Annoncés il y a belle lurette par le biais d'un tout petit trailer aguicheur, l'ours brun et son piaf Kazooie s'apprêtent bel et bien à venir égayer nos fières 360, que l'on sait avant tout élevées aux frags. Après un Viva Pinata flamboyant mais relativement mal aimé par les joueurs, Rare se pose vraiment en pourvoyeur d'air frais sur la console de Microsoft et nous invite à découvrir un titre au concept atypique et à l'esthétique léchée.
Heureux qui comme Ulysse, eut l'immense bonheur de rencontrer Banjo et Kazooie sur Nintendo 64 il y a bien des lunes. Considérés à juste titre comme des softs de plates-formes au moins aussi brillants que Mario 64, les deux épisodes de Banjo et Kazooie avaient su parfaire le genre en y greffant quelques géniales trouvailles. Les petits gars de Rare, forts de leur expérience en la matière, tentent donc une nouvelle fois de faire évoluer un genre qu'ils considèrent apparemment comme stagnant. Absents depuis près d'une décade, Banjo et Kazooie se retrouvent ainsi plongés dans une toute nouvelle aventure, conditionnée cette fois par le dieu des jeux vidéo. Las de voir le plantigrade et la sorcière Grunty se crêper le chignon depuis le premier opus, cette entité suprême met au défi les deux adversaires de toujours. Contraint de réussir une série de challenges en tout genre pour prendre l'ascendant sur la vieille peau, Banjo va donc traverser une tripotée de niveaux ayant logiquement pour fil conducteur le monde du jeu vidéo. Sans tomber dans le fief de Conker, as de la caricature délicieusement cradingue, la bestiole va donc évoluer dans un univers aussi coloré que délirant. Et si les fans de la première heure s'attendaient logiquement à un titre de plates-formes rondement mené, rien ne pouvait les préparer à la nouvelle optique adoptée par Rare.
Car effectivement, comme le laisse entendre le titre de ce nouvel opus, Banjo et Kazoie : Nuts and Bolts, fait la part belle à la création de véhicules tous plus loufoques les uns que les autres. En fait, Rare estime que les joueurs passeront près de 70% de leur temps à utiliser les fameux véhicules, alors que les 30% restants donneront évidemment dans de la plate-forme plus classique. Au sortir d'un monde central dans lequel il s'agira, comme toujours dans la série, de trouver puis de débloquer des portails d'accès aux différents niveaux, notre bête à poils se retrouvera donc généralement plongée dans des environnements ouverts, propices aux envolées mécanisées. Au travers de ces décors usant d'ailleurs de la même technologie que le somptueux Viva Pinata, il s'agira donc de collecter des pièces détachées – près de 100 en tout – pour concevoir diverses montures et ainsi mener à bien vos missions. Assez performant, le système de création et de customisation (puisque pour faciliter la tâche du joueur flemmard, certains véhicules de bases pourront être découverts çà et là) permet quasiment toutes les folies, même s'il faudra tout de même respecter une certaine logique : des roues, une hélice, des ailes, une carlingue, un moteur, un réservoir, des armes, des stocks de munitions, les pièces essentielles doivent être là. Avec un peu de jugeote et quelques essais, on pourra ainsi concevoir des machines complètement loufoques aux usages variés. Voiture, camion, hélico, avion, hydravion, sous-marin ou un peu de tout à la fois, tout est possible.
Le tout s'articule au sein d'un atelier accessible à tout moment, et qui pour l'heure, ne semble pas très facile d'utilisation. A la moindre pression d'un bouton, on pourra néanmoins opérer quelques rotations et positionner les différentes pièces de manière cohérente, avant d'observer le résultat directement sur le terrain. Espérons simplement que Rare optimise un peu tout ça et nous rende une copie propre et nette, sans trop de tâches de cambouis. Mais l'heure est maintenant venue d'examiner ce à quoi ces tas de boulons plus ou moins aérodynamiques seront destinés : au cours de la très brève présentation du mode solo, un développeur fringuant s'est donc lancé dans un sympathique challenge en temps limité. Aux commandes de ce qui évoquait vaguement un pick-up, le bougre devait tout simplement collecter un quinzaine de noix de coco dans une zone indiquée sur la mini-carte, puis les ramener dans une machine probablement destinée à extirper leur substantifique moelle.
Après un premier trajet fastidieux et deux noix ramenées, hop, un petit passage rapide par le menu aura permis de faciliter nettement l'opération. Car du vieux pick-up, une hélice, une boule aimantée et un moteur adapté auront suffis à nous faire passer à un sympathique hélico. Du coup, ne restait plus à notre joueur chevronné qu'à s'élever dans les airs, activer la fameuse bouboule placée sous l'hélicoptère, agripper la machine à noix de coco, et la porter directement dans le champ où elle se chargerait alors d'aspirer toutes les noix. Encore fallait-il y penser. Pour parfaire la démonstration, le petit bonhomme de Rare, tout fier de nous montrer de nouvelles possibilités, ajouta quelques propulseurs sur son véhicule pour le transformer en avion, avant de l'affubler de bouées pour en faire une sorte de bateau.
Evidemment, tout cela devrait s'inscrire dans un contexte plus général, des missions de longues haleine et des environnements sans doute plus tortueux et plus vastes, mais là encore, il faudra nous contenter de vagues conjectures, puisque en 10 minutes de présentation, il n'était guère possible pour l'équipe de nous en montrer plus. Cela dit, tout cela fait tout de même furieusement envie. Enfin,avant de repartir errer devant un parterre de stars et d'autres grands noms du jeu vidéo, nous avons eu l'occasion de nous essayer à quelques parties multi au travers d'un des futurs modes de jeu de la bête. Elégamment nommé "Sumo", l'objectif consistait tout simplement à créer un véhicule, puis à s'en servir pour tenter d'éjecter son adversaire d'une plate-forme circulaire. Du sumo motorisé en somme. Hélas, la brièveté de la session de jeu et le concept, très basique, étaient loin d'être convaincants. Bref, il est encore trop tôt pour se forger un véritable avis sur ce que sera Banjo et Kazooie : Nuts And Bolts, mais l'ensemble possède néanmoins un sacré potentiel. Et si le changement d'orientation du gameplay risque tout de même d'effrayer les fans du genre, il est tout de même appréciable de voir que Rare donne encore une fois dans la fraîcheur, grâce à un concept qui s'éloigne largement des sentiers battus. Verdict en novembre prochain.