Désirant profiter une fois encore de sa série phare, Capcom nous pond un nouveau Resident Evil, sur Wii, en attendant le "cinquième" opus sur Xbox 360 et PS3. Mais plutôt que de miser sur un épisode classique, la société japonaise opte pour la solution de facilité en développant un titre dans la veine d'un Time Crisis-like ou d'un Gun Survivor. Oubliez la troisième personne, oubliez la liberté de mouvements, ici, le but du jeu est de viser, et de viser juste.
Comment présenter ce Resident Evil : Umbrella Chronicles qui n'est finalement qu'une relecture de la saga sous forme de jeu de tir en vue subjective ? Cette question, Capcom a dû se la poser et s'en délester après quelque temps en choisissant sciemment la simplicité au triturage de méninges. Le résultat est donc un titre qui revient sur trois des épisodes de la saga en nous proposant de glaner quelques informations scénaristiques absentes des jeux originaux. Pour la peine, celui ou celle qui attendait Umbrella Chronicles pour son scénario sera tour à tour ravi d'en apprendre un peu plus sur le personnage le plus emblématique de la saga, Albert Wesker, et déçu par une histoire qui n'apporte absolument rien à la série en elle-même. Plus étonnant encore, ce choix délibéré de Capcom de revenir au shooter en vue subjective qui renvoie bien évidemment à la série bâtarde des Gun Survivor qui, exception faite de Resident Evil : Dead Aim, n'a jamais brillé par sa qualité. Oui, oui, je sais, nous sommes sur Wii et vous comprenez, ce serait dommage de passer à côté d'un tel jeu vu que la maniabilité de la console s'y prête volontiers. C'est vrai mais le problème est qu'Umbrella Chronicles, malgré quelques points forts, s'emmêle les Wiimotes et nous sert une vision réchauffée de titres qui ont pourtant marqué leur époque.
Le premier point sur lequel je m'attarderai concerne le scénario. Ici, il est simplement question de revenir sur ce qui s'est déroulé durant les épisodes antérieurs. De fait, le jeu est constitué de quatre chapitres distincts composés de plus ou moins de niveaux. Il faut d'ailleurs savoir qu'en débloquant certains d'entre eux vous aurez droit à des scenarii parallèles durant lesquels vous pourrez notamment incarner Wesker. Ceci dit, le gameplay restant strictement le même (hormis les contre-attaques propres à chaque personnage), seuls quelques plans fixes nous renseigneront sur ce qui est arrivé à notre "nemesis" préféré. Pour le reste, le premier chapitre se déroule durant Resident Evil Zero, le second lors du Rebirth (soit le remake du premier Resident Evil), le troisième s'attarde sur Resident Evil 3 alors que le dernier chapitre se passe quelques années plus tard, en 2003 (les trois précédents se situant en 1998). Au sujet de l'ultime chapitre, on pourra trouver étrange que les scénaristes aient repris quelques éléments scénaristiques du film de Paul W.S. Anderson (comme l'IA répondant au nom de la Reine Rouge), le tout ayant parfois des airs de patchwork improbable. Quoi qu'il en soit, Umbrella Chronicles se fait fort de nous rencarder sur la chute de la société pharmaceutique mais au final passe plus de temps à nous ressasser des événements connus de tous qu'à éclairer notre lanterne.
Si chaque épisode est lié à un segment différent de la saga, il profite également d'un duo de personnages spécifiques. Dans ces conditions, il sera question d'incarner Rebecca Chambers et Billy Coen, Chris Redfield et Jill Valentine, Carlos Oliveira et Jill à nouveau et enfin Chris et .... Heu... Jill. Comme je le précisais plus avant, le gameplay ne change pas d'un personnage à l'autre puisque le principe est, je le rappelle, de balader un viseur à l'écran en tirant sur tout ce qui bouge ou plutôt ce qui ne devrait plus bouger. Néanmoins, hormis ce principe vieux comme le monde, Umbrella Chronicles propose un bon panel d'armes, customisables qui plus est. Tout dépendra alors du nombre de points que vous récupérerez à la fin de chaque stage. En gros, meilleur sera votre score, plus important sera votre total de points. Ensuite, il suffira d'utiliser cette manne pour améliorer vos bébés préférés. Sur ce point, il est à noter que s'il est possible de choisir deux armes en début de mission, parmi celles que vous aurez au préalable débloquées, vous pourrez après coup, récupérer du matos supplémentaire à l'intérieur du niveau traversé. Ceci m'amène d'ailleurs à vous parler de l'intéractivité du soft.
Le genre auquel appartient Umbrella Chronicles étant immanquablement synonyme de liberté réduite, vos mouvements sont des plus limités. En somme, il suffira de diriger le curseur à l'écran, vos déplacements se faisant automatiquement. En passant, bien que le jeu puisse se jouer au Wii Zapper, sachez que ce test a été entièrement réalisé avec la Wiimote et le Nunchuck. Bref, revenons à la jouabilité qui propose de tirer par une simple pression sur le bouton B, d'utiliser un couteau en laissant appuyée la touche A puis en agitant la Wiimote ou de balancer une grenade en combinant touches A et B. Le Nunchuck, lui, est un peu en retrait vu qu'il ne sert qu'à changer d'arme en utilisant le bouton C. Signalons quand même que le stick peut être mis à contribution pour tourner légèrement la tête afin de dénicher des objets cachés dans le décor. Sur ce point, si les armes et autres herbes régénératrices sont des plus visibles, n'oubliez pas que plusieurs éléments peuvent être détruits afin de récolter des munitions ou des archives, synonymes de révélations en tout genre sur les protagonistes de la série. Pour en terminer avec la maniabilité, et pour ceux et celles qui se le demandent, le rechargement peut se faire de manière automatique ou en agitant rapidement la Wiimote de haut en bas.
Finalement, la jouabilité ne se montre pas plus capricieuse que cela mais d'un autre côté, elle n'a rien de particulier vu que les mécanismes de Gun Survivor sont ici réutilisés tout en profitant de la maniabilité "Wiiesque". En parlant de mécanismes, on citera aussi les inévitables actions contextuelles qui sont mises en avant à des endroits bien précis pour esquiver l'attaque d'un monstre ou éviter un danger lié à l'endroit où on se trouve. Cependant, cette astuce ne fonctionne pas aussi bien que dans Resident Evil 4 (auquel les développeurs ont piqué sans vergogne la séquence où il faut éviter des lasers tout en la replaçant dans un des lieux du premier long-métrage) et il n'y a aucun effet de surprise dans le sens où un flash noir & blanc nous avertit qu'un de ces passages va avoir lieu. Au final, seules les contre-attaques, basées sur le même principe d'actions contextuelles, restent marrantes même si on s'en lasse rapidement. Loin de moi l'idée de critiquer une quelconque répétition de l'action (sachant que c'est un peu le coeur du jeu de tir) mais ce qui fait par contre défaut à Umbrella Chronicles tient au manque de variété dans les situations proposées et son action souffreteuse.
Beaucoup moins dynamique qu'un Time Crisis, le titre de Capcom nous assène continuellement d'ennemis avec une précision de métronome. Dès lors, que ce soit seul ou à deux, la lassitude se fait sentir arrivé à la moitié du jeu. On aura beau exploser des bidons d'essence pour faire le ménage, utiliser un fusil à pompe, un lance-roquettes, un uzi, rien n'y fait, on s'ennuie. Heureusement que les combats contre les boss rattrapent le tout et offrent aux joueurs des moments vraiment intenses. De plus, trois niveaux de difficulté augmentent le challenge qui reste plus corsé qu'un Resident Evil de base. Les ennemis gagnent en résistance à mesure qu'on avance, les Hunters se comptent par quinzaine (même si parfois, on frise le risible devant ces monceaux de créatures s'accumulant sous nos pieds), les zombies plus agressifs (reconnaissables à leur teint rougeâtre et leurs griffes) se font plus nombreux et si on peut utiliser un spray pour ressusciter une seule et unique fois, sachez garder des munitions en réserve au cas où. Néanmoins, le système de checkpoints évite de devoir se retaper un niveau entier afin de ne pas trop brider le plaisir. D'ailleurs, si vous accrochez à cet opus, rien ne vous empêchera de le reprendre plusieurs fois histoire de passer par les quelques embranchements disponibles. Mais qu'on ne s'y trompe pas, malgré ces multiples itinéraires, Umbrella Chronicles reste un Resident Evil mineur. Une sorte de voie de garage qu'emprunteront ou non les usagers en fonction de leur affinité avec la société Umbrella.
Notez que pour des raisons de commodité (et d'avancée), ce test a été réalisé à partir de la version américaine du jeu d'où les textes anglais. La version française, disponible d'ici la fin de semaine, devrait disposer de sous-titres français.
- Graphismes13/20
Si on retrouve une modélisation proche de celle de Resident Evil Rebirth, on ne peut pas vraiment dire qu'Umbrella Chronicles soit un des plus beaux jeux de la Wii. De plus, il est dommage que les développeurs aient choisi la solution de facilité consistant à reprendre les décors de Resident Evil 0, Rebirth et Nemesis tout en offrant tout de même des environnements "inédits" lors du dernier chapitre ainsi qu'un bestiaire regroupant la quasi-intégralité des monstres de la saga.
- Jouabilité15/20
Simple voire simpliste. La Wiimote sert à bouger le viseur et à tirer alors que le Nunchuck permet de choisir rapidement ses armes et d'incliner légèrement la tête pour trouver des objets cachés. A part ça, on avance sur des rails comme dans n'importe quel Time Crisis et quelques actions contextuelles empruntées à Resident Evil 4 permettent de contre-attaquer ou d'esquiver. A noter également une customisation d'armes à l'aide d'un système de points engrangés en fonction du rang obtenu à la fin de chaque chapitre.
- Durée de vie11/20
Une vingtaine de chapitres pour un jeu qui demande environ entre 6 et 7 heures, en fonction du niveau de difficulté choisi. La possibilité de jouer l'aventure en coop, ainsi que plusieurs embranchements gonflent un peu la longévité du titre mais malgré une difficulté exponentielle, on en fait vite le tour, surtout si on gère bien ses armes. Précisons enfin qu'il est possible de débloquer pas mal de fichiers cachés (dans des objets destructibles, derrière des tableaux, etc.) qui vous en apprendront un peu plus sur les personnages ou les événements vécus par ces derniers.
- Bande son13/20
Le doublage américain de rigueur, avec des voix qui ne dépareillent pas face à celles des autres opus. Wesker dispose toujours de ce timbre caractéristique d'outre-tombe, les zombies râlent encore plus et les Hunters couinent comme des donzelles à qui on aurait confisqué leurs cartes Gold. Pour ceux qui se posent la question, ce test a été réalisé à partir de la version US du jeu, mais hormis des textes français, la mouture Pal devrait conserver les voix américaines.
- Scénario11/20
Umbrella Chronicles dispose de quelques scénarii Bonus nous proposant de découvrir, notamment, comment Wesker s'est échappé du manoir à la fin du premier Resident ou a obtenu ses pouvoirs. Si on pourra être étonné de retrouver des éléments scénaristiques du long-métrage de Paul W.S. Anderson, c'est surtout la frustration qui est de mise sachant que l'histoire n'est finalement qu'une sorte de résumé de toute la saga, à l'image du Wesker's Report. Bon plan pour ceux qui découvrent Resident Evil, mauvaise pioche en revanche pour ceux qui espéraient y découvrir quelque chose de vraiment inédit.
Umbrella Chronicles, sans être un mauvais jeu, n'est au final qu'un Gun Survivor de luxe. Cependant, il se révèle moins bon que Dead Aim, loin derrière Resident Evil 4, et offre une durée de vie limitée malgré la possibilité de jouer en coopératif. Moins dynamique qu'un Time Crisis, manquant d'originalité et surtout rapidement lassant, cet épisode de la saga phare de Capcom propose quelques éléments scénaristiques inédits, malgré l'aspect "résumé" de l'ensemble, ainsi qu'une nouvelle approche, plutôt jouissive, dans la façon de battre des boss bien connus de tous. Un titre à découvrir ou à collectionner mais quant à le recommander...