A chaque fois que sort un jeu estampillé Hugo, c'est tout un pan de culture télévisuelle qui ressurgit. Les jeux par téléphone, les voyages à gagner, la belle Karen Cheryl... Que de souvenirs ! Aussi, quand on voit ce qu'il est devenu, on se dit qu'Hugo aurait mieux fait de rester dans les tréfonds de nos mémoires.
L'histoire est un grand moment d'absurdité. Geekdorph, le Seigneur des robots, veut donner naissance à une nouvelle ère où les boîtes de conserve régneraient en maître après avoir réduit l'humanité en esclavage. Heureusement, le chef de l'agence d'espionnage R.I.S.K. dispose d'une arme de choix en la personne de Hugo, son agent secret le plus expérimenté. Grâce à un système de téléporteurs répartis dans l'agence, Hugo va pouvoir se rendre dans plusieurs endroits de la ville, mais aussi en Egypte et dans l'espace (sic) afin de lutter contre les robots de Geekdorph. Il ne sera pas démuni car il dispose du TEX 2000, un hoverboard (planche de surf volante) doté de la toute dernière technologie. Voilà pour le scénario. Reste à espérer que le scénariste a été grassement rétribué pour avoir pondu une histoire aussi édifiante.
Agent Hugo Roborumble est un jeu de courses qui s'apparente un peu à Wipeout de par son principe. Le joueur contrôle Hugo qui, perché sur son hoverboard, file à toute vitesse sur des pistes de courses truffées d'ennemis et de pièges. Il existe trois types de courses différents. Leur point commun est d'obliger Hugo à effectuer plusieurs tours de piste, mais leur finalité varie. Dans "Course à points", il s'agit de ramasser un certain nombre de boules d'énergie disséminées tout au long du circuit. Dans "Contre la montre", il faut boucler 3 tours dans le temps imparti. Enfin, "Destruction de robots" nécessite que l'on dégomme un certain nombre de robots présents sur la piste. Quel que soit le type de course, Hugo ne peut pas descendre de sa planche, ni même revenir en arrière : tous les objectifs (y compris l'éradication d'ennemis) doivent être remplis alors qu'il est lancé à pleine vitesse dans des niveaux bourrés de pièges aussi vicieux les uns que les autres.
Afin d'étoffer un peu le gameplay, les développeurs ont muni l'hoverboard de trois modes entre lesquels il est possible d'alterner à tout moment : protection, accélération et saut. Chacun de ces modes change la couleur de la planche, et permet à Hugo d'activer les carrés associés qui parsèment des niveaux. Activer un carré vert permet de bénéficier d'un bouclier provisoire, activer un carré bleu procure une accélération foudroyante pendant un court instant, et enfin activer un carré rouge propulse Hugo dans les airs. A noter qu'il est possible de détruire les ennemis soit en leur fonçant dans le lard muni du bouclier, soit en leur tirant dessus après avoir ramassé les munitions adéquates. Le gameplay consiste donc à alterner entre les trois modes de l'hoverboard pour franchir les pièges et pulvériser les robots rencontrés. C'est pour ainsi dire peu passionnant, d'autant que les niveaux font preuve d'un manque d'inventivité flagrant.
Le faible nombre de circuits (il y en a 9 sans compter le boss final) pourrait conduire à boucler le titre très rapidement. C'est pourquoi les développeurs, dans leur grande mansuétude, ont boosté à l'extrême la difficulté de leur jeu afin d'en décupler la durée de vie. Agent Hugo Roborumble est dur, très dur. Il faut parfois une bonne dizaine d'essais avant de pouvoir franchir un niveau. On s'énerve constamment car cela va si vite que l'on a rarement le temps d'alterner comme il faut entre les différentes fonctions de la planche pour éviter les pièges. En outre, ces derniers étant alternativement actifs ou inactifs lorsqu'on les croise, y tomber ou pas revient souvent à du pur hasard. Les commentaires horripilants de Hugo à chaque fois qu'il en est victime ("Eh, j'ne suis pas un poulet rôti !", "Je ne mangerai plus jamais de crêpes !"...) devraient avoir raison de la patience des plus zen.
Que dire enfin de la réalisation, si ce n'est qu'elle est absolument catastrophique. Les environnements et les différents robots sont d'une laideur la plus totale. La soi-disant utilisation du moteur Havok provoquera l'hilarité de quiconque se sera essayé à heurter un banc de sable, Hugo s'arrêtant net au son d'un "bong !" mémorable. Bref, devant l'indigence du gameplay et le désastre technique, tout joueur sain d'esprit et de corps fuira à toutes jambes. Même les plus jeunes ne s'y laisseront pas prendre, ou finiront du moins par jeter l'éponge face à la difficulté extrême du titre. Agent Hugo Roborumble n'a vraiment rien pour lui.
- Graphismes5/20
L'ampleur du désastre laisse sans voix. Les décors sont hideux, les personnages sont moches, l'animation ratée. Seule l'impression de vitesse tient à-peu-près la route, et encore...
- Jouabilité7/20
Le gameplay famélique s'accommode sans peine du pad PS2. Mais l'hoverboard est peu maniable lancé à pleine vitesse, et la difficulté du titre est telle qu'on s'arrache constamment les cheveux.
- Durée de vie4/20
On se gardera bien de prendre pour une forme de challenge ce qui n'est qu'un mauvais réglage de la difficulté, boostant indûment la durée de vie d'un titre très pauvre en termes de contenu.
- Bande son5/20
Les thèmes musicaux pénibles côtoient des bruitages ridicules et les insupportables commentaires de Hugo et de Geekdorph.
- Scénario3/20
Pris au trente-et-unième degré, il est susceptible de faire sourire, c'est au moins ça.
On se demande parfois comment les éditeurs peuvent oser sortir des jeux comme Agent Hugo Roborumble. Doté d'un gameplay sans intérêt et d'une réalisation calamiteuse, ce jeu se permet de proposer une difficulté très importante pour gonfler impunément sa durée de vie. A éviter à tout prix.