveaux bâtiments. Le contenu additionnel est intéressant mais payant.
- Bande son11/20
Une seul village, une seule musique... ou presque. On ne peut pas dire que la bande-son fasse dans la diversité, et c'est d'autant plus dommage que les thèmes sont plutôt réussis.
- Scénario11/20
L'orientation du soft condamne d'emblée toute possibilité de développement narratif, et les rares événements qui surviennent commencent seulement à prendre une tournure intéressante avec l'arrivée du Dark Lord. Dommage que les textes soient en anglais.
La série des Final Fantasy Crystal Chronicles continue de nous surprendre, surtout avec cet épisode WiiWare qui délaisse l'action-RPG pour la gestion. Accessible malgré l'absence de traduction, le titre souffre surtout de certaines limitations qui rendent les parties redondantes, même si leur intérêt croît avec le temps. L'expérience reste sympathique mais s'adresse à un public de joueurs limité.