Après un Sim City Sociétés qui n'avait de Sim City que le nom, voici un nouveau simulateur de construction urbaine. En fait, Building & Co ne joue pas vraiment dans la même catégorie, puisqu'il consiste uniquement à ériger des bâtiments, et pas une ville entière. Il s'agit donc plus d'un "building builder" que d'un city-builder, si j'ose dire.
Enfilons donc un casque de chantier et allons voir de plus près de quoi il retourne. Building & Co vous met à la tête d'une entreprise de BTP qui va devoir réaliser divers bâtiments selon des contraintes bien définies, notamment le budget alloué et le temps imparti. Eriger une banque, construire un hôtel, faire sortir un lycée de terre, bâtir un hôpital, édifier un musée sont autant de défis qui attendent le joueur dans Building & Co. Pour cela, il va falloir recruter des ouvriers, commander des machines, se faire livrer des matériaux, etc. En cela, il s'agit finalement d'un jeu de gestion plutôt classique dans ses mécanismes. Voyons en détail comment tout cela fonctionne.
La première chose à effectuer lorsqu'on débute un chantier est de faire les raccordements nécessaires : eau, électricité, égouts ou encore téléphone. Ces branchements accordent des points dans les ressources correspondantes, ce qui va nous permettre d'installer les constructions provisoires nécessaires à la bonne marche de notre chantier : bureau, magasin, réfectoire... Ces quelques préfabriqués apportent à leur tour leur lot de points de bureaux, d'outils, de nourriture et autres choses indispensables. Pas de panique toutefois, on peut très bien poser une quinzaine de raccordements de chaque type dès le départ tout le long de la palissade, et ainsi être tranquille par la suite au niveau "économique".
Une fois cette étape réalisée, on peut alors acquérir hommes, véhicules et matériaux. Pour cela, on dispose de plusieurs conseillers, chacun étant responsable d'un secteur : logistique (approvisionnement, déchets), ressources humaines, engins... Par la suite, on pourra même les remplacer par de meilleurs conseillers dotés de capacités spéciales. En cliquant sur l'icône de l'un d'entre eux, on accède aux différentes options, comme le recrutement. Les ouvriers sont divisés en plusieurs catégories : maçons, conducteurs, décorateurs ou encore techniciens. Ils ont différents niveaux de qualification, et surtout un moral qu'il va falloir bichonner pour veiller à l'avancée rapide des travaux. Chaque personne a ses préférences, il faut donc composer les équipes avec soin pour respecter les sensibilités et obtenir un groupe efficace. Enfin, divers bonus peuvent leur être octroyés : rien de tel qu'une paire de chaussures de sécurité pour les protéger ou qu'un imperméable pour ne pas les démoraliser malgré les mauvaises conditions météorologiques. Cette gestion humaine de proximité est une bonne idée et s'avère agréable à l'usage.
Mais ce n'est pas le seul paramètre à prendre en compte, loin de là. Prenons la construction proprement dite : dès la première étape, les fondations, il va falloir compter avec la profondeur de la nappe phréatique (et éventuellement pomper) ou la couche de roche. Evidemment, plus on veut monter haut et plus il va falloir creuser, histoire d'asseoir notre bâtiment sur de solides bases. Tout ceci dégage pas mal de déblai qu'il va falloir évacuer ou stocker pour une utilisation ultérieure. La zone de stockage n'est pas infinie et il faut conserver de la place pour les matériaux. Mais attention à ne pas trop anticiper les livraisons, car tous n'ont pas une longue durée de vie : du béton non utilisé sèche. Il faut donc également faire la chasse au gaspillage. Bref, je ne vais pas tous les énumérer mais il y a pas mal de paramètres à prendre en compte.
Malheureusement, cette richesse apparente n'est qu'une façade qui finit rapidement par s'effriter comme un mauvais ciment. Le parties sont vite répétitives, et on constate impuissant le manque de liberté dans la conception des bâtiments. Ainsi, seules les formes rectangulaires sont autorisées, les designers en herbe se verront refuser des structures plus audacieuses, toutes en courbes. Dans Building & Co, l'architecture est cubique ou n'est pas. Autre point perfectible, l'interface, assez bien pensée mais incomplète. Il manque par exemple un bouton pour annuler la dernière action, ou une méthode pour désélectionner rapidement (un simple clic droit aurait fait l'affaire). On manque aussi d'informations sur les (trop rares) véhicules, leur cadre restant désespérément vide de texte. Certainement un bug, le jeu n'en manque pas, des collisions aux plantages énigmatiques. Enfin, pour ne rien arranger, la réalisation, sur le plan graphique comme sonore, n'est clairement pas à la hauteur de ce qu'on est en droit d'attendre d'un builder actuel. Au final, même si tout ça ne suffit pas à annihiler totalement l'intérêt de Building & Co, ça nuit quand même pas mal au plaisir de jeu. De bonnes idées mal exploitées donc, qui laissent néanmoins entrevoir un certain potentiel. Au prochain essai peut-être ?
- Graphismes8/20
N'y allons pas par quatre chemins : Building & Co est laid. Les textures sont moches, les bugs de collisions sont légion, l'aliasing omniprésent, à moins de bidouiller les fichiers de configuration pour activer l'anti-crénelage. Il faudra aussi en passer par là pour modifier la résolution... Pas vraiment acceptable.
- Jouabilité11/20
Le jeu est plutôt riche en possibilités... Au début. Cependant, les limitations montrent vite le bout de leur nez, notamment au niveau de l'architecture toujours cubique. Dommage qu'un peu plus de fantaisie dans les formes ne soit pas autorisée. L'interface est plutôt claire et bien conçue, mais quelques manques se font tout de même sentir.
- Durée de vie10/20
Une vingtaine de missions sont disponibles, proposant une grande variété de bâtiments à construire. Mais malgré les différences à prendre en compte d'une commande à l'autre, comme les spécificités du sous-sol ou le niveau de confort requis, il est souvent nécessaire de réaliser les mêmes actions, rendant le gameplay inévitablement répétitif.
- Bande son5/20
Minimaliste est le mot qui convient pour qualifier cette bande-son : pas de musique, quelques rares effets ou bredouillements des ouvriers et c'est tout.
- Scénario/
Il y a de l'idée dans ce Building & Co, c'est indéniable. Le gameplay est plutôt agréable, mais manque finalement de profondeur, et ce n'est pas la réalisation d'un autre âge qui viendra compenser ces lacunes. Bref, Creative Patterns peut mieux faire, doit persévérer, continuer ses efforts et on l'espère concrétiser les promesses aperçues dans un nouvel épisode.