Ah ce qu'on est bien quand on est dans son bain ! On fait des grosses bulles, on joue au sous-marin. Et parfois, quand le taux d'humidité le permet, on peut même sortir sa DS. Entre la mousse légère et les éclaboussures, on pourra peut-être même tenter de jouer à Steel Horizon, une simulation de bataille navale qui malheureusement, se noie dans une flaque d'eau.
Premier jeu du genre sur la console portable de Nintendo, Steel Horizon ne devra peut-être sa survie dans nos rayons qu'au manque de concurrence. Pourtant, ce petit jeu de stratégie au tour par tour Seconde Guerre mondialeux aurait pu bien mieux tourner, à l'image de ce tutorial mollasson qui laissait pourtant entrevoir quelques bonnes idées. Catapulté sans ménagement à la barre d'un navire de guerre (qu'on choisira en début de partie parmi une petite sélection), le joueur devra mener une partie de l'U.S. Navy et donner la chasse (d'eau) à une marine allemande moribonde et manifestement commandée par des tanches. Axé autour d'un scénario fort divertissant, prétexte à de potentiellement mémorables bastons navales entre monstres d'aciers et coquilles de noix spécialisées, le titre de Climax Japon succombe avant tout à cause d'une I.A. en carton qui assassine soigneusement toutes ses prétentions tactiques.
Dans Steel Horizon, le joueur passe le plus clair de son temps sur une carte tactique austère divisée en cases à la manière d'un échiquier, et à partir de laquelle il fait manoeuvrer ses différents groupes d'unités. Le jeu ne vous permet d'ailleurs que de contrôler huit détachements en même temps, détachements qui peuvent accueillir jusqu'à huit bâtiments chacun. Des lourds porte-avions aux destroyers en passant par les sous-marins, les torpilleurs, les navires de réparation ou les barges de débarquement, tout finira tôt ou tard par passer entre vos mains expertes. On ne commence généralement la partie qu'avec quelques unités malingres, mais il est possible de s'emparer des ports et autres chantiers navals répartis sur la carte afin d'accroître les ressources dont on dispose. Ressources qui serviront bien entendu à construire de nouveaux jouets à en renflouer les détachements malmenés par l'ennemi. Sauf que des 14 types d'unités proposés dans le jeu, seuls trois ou quatre se montrent réellement efficaces et suffisent à faire mordre la vase à l'ennemi. Les autres ne servent que très ponctuellement et de manière fort décevante (je pense notamment aux navires de déminage et aux porte-avions). Comme indiqué précédemment, la stratégie n'a finalement pas grande influence sur la progression. En fait, un unique détachement équilibré suivi par quelques bateaux de réparation devrait théoriquement être capable de couler n'importe quoi. On se contente de déplacer lentement nos détachements sur un damier géant, de procéder à quelques échanges de vaisseaux entre les groupes pour les rendre plus performants, puis à orienter nos navires afin d'éviter qu'ils ne soient attaqués de flanc ou par derrière et subissent un malus dans les combats. Le tout passant par un menu de commandement circulaire aussi réactif qu'un lamantin.
Très vite, vous vous prendrez à faire toujours la même chose, à réutiliser encore et encore la même pseudo tactique sur des détachements adverses éparpillés et généralement moins gâtés que vous en terme de puissance brute. Steel Horizon n'offre pas assez de variété pour maintenir le joueur rivé à sa console. La campagne, composée de 20 missions longuettes (comptez une demi-heure à une heure de jeu pour chacune d'entre-elles), ne se révèle être qu'une succession répétitive des mêmes séquences de jeu. Pour tenter de remuer un peu tout ça, à chaque fois qu'une bataille prend place, le jeu bascule en un mode 3D et vous inflige 60 secondes de chaos naval pendant lesquelles on se contentera généralement de faire défiler la liste de nos bateaux et d'appuyer sur le bouton X pour déclencher des attaques spéciales. On aura également la possibilité d'influencer le mouvement de nos navires, sauf qu'avec une zone de combat très réduite et 60 secondes pour tout faire, on n'aura jamais le temps d'effectuer des manoeuvres dignes de ce nom. Pour un peu, on se prendrait presque à espérer une résolution automatique des combats. Bref, cessons-là de noircir les pages de notre livre de doléances, car vous l'avez compris, Steel Horizon aura bien du mal à étancher votre soif de stratégie.
- Graphismes8/20
Steel Horizon se caractérise avant tout par sa grande austérité. Les décors sont ternes et simplistes, même pour un jeu du genre. Les combats en eux-même sont un petit peu plus réjouissants, mais l'interface n'y est pas très claire.
- Jouabilité8/20
Possibilités tactiques quasi inexistantes, I.A. ennemie en mousse, interface peu réactive, missions trop semblables les unes aux autres, Steel Horizon accumule les défauts comme autant de petits trophées.
- Durée de vie14/20
La campagne de Steel Horizon offre 21 missions de longue haleine qu'on pourra d'ailleurs retrouver dans le pseudo mode escarmouche (qui vous évite simplement d'en passer par les cinématiques). On pourra également affronter un pote en multi-cartes, mais il faudra alors prévoir coussins et chargeurs tant les parties tendent à traîner en longueur.
- Bande son10/20
Un unique thème militaire affreusement monotone accompagne le joueur en permanence. Les bruitages sont tout juste corrects.
- Scénario13/20
L'histoire tourne autour d'opérations navales secrètes de l'U.S. Navy. C'est assez bien ficelé, mais prête souvent à rire.
Steel Horizon manque surtout de profondeur, un comble pour une simulation de bataille navale. Les mécanismes de jeu sont simplistes et l'I.A. adverse, médiocre, agit comme un frein constant. Desservi par des graphismes austères et une interface lourde et peu pratique, le titre de Climax Japon aura bien du mal à satisfaire les amateurs de stratégie.