Il n'aura pas fallu longtemps pour attendre que Jumper se téléporte des salles obscures jusque sur nos consoles. Dommage que le thème de départ, original et plutôt accrocheur, donne lieu à un jeu d'action basique et peu inspiré.
Voler, voyager dans le temps, devenir invisible... Autant de rêves fous qui ont fait les choux gras de la science-fiction, dans le domaine de la littérature et de la BD comme dans celui du cinéma. Le thème de Jumper est séduisant : et si vous découvriez un jour que vous disposez du pouvoir de téléportation, qu'en feriez-vous ? Ne me dites pas que vous ne vous êtes jamais posé la question : un tel pouvoir serait idéal pour assouvir ses fantasmes ou se sortir d'une situation délicate. Pour ma part, là tout de suite, je me transporterais sur une autre planète pour échapper au test de Jumper : Griffin's Story. Manque de bol, ce n'est que de la science-fiction.
Le jeu reprend le scénario du film sous l'angle de Griffin (qui n'est pas le personnage principal, enfin à ce que j'en ai compris). Ce jeune homme, qui possède comme tous les Jumpers le pouvoir de se téléporter à volonté, a assisté au massacre de ses parents quand il était petit. Il en recherche désormais les coupables parmi les Paladins, une société secrète qui a pour but d'exterminer les Jumpers. A l'instar d'un Max Payne (auquel Jumper emprunte quelques aspects), l'histoire nous est contée par le biais de cut-scènes au style comics plutôt bien senti, mais dont on a parfois du mal à comprendre les tenants et les aboutissants. Peu importe : Jumper est un jeu d'action pure, qui vous place d'emblée au coeur d'un affrontement contre les méchants.
Chaque niveau est constitué d'une succession de combats dont le gameplay exploite le pouvoir de Griffin. Concrètement, vous portez vos coups en vous téléportant de tous les côtés de vos adversaires, afin de les prendre par surprise. Les combats vous mettent souvent aux prises avec plusieurs ennemis à la fois : plutôt abordables en solo, ils deviennent un peu plus coriaces en groupe, d'autant qu'ils disposent d'armes de jet, ainsi que de tout un tas d'artifices pour vous immobiliser ou vous coller à terre. Dans les faits, les affrontements deviennent très vite brouillons, car les téléportations frénétiques parmi vos adversaires empêchent de développer une vraie tactique de combat : vous vous retrouvez la plupart du temps à presser les boutons d'attaque en espérant mettre plus de coups que vous n'en prenez (ce qui n'est pas trop difficile). A mesure que vous éliminez vos opposants, une jauge de puissance se remplit, jusqu'à permettre une attaque dévastatrice. Dernière chose : le jeu autorise les coups de grâce, qui consistent à saisir un adversaire et à vous téléporter dans un endroit dangereux pour l'y abandonner, à l'image des scènes fortes du film. Ces "fatalities" sont toutefois peu spectaculaires.
La majeure partie du jeu consiste donc à enchaîner les combats dans des environnements truffés d'ennemis. Le level design est peu inspiré et la progression ultra-linéaire : pour peu que vous ayez laissé un adversaire derrière vous, la prochaine porte que vous rencontrerez restera désespérément fermée. Pourtant, Jumper met parfois entre parenthèses son aspect beat'em all pour vous proposer quelques passages de plate-forme. C'est l'occasion d'utiliser votre pouvoir pour franchir un ravin ou fuir un incendie. Mais du point de vue du gameplay, cela n'apporte strictement rien : retirez une fonction classique du jeu d'action (le saut, non implémenté), transformez-là en pouvoir de téléportation, et vous tenez-là toute l'originalité de Jumper en matière de phases d'action. Et ce n'est malheureusement pas l'aspect visuel qui relèvera ce titre sans saveur : l'utilisation du cel shading assure une bonne qualité d'animation, mais les graphismes sont obsolètes et manquent d'éclat. Les effets visuels lors des combats sont notamment bien tristounets. Bref, Jumper rejoint sans surprise la masse des jeux à licence sans grand intérêt.
- Graphismes8/20
On est loin du ratage technique de la version 360, mais Jumper sur PS2 ne brille pas non plus de mille feux. La 3D est minimaliste, et les personnages comme les environnements sont vraiment fades, même s'ils ont le mérite de ne pas être trop aliasés. Les cut-scenes au style comics se laissent regarder.
- Jouabilité9/20
La jouabilité déçoit quelque peu. La maniabilité n'est pas en cause, mais la confusion qui règne lors des affrontements vous donne la désagréable impression - récurrente dans les mauvais beat'em all - de ne jamais vraiment maîtriser la situation.
- Durée de vie7/20
Hormis les affrontements contre les boss, le jeu n'est pas très difficile, d'autant que votre jauge de vie remonte automatiquement entre les combats. Il ne vous faudra pas plus d'une poignée d'heures pour boucler les 5 chapitres.
- Bande son7/20
La musique a du mal à dynamiser les combats ; de plus les bruitages et les voix françaises sont assez médiocres, même si on a vu pire.
- Scénario7/20
Le semblant d'histoire de vengeance est vraiment peu original et peu développé : aucun objectif de mission ne vous permet de savoir ce que vous êtes venu faire dans les catacombes égyptiennes ou dans un temple tibétain (hormis taper sur les méchants, bien sûr).
A peine sorti, Jumper se téléporte parmi les jeux à licence sans envergure. L'originalité du propos est noyée dans un gameplay ultra-classique et une réalisation en manque d'éclat. Cette adaptation peinera donc à satisfaire ceux qui ont apprécié le film, et suscitera l'indifférence des autres.