Durant notre visite dans les locaux de DICE, nous avons eu l'occasion de nous pencher quelques instants sur le cas de Battlefield Heroes, un titre bien plus sérieux que son look cartoonesque pourrait le laisser supposer.
Alors qu'il aura fallu quelques années à Team Fortress 2 pour voir le jour, ce titre a déjà marqué de son empreinte graphique très spécifique un autre jeu en ligne : Battlefield Heroes développé par DICE. Dans cet opus, la référence du shoot de guerre multijoueur, généralement plutôt sérieuse, s'offre un lifting cartoon avec un style très pince-sans-rire qui, comme pour TF2, fait immanquablement penser aux productions des célèbres studios Pixar. Sans que ce soit clairement précisé par absence complète d'un quelconque scénario, le contexte nous ramène dans une période qui pourrait être la Seconde Guerre mondiale. Mais là où les choses diffèrent quelque peu par rapport à notre réalité, c'est que le camp des Alliés est devenu la "Royal Army" tandis que les forces de l'Axe ont été rebaptisées "National Army".
Pourtant, les tenues des soldats et les lignes des différents matériels qu'ils peuvent utiliser font clairement référence à ce qu'on a pu voir durant cette période sombre de l'Histoire. Du premier coup d'oeil et malgré le petit côté caricatural du rendu graphique, on sait si c'est un tank Sherman américain ou un Tigre allemand qui vient d'apparaître au détour d'un chemin et ce qu'il faut faire selon le camp auquel on appartient. Alors, qu'est-ce qui a poussé les développeurs à ne pas appeler un chat, un chat ; un G.I., un G.I. et un Nazi, un Nazi ? Sans doute le souhait de ne froisser la sensibilité de personne par des polémiques qui iraient à l'encontre de la volonté déclarée de faire fédérateur. Il serait en effet très paradoxal de faire un jeu aussi précis que les premiers Battlefield sur cette période et de la traiter sur le mode cartoon. Ainsi, rien ne pourra empêcher le plus grand nombre de joueurs de se lancer à corps perdu dans Battlefield Heroes, ni les références prêtant à débat, ni le prix. En effet, ce jeu sera totalement gratuit. Il inaugurera même la nouvelle gamme d'Electronic Arts baptisée Play 4 Free. Sa seule source de revenu ne viendra pas de sa vente ni même d'un quelconque abonnement mais de la publicité. Si vous y êtes allergique, vous voilà prévenu. Pour permettre au plus grand nombre d'accéder à leur jeu, ses créateurs ont opté pour un système de portail Internet au milieu duquel on trouvera un gros bouton flanqué d'une phrase du genre "Pour jouer, appuyez ici". Sa fonction tiendra à vous faire entrer dans une partie si Battlefield Heroes est déjà installé sur votre PC ou à lancer le processus (téléchargement, installation, etc) si ce n'est pas encore le cas. Peut-on rêver plus simple ? En plus d'offrir un accès immédiat au jeu, le portail de Battlefield Heroes servira aussi aux différentes relations avec la communauté : les forums, les sondages, etc. Aucune carte de crédit ne sera demandée, juste une adresse mail, un endroit de résidence et l'âge de l'utilisateur.
Durant la présentation, nous avons pu jouer sur une carte appelée Seaside Skirmish. Niveau décor, on pourrait se croire sur la Côte Normande ou du côté de Douvres en Grande-Bretagne. La campagne environnante est verdoyante à souhait, écrasée sous un ciel bien bleu, aplats de couleur obligent. Le mode que nous avons utilisé imposait très traditionnellement de s'emparer de points sur la carte pour faire avancer le front. Dans le jeu, chaque soldat possédera un certain nombre de capacités spéciales en supplément des armes qui seront spécifiques à l'une des trois classes proposées pour chaque camp. On pourra être au choix un "Soldat" plutôt versatile, un "Soutien" armé d'une mitrailleuse lourde, d'un fusil et d'un lance-roquettes ou encore un "Commando" plus discret et maniant aussi bien les armes à feu que le couteau. En fonction de leurs victoires, les combattants verront monter une jauge qui entoure le visage de leur avatar en haut à gauche de l'écran. En passant les niveaux, ils obtiendront divers bonus comme des balles incendiaires, une vision à rayon X servant à repérer les ennemis planqués derrière des murs ou la capacité de se soigner, etc.
L'un des éléments les plus sympathiques de Battlefield Heroes, c'est son humour qui ne se cantonne pas à son graphisme. Ainsi sera-t-il possible par exemple de prendre place sur les ailes d'un avion (un soldat sur chaque aile) et d'y rester sans problème, y compris en cas de looping. Les impacts d'obus ou de roquettes auront également tendance à transformer le troufion de base en Vil Coyote. Sous l'effet du souffle, les soldats proches se verront en effet projetés dans les airs, sans pour autant forcément mourir. Bien entendu, aucune giclée de sang ne viendra jamais illustrer les blessures subies, même si vous êtes en train de vous faire allègrement charcuter au poignard. A côté de ce délire total, certains facteurs seront bien plus réalistes comme la trajectoire en arc des obus des tanks. Il faudra donc gérer ses tirs en fonction de cela et du déplacement des ennemis. Précisons enfin que Battlefield Heroes proposera un système de gestion des niveaux des différents joueurs afin que les nouveaux venus ne passent pas leur temps à servir de cibles à des habitués forcément plus doués qu'eux. Il est clair qu'Electronic Arts et DICE veulent que ce premier jeu gratuit édité par l'éditeur américain ouvre la gamme Play 4 Free sous le signe d'un grand succès fédérateur. Le revers de la médaille de cette volonté déclarée de vouloir plaire à tout le monde tient peut-être à un petit côté "mou du genou" que nous avons décelé durant nos trois parties. Mais ce n'est qu'une toute première impression que nous réviserons peut-être à la suite de prochaines sessions de jeu que nous espérons plus longues et plus exhaustives. Dans tous les cas, si vous désirez vous faire un avis par vous-même, sachez qu'un premier trailer est d'ores et déjà disponible, enjoy.