Avec son ambiance décalée et ses dialogues surréalistes, Touch Détective avait séduit les enquêteurs du dimanche en mal d'originalité sur DS. Etait-ce une raison pour leur servir cette suite semblable en tout point au précédent volet ?
Touch Detective est un jeu d'enquête en point'n click qui détonne avec les productions habituelles. Bien que sa jouabilité au stylet demeure très classique, l'univers déjanté dans lequel évolue la jeune Mackenzie n'a rien de commun avec celui d'un Phénix Wright ou d'un Hotel Dusk. Ici l'absurde est la norme, le fantasque côtoie la folie, et les personnages principaux sont tous plus frapadingues les uns que les autres. En outre, le design des créatures comme celui des décors semblent tout droit issus du cerveau d'un graphiste sous LSD. Et ce n'est pas un hasard si de nombreuses références à Alice au Pays des Merveilles peuvent être relevées dans Détective Touch. Des dialogues à la psychologie des protagonistes en passant par l'apparence de Mackenzie elle-même (une petite blonde en jupe bleue et tablier blanc), tout ici évoque indiscutablement l'oeuvre maîtresse de Lewis Caroll.
Reconnue comme une détective à part entière, Mackenzie fait désormais partie de la prestigieuse Société des Détectives. Après un court didacticiel en guise de préambule, son premier client vient frapper à la porte. Il s'agit de Pénélope, une jeune femme lunatique absolument bouleversée par la disparition de ses nouilles colorées. Nullement effrayée par une mission en apparence aussi simple, Mackenzie se lance alors dans une aventure qui prendra une dimension insoupçonnée. Le principe du jeu est simple : il suffit de cliquer sur les éléments du décor ou les personnages pour relever des indices et faire la conversation. Suivant les objets que l'on trouve et les réponses des personnages interrogés, l'intrigue linéaire se déroule petit à petit. Notez que Touch Detective n'autorise aucune solution alternative pour résoudre les différents puzzles. Il y a bien une collection optionnelle (la fameuse liste Touch) à compléter en posant ses doigts un peu partout mais globalement, c'est très dirigiste. Comme dans le premier opus, la progression est de temps à autre bloquée par le script même du jeu qui impose de parler à telle personne pour déclencher une scène particulière ou de trouver tel élément caché au fond d'un décor pour réaliser une combinaison d'objets. On effectue donc de nombreux allers-retours entre les différents lieux accessibles. "C'est le lot commun des jeux d'enquête" me direz-vous à juste titre. Le problème, c'est que certaines énigmes sont tellement tordues que la logique seule ne suffit pas pour en venir à bout. Funghi, notre fidèle champignon (!) de compagnie, aide Mackenzie à de rares moments-clés mais une certaine dose de chance et une patience de moine zen ne seront pas de trop pour espérer résoudre les enquêtes qui composent les cinq épisodes de l'aventure.
Si l'interface est assez pratique, et si l'idée d'afficher les pensées qui traversent en permanence l'esprit de Mackenzie sur l'écran supérieur est excellente, il y a vraiment de quoi pester contre les déplacements. En effet, il n'est pas rare de se planter dans un environnement et de mettre un temps fou à se dégager. Par ailleurs, la transition entre les différents lieux ne se déclenche pas toujours lorsque l'on atteint le bord de l'écran. Il faut alors repartir en arrière puis se diriger à nouveau vers la sortie. C'est pénible et c'est trop fréquent. Puisqu'on évoque les lieux, précisons qu'ils ne sont pas nombreux, c'est le moins qu'on puisse dire. L'avantage, c'est que ça fait moins d'endroits à fouiller. L'inconvénient, c'est bien entendu la lassitude que le joueur ne manquera pas de ressentir en visitant pour la trentième fois le centre-ville ou la forêt. Par ailleurs, si les dialogues sont délirants, ils s'éternisent régulièrement sans pour autant se révéler utiles à l'enquête. Les fans du premier volet, cependant, feront preuve d'indulgence et nul doute qu'ils prendront plaisir à accompagner Mackenzie dans ses investigations. Cette suite a beau être exempte de toute innovation, on en redemande avec plaisir. Ne serait-ce que pour retrouver l'humour délicieusement naïfs des répliques ou l'absurdité des situations.
- Graphismes14/20
Rien n'a changé depuis l'an dernier. Mackenzie nous fixe toujours de ses yeux ronds tandis qu'elle parcours des tableaux pastels à mi-chemin entre les mangas et Tim Burton. Un design original qu'on aime ou qu'on déteste.
- Jouabilité11/20
Très classique, le gameplay point'n click est agréable au stylet mais les déplacements posent parfois problème. Par ailleurs, certaines énigmes sont carrément tirées par les cheveux et le déroulement linéaire des enquêtes nous oblige à les résoudre de la manière prévue dans le script.
- Durée de vie14/20
Les cinq épisodes qui composent l'aventure sont plutôt longs et un épisode bonus est rapidement disponible. Les collectionneurs, quant à eux, s'attacheront à compléter une liste Touch d'une cinquantaine d'entrées.
- Bande son13/20
Les musiques sont sympathiques sans pour autant faire preuve d'autant de créativité que le design.
- Scénario13/20
L'ambiance décalée et surréaliste dans laquelle on évolue fait un peu oublier l'intérêt discutable des situations et surtout le manque de profondeur des intrigues. Globalement, ça ne vole pas haut mais c'est souvent drôle pour peu qu'on apprécie le comique absurde et les mimiques naïves.
Souffrant exactement des mêmes défauts que son prédécesseur, Touch Détective ne trouvera pas audience auprès de ceux qui avaient eu du mal à accrocher au concept l'an passé. Son design unique et la folie douce qui empreignent son univers restent une fois encore ses meilleurs atouts en l'absence de toute innovation au niveau du gameplay. Ca fait un peu léger mais on peut se laisser tenter.