Nombreux sont les éditeurs à vouloir profiter de l'engouement actuel pour les jeux d'équitation. Sponsorisé par une ex-championne anglaise, Le Challenge Equestre de Lucinda Green opte pour la simulation réaliste tout en proposant un gameplay simple, accessible à un large public. Le pari est osé, et le résultat plus que mitigé.
Face à la déferlante actuelle de titres dans le genre, deux options s'offrent à qui veut développer un jeu d'équitation. La première est de le doter d'une dimension "aventure", dont est friand le public visé, mais au risque de voir son titre rester dans l'ombre de la série Alexandra Ledermann. La seconde est de prendre le contre-pied de cette tendance, et d'axer son jeu sur la simulation pure. C'est cette option qu'a choisi IR gurus, le développeur du Challenge Equestre de Lucinda Green. Ce titre vous permet d'incarner un cavalier désireux de briller dans les plus prestigieuses compétitions internationales. Pour y parvenir, vous devez vous occuper de votre cheval et vous entraîner dans les trois épreuves que vous retrouverez en compétition : le saut d'obstacles, le dressage et le cross country.
Pour commencer, vous devez créer votre cavalier. L'éditeur de visages ne regorge pas de possibilités, et vous aurez bien du mal à obtenir votre véritable alter ego, mais les options de personnalisation restent suffisantes. De toute façon, vous n'apercevez votre cavalier que durant les phases d'équitation proprement dites, le reste du jeu consistant à naviguer de façon impersonnelle à travers un système de menus. Puis il vous faut bien entendu créer votre destrier. On vous donne le choix entre un pur-sang, un sang chaud ou un cheval de sport irlandais. Cela n'affecte hélas aucunement la représentation de votre monture, mais cela influe sur ses caractéristiques de départ. Ces dernières sont représentées sous la forme de statistiques (vitesse, saut, endurance) que vous pouvez faire évoluer en leur attribuant les points gagnés au fil des compétitions. C'est sans doute là l'aspect le plus intéressant du jeu, bien que ses effets réels lors des épreuves soient des plus obscurs. Une fois votre cheval créé, Lucinda Green, votre mentor, vous apprend à vous occuper de lui. Ces phases de soin, dont il faut s'acquitter régulièrement, sont vraiment peu intéressantes, et bien loin de ce que peut proposer Alexandra Ledermann en la matière. Elles consistent à passer la souris sur les flancs du cheval pour le caresser ou le brosser, et à cliquer sur "donner à boire" ou "donner à manger" pour le nourrir. On est bien loin des rapports de confiance poignants entre le cavalier et sa monture, mis en valeur dans d'autres jeux du genre. D'un autre côté, la chose est claire : Le Challenge Equestre se veut un jeu de sport avant tout. Pour remporter des trophées, il va donc falloir s'entraîner dur. Lucinda ne vous laisse d'ailleurs accéder aux premières compétitions que si vous lui prouvez votre talent au fil des entraînements proposés.
Vous retrouvez tout au long du jeu les trois mêmes épreuves, que ce soit en entraînement ou en compétition. Le dressage d'abord, au principe aussi simple que pénible : il s'agit d'appuyer sur une série de touches fléchées, en rythme avec une musique pour le moins horripilante. Pendant que vous reproduisez ces combinaisons, vous voyez votre monture effectuer une série de figures (marche circulaire, petit trot, salut...). Vos erreurs vous confèrent des pénalités, mais n'ont aucun effet sur cette performance visuelle. Pour un jeu qui se veut réaliste, ce gameplay est absolument hors de propos. Le saut d'obstacles est heureusement d'un autre acabit, même si la simplicité est là encore de mise : les empreintes sur le sol vous indiquent la trajectoire idéale, et face à l'obstacle on vous avertit lorsqu'il faut presser la touche de saut. Il vous est certes attribué des pénalités en cas de faute (chute d'une barrière par exemple), mais il suffit de ne pas aller trop vite pour s'en sortir sans la moindre difficulté. Le challenge est donc inexistant. La seule épreuve vraiment intéressante reste le cross country, dans laquelle vous devez galoper le plus rapidement possible tout au long d'un parcours ponctué d'obstacles à franchir (gués, troncs d'arbres, barrières...). C'est aussi la plus difficile car la plus technique en termes de gameplay : il faut galoper dans les lignes droites, passer au trot à l'approche de l'obstacle puis accélérer à nouveau avant de sauter... Le temps, qui joue contre vous dans cette épreuve, vous oblige à aller vite tout en mesurant la prise de risques. Hélas, cette phase de jeu qui propose enfin un vrai challenge aux cavaliers en herbe, voit son intérêt anéanti par une jouabilité désastreuse. Pour commencer, l'impossibilité de reparamétrer les touches très mal pensées de cette version PC rend le contrôle de votre canasson particulièrement pénible dans ces phases de jeu. En outre, la caméra, bien trop proche de votre cavalier, rend plus que délicat l'enchaînement de plusieurs obstacles, les suivants se trouvant souvent hors de votre champ de vision. Et comme il n'est pas possible de s'entraîner sur le parcours avant de débuter la compétition, plusieurs essais vous sont souvent indispensables pour vous en dépêtrer. Dommage, le cross country était sans doute l'épreuve la plus séduisante du lot.
Toutes les compétitions fonctionnant sur le même modèle, vous ne participerez qu'à ces trois épreuves d'un bout à l'autre du jeu. Nul besoin de dire que l'ennui s'installe confortablement au bout d'un moment, et que ce ne sont pas les quelques bonus débloqués (éléments de sellerie et d'harnachement, tenues supplémentaires, gâteries pour votre cheval...) qui sauront combler ce manque de variété préjudiciable. Après avoir remporté les compétitions 2 étoiles, vous aurez accès aux 3 étoiles, puis aux 4 étoiles... Le tout sur seulement quatre sites différents, les parcours changeant mais pas les environnements. L'aspect graphique est donc lui aussi répétitif, outre d'être d'une beauté toute relative. Votre cavalier et son destrier sont correctement modélisés, mais bénéficient d'animations bien trop rigides pour êtes vraiment réalistes. Les environnements traversés sont de qualité très inégale : les objets 3D, tels que les obstacles et les végétaux, ne sont pas trop mal représentés, mais les décors incluent aussi des objets 2D (fond, spectateurs) proprement hideux. Au niveau sonore, ce n'est pas non plus la panacée. Le bruit de galop de votre cheval, par exemple, varie en fonction du type de sol foulé, mais n'est pas du tout convaincant. Bref, le jeu ne brille pas plus au niveau de la forme que du fond. Le parti pris d'une simulation réaliste était intéressant, mais c'était sans compter le manque d'efforts des développeurs pour proposer un titre attrayant et techniquement au point.
- Graphismes9/20
Un certain effort a été fait sur les modèles 3D et la qualité des textures. Mais les animations sont peu crédibles et les décors oscillent entre le moche et l'acceptable. On regrettera aussi que l'impression de vitesse du cheval au galop soit si peu convaincante.
- Jouabilité7/20
Simpliste dans certaines épreuves, ardue dans d'autres, c'est sans doute l'aspect qui déçoit le plus étant donné les prétentions du titre. Il est de surcroît parfaitement inacceptable que les touches ne puissent pas être paramétrées dans cette version PC.
- Durée de vie7/20
Le Challenge Equestre de Lucinda Green manque de contenu et se révèle hautement répétitif à long terme. La possibilité de débloquer des bonus et de posséder jusqu'à six chevaux différents n'y change rien.
- Bande son8/20
Les mélodies sucrées qui accompagnent votre progression sont plutôt sympathiques mais deviennent vite assommantes à force de tourner en boucle. Les bruitages se font quant à eux beaucoup trop discrets et leur manque de réalisme déçoit beaucoup.
- Scénario/
Jamais Le Challenge Equestre de Lucinda Green ne parvient à trouver un juste équilibre entre ses ambitions de simulation pure et sa volonté d'accessibilité à un large public. L'absence de challenge dans certaines épreuves et la jouabilité plus que douteuse dans d'autres, assorties d'un manque de variété dommageable, risquent de laisser de marbre les jockeys en herbe, qui préféreront s'en retourner à leur série fétiche Alexandra Ledermann.