Avant tout, il faut savoir que Pic Pic regroupe trois épreuves indépendantes et sensiblement différentes : Labyrinthe, Dessin et MagiPic. Mais toutes les trois ont pour point commun d'être des puzzle-games où l'on met à jour un petit dessin (le titre du jeu est d'ailleurs la compression de Picture Pix). A l'instar du désormais célèbre Picross, les pixel-arts qui récompensent nos efforts sont minimalistes, et on a parfois un peu de mal à identifier ce qu'ils représentent. On trouve bien dans Pic Pic des tableaux gigantesques qui gratifient le joueur d'une image de meilleure résolution. Mais le plaisir visuel reste de toute façon bien maigre face à celui de l'accomplissement. C'est ce qui confère d'ailleurs à ce titre, comme à son modèle, son côté addictif.

Commençons donc par Labyrinthe, qui est l'épreuve la plus simple, mais aussi la moins intéressante de Pic Pic. Nous avons tous un jour ou l'autre joué à ce petit jeu au travers d'une page du Journal de Mickey. Ici, il s'agit de colorier à l'aide du stylet le chemin conduisant jusqu'à l'arrivée. Reproduit sur l'écran supérieur, le tracé laisse apparaître un petit dessin, qui se pare de belles couleurs une fois la sortie atteinte. Si on se retrouve bloqué, il suffit de revenir en arrière, la mauvaise voie prenant alors une teinte rouge. La progression se fait par essais et par erreurs ; l'épreuve ne requiert ni méthode ni réflexion, et se révèle peu stimulante au final. Il faut savoir que les labyrinthes sont – dès le départ – bien plus vastes que la portion affichée à l'écran de la DS. Or cette vision morcelée ne permet pas l'anticipation nécessaire. Plusieurs fonctionnalités (scrolling automatique, flèches de défilement, trois niveaux de zoom) sont censées pallier ce problème, sans pour autant rendre la jouabilité plus satisfaisante, d'autant que la précision offerte par le stylet est loin d'être chirurgicale. Dommage, car ce sont pas moins de 400 labyrinthes de difficulté croissante qui nous sont proposés. Et il est appréciable que même les plus tarabiscotés puissent être bouclés dans des délais raisonnables, rendant cette épreuve accessible aux plus jeunes ou aux plus pressés.

La seconde épreuve, intitulée Dessin, est sans conteste la plus convaincante. Il faut dire qu'elle est une adaptation du Logipix, bien connu des adeptes de sports cérébraux. Elle se déroule sur une grille sur laquelle sont réparties de nombreuses cases numérotées. Le principe est de relier deux chiffres identiques par une ligne d'une longueur équivalente à ce chiffre (exemple : la ligne qui relie un 6 à un autre 6 doit être longue de 6 cases). La difficulté réside dans le fait que deux lignes ne peuvent pas se couper. Il faut donc rivaliser d'ingéniosité pour parvenir à relier tous les nombres sans que les tracés se croisent. En cas d'erreur, on peut facilement effacer les tracés et reprendre. Une fois tous les chiffres reliés, on obtient une image. Dessin offre lui aussi 400 tableaux classés en plusieurs niveaux de difficulté. Parmi eux, certains font rentrer un autre paramètre en ligne de compte : la couleur (on ne peut relier que deux chiffres de la même couleur). Il ne rend pas forcément l'activité plus difficile (au contraire) et permet de renforcer l'aspect ludique puisque le dessin se colorise directement à mesure que l'on effectue les tracés. Plus difficile que Labyrinthe, Dessin offre un challenge et un plaisir comparables à celui d'un Picross.

Dernière épreuve (et non la moindre) : le fameux MagiPic. Je ne connais personnellement aucun équivalent à ce jeu qui reprend le principe du Picross et le gameplay du Démineur, en assaisonnant le tout d'une pincée de Sudoku. Il faut bien 30 minutes pour en assimiler les règles, le tutorial étant fort peu clair. Je ne me risquerai ici qu'à en exposer brièvement le concept, l'intérêt (et la complexité) de MagiPic ne se mesurant vraiment qu'en situation. Il s'agit de noircir certaines cases d'une grille truffée de nombres pour révéler un dessin. Chaque case est considérée comme le centre d'un cadre de neuf cases. Le chiffre au centre du cadre indique le nombre de cases qu'il faut y noircir... Mais lesquelles ? En effet, les chiffres se côtoient et les cadres se chevauchent, mettant nos capacités d'anticipation à rude épreuve et nos nerfs à vif. La difficulté extrême des grilles proposées condamne d'ailleurs trop souvent (et c'est regrettable) à abandonner toute tentative de méthode : on commence toujours une grille avec la ferme intention de procéder par hypothèse et déduction, mais on baisse vite les bras devant l'ampleur de la tâche, et on finit par avancer en tâtonnant et en essayant de compléter le dessin à l'aveuglette. Bref, MagiPic est l'épreuve hardcore de Pic Pic. Elle propose en tout... Eh bien oui, 400 puzzles. Comment aviez-vous deviné ?

Notons enfin que le temps mis à boucler chacun des puzzles est pris en compte, permettant à quelqu'un d'autre (ou à soi-même) d'essayer de le battre. Pic Pic dispose également d'une fonction de game sharing qui donne la possibilité d'essayer une démo du jeu. On ne s'attardera pas sur l'aspect cosmétique du titre qui est ce qu'il est – à savoir austère mais suffisant. Par contre, on aurait pu nous épargner les thèmes musicaux sirupeux qui évoquent Les Vacances de l'Amour ou Titanic. Au final, Pic Pic est un puzzle-game bien sympathique qui plaira à n'en point douter aux adeptes du genre, même si ce sont sans doute les plus persévérants d'entre eux qui en feront le meilleur usage.