Dans la famille "Jeux de rôle et de stratégie à la fois", je voudrais le frère jumeau de Heroes of Might & Magic. Oui mais quand on prend le temps de vraiment faire connaissance, King's Bounty dispose de détails qui font toute la différence. Alors ? Copie qui vient du froid ou vrai renouvellement du genre. Début de réponse...
Si l'on se cantonne aux images qui accompagnent ces quelques lignes, il est évident que King's Bounty The Legend entretient des liens étroits avec Heroes of Might & Magic. Mais quoi de plus légitime dans la mesure où ces deux séries sont issues de l'esprit du même créateur : Jon Van Caneghem ? Et si aujourd'hui ce dernier n'est plus vraiment impliqué dans le développement des différents opus de King's Bounty ou HoM&M, la filiation entre les deux subsiste. Autre élément à charge : le fait que le King's Bounty qui nous occupe ici soit développé par Katauri Interactive, un studio russe. Et qui dit "studio russe" sous-entend le plus souvent "propension au plagiat". Même en nous targuant d'une certaine objectivité inhérente à notre métier, nous aurions bien du mal à prétendre que nous ne cédons pas à ce préjugé. Or, si King's Bounty The Legend est effectivement un frère jumeau de Heroes, il possède également des différences essentielles qui lui confèrent une personnalité propre. Nous allons commencer par elles.
Sachez par exemple que, contrairement à Heroes qui gère les déplacements sur la carte principale selon un certain nombre de mouvements possibles durant un laps de temps donné, King's Bounty The Legend offre beaucoup plus de liberté. Le personnage principal peut se déplacer en temps réel et chevaucher sans aucune restriction. Cela modifie le principe par rapport à Heroes dans la mesure où s'ajoute à ceci le fait que les ennemis disséminés sur certains points de la carte auront tendance à suivre le personnage dès qu'ils l'apercevront. Donc on pourra attirer les dits ennemis loin d'un terrain qui pourrait leur conférer des avantages avant de les affronter. Par exemple, dans une forêt maudite, vos hommes subiront des malus d'action générés par la peur par rapport à une meute de loups qui habite là. Solution : attirer les bestioles dans une clairière avant d'engager le combat. Sur ce terrain neutre, elles n'auront plus l'ascendant sur vos troupes. Il sera également possible d'attirer les monstres loin des objets qu'ils pourraient garder, de les contourner et de leur voler sans combattre.
Autre différence : c'est autour des combats et de l'exploration que tournera l'essentiel de King's Bounty. Pas question de construction et d'amélioration d'une ville, contrairement à ce qu'on a pu voir dans Heroes of Might & Magic. Tout ce qu'on obtiendra, qu'il s'agisse d'or ou de sorts, se trouvera sur le terrain, sur les champs de bataille ou en récompense à l'issue les combats. Cette absence sera compensée (en quelque sorte) par la possibilité pour le héros de se marier et de fonder une famille. Dans l'exemple que nous avons pu voir durant la présentation de ce jeu organisée par son distributeur en France, Nobilis, le héros avait épousé une jeune femme lui apportant un gain de 10% d'intelligence et l'autorisant à bénéficier d'un inventaire plus large. Mais ce n'est pas tout puisque les deux tourtereaux avaient engendré quatre enfants, chacun d'entre eux offrant d'autres améliorations aux statistiques de leur papa. Précisons que les développeurs ont même envisagé que vous tombiez amoureux d'une autre belle. Par conséquent, un divorce est parfaitement envisageable...
Au chapitre assez fourni des différences par rapport à Heroes of Might & Magic, signalons-en une qui ne fera sûrement pas l'unanimité : l'absence de multijoueur. La raison qui nous a été donnée par le représentant de 1C, l'éditeur de ce titre dans son pays d'origine, la Russie, fait état de la difficulté de proposer à la fois un solo et un multi de qualité équivalente. C'est un rien bateau mais, en tout cas, le résultat est là. A un niveau moins général, sachez que durant les batailles et uniquement à ce moment-là, le héros développera un certain montant de rage qui lui permettra d'invoquer des créatures spécifiques plutôt puissantes, les Spirits of Rage (NdR : ce qu'on pourrait traduire par les "Esprits de la Colère".). Précisément, il s'agit du Spirit of Swamp (l'Esprit du Marais), du Spirit of Stone (l'Esprit de la Pierre), du Spirit of Death (l'Esprit de la Mort) et du Spirit of Frost (l'Esprit du Givre). Leurs attaques dévastatrices seront du genre à pouvoir renverser l'issue d'un combat. King's Bounty proposera également une gestion originale des quelques 70 sorts que votre héros pourra découvrir durant son périple. En effet, ceux-ci se présenteront sous la forme traditionnelle d'un parchemin et, selon le montant de "Ressources magiques" que le personnage aura glané comme il amassera de l'or, il pourra l'utiliser une seule fois ou, et c'est plus cher, l'apprendre afin de s'en servir durant tout le jeu. On ne saurait être complet en ce qui concerne le chapitre des différences entre King's Bounty et Heroes sans évoquer le graphisme. Le jeu russe propose un rendu tout bonnement magnifique, haut en couleur et les créatures bénéficient d'un luxe de détails qui les rend attachantes. Est-ce plus beau que Heroes ? A notre humble avis oui mais c'est totalement subjectif. Différence toujours : le fait que le personnage qu'on dirige n'est pas le monarque absolu du royaume mais qu'il servira celui-ci. Par conséquent, il faudra prendre ses décisions en fonction des attentes de son roi et éviter d'aller à l'encontre de ses attentes sous peine d'être catalogué comme un traître et de devoir en subir les conséquences.
Après les différences, intéressons-nous un instant aux points communs entre les deux jeux. On retrouve dans King's Bounty le principe à deux vitesses de Heroes, une partie se déroulant sur une carte générale, l'autre proposant des champs de bataille aux allures d'échiquier sur lesquelles chaque camp en lice donne des ordres à ses troupes à tour de rôle. On pourrait également citer le système de progression du personnage qui lui permettra de bénéficier de capacités et d'attaques améliorées en fonction du niveau du personnage. Ce sont ces aspects essentiels et très généraux qui génèrent la filiation entre les deux séries mais, dès qu'on entre dans les détails, ce sont les différences qui l'emportent. En résumé, si vous avez adoré les récents Heroes of Might & Magic et que vous les avez parcouru en long, en large et en travers, ne regardez pas King's Bounty de haut en criant au plagiat. Ce serait très réducteur.