La série des NFS n'en est pas à son premier tournant. Most Wanted ou Carbon étaient déjà aux antipodes des débuts de la franchise. Pourtant, elle entre dans une toute autre dimension avec ce ProStreet qui met de côté les guéguerres entre gangs ou les courses-poursuites avec les forces de l'ordre. Place donc à des événements moins barbares, de véritables shows qui vont faire de vous le roi des kékés, celui qui burne plus que le voisin et que les hôtesses dénudées vont plébisciter.
Dans l'esprit, Need For Speed est toujours le jeu qui met en lumière celui qui a la plus grosse. Si les environnements quasi désertiques tranchent sans commune mesure avec l'univers nocturne de Carbon ou l'ambiance automnale d'un Most Wanted, la base est la même. Vous occupez votre temps libre à tuner et à faire vrombir le lion qui se cache sous votre capot dans une foule qui n'attend que quelques gestes provocateurs ou des burns infinis. On est donc en plein dedans... Pourtant, et ce pour la première fois depuis quelques années, la série emprunte une trajectoire bien distincte de ses aînés. On n'explore plus les quartiers d'une ville aux prises à des querelles opposant de farouches pilotes entre eux ou à des flics un peu dépassés par les événements. Ici, il est plutôt question de battles et d'enchaînements d'épreuves sur circuits fermés, vides de tout urbanisme et de circulation civile. Et donc forcément, out le scénario ou presque, adieu les cinématiques où Kévin vous défie en personne afin d'impressionner Kévina et sa forte tendance à aimer le rose. Et c'est tant mieux.
Mais ce n'est pas tout. Le gameplay est certainement le premier à avoir connu une profonde refonte qui jure considérablement avec ce que l'on connaît de la série. Si le tout demeure évidemment très arcade, les équipes de développement ont souhaité apporter un brin de réalisme supplémentaire qui vous forcera même à freiner, ce qui n'a pas toujours été le cas récemment. Et clairement, les premiers tours de roues sont déconcertants, les voitures donnent l'impression de tourner autour d'un axe incroyablement rigide, ce qui entraîne irrémédiablement des freinages en ligne et beaucoup, beaucoup moins de dérapages ou de virages pris à l'arrache au dernier moment. Une conduite moins souple donc, des caisses qui peinent à virer ou à se décaler d'une courbe rectiligne... Un gameplay franchement moins prenant même s'il gagne en intérêt au fur et à mesure que le joueur débloque des bolides dont la puissance dépasse les 600 chevaux... L'impression de vitesse a de son côté diminué, que ce soit volontairement ou non, même en pleine utilisation de nitro. Une sobriété qui ne va pas du tout avec une série qui avait certes tendance à exagérer les effets et à placer des étincelles aux quatre coins de l'écran mais dans une intention pourtant louable. Du coup, ce NFS-là n'a que peu de saveur et patine avant de proposer un semblant d'intérêt par l'intermédiaire de ses nombreuses catégories de courses.
Car une fois que vous avez compris comment fonctionnaient ces menus tantôt très clairs tantôt bordéliques au possible, un petit paquet d'épreuves s'offrent à vous. On retrouve donc les Grip (courses classiques), les Contre-la-Montre, les Courses aux segments (contre-la-montre sur circuits divisés en portions), le Drift, le Sprint 400 et 800 mètres (même principe que les dragsters, l'objectif est de placer une accélération violente et éphémère), les Défis Vitesse maxi (reprenant le concept des courses radars), les Maxi Défis (course sur route d'un point A à un point B) et surtout les risibles Concours de roue arrière... Oui, oui, roue arrière avec une voiture. C'est le résultat d'un mélange de bolides surpuissants et d'une imagination un peu trop débordante des développeurs qui ont sans doute logiquement voulu injecter une dose de fun bien absente du reste des épreuves. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, les quatre roues sont capables de rouler sur leurs deux roues arrière sur une certaine distance pour peu que vous embrassiez le timing parfait au démarrage, là aussi placé sous le signe d'une surpuissance du moteur. Attention tout de même aux explosions de celui-ci puisqu'à l'instar des sprints 400 et 800 mètres, vous devez passer les vitesses vous même et un léger retard peut contribuer à cramer littéralement votre moteur...
En Carrière, ProStreet est donc une succession d'épreuves issues des types précédemment cités et qui constituent des battles à débloquer donc un à un. A partir de là, le joueur remporte sommes d'argent et récompenses diverses comme des pass qui pourront permettre de réparer les voitures. Car plus que jamais, les dégâts sont modélisés et ont une influence directe sur le comportement de la voiture dans la mesure où la tolérance n'est pas infinie. Comprenez qu'un véhicule totalement détruit ne pourra plus défendre ses chances et votre week-end de courses se terminera immédiatement. Mais là encore, entre arcade et réalisme, les développeurs prouvent qu'ils ne savent pas vraiment sur quel pied danser puisqu'il faut clairement avoir trois gros accidents pour ne plus pouvoir rouler... D'autres types de pass sont intéressants dans l'évolution de la Carrière comme ceux qui débloquent carrément des voitures ou des pièces à installer pour booster les performances des bolides de votre garage. A ce sujet, notez que le tuning est toujours présent dans Need For Speed puisque le joueur peut débloquer des kits complets de performances ou améliorer sa caisse point par point, du moteur aux pneus en passant par la transmission, les suspensions, le freinage et bien d'autres encore. La customisation visuelle est elle aussi au rendez-vous bien que moins poussée que dans Carbon pour ne citer que lui.
- Graphismes13/20
EA a changé ses habitudes. Et si l'on avait le tic d'ironiser sur la surenchère d'effets visuels des précédents volets tout en admettant sa grande qualité technique, ce ProStreet est timide et n'impressionne à aucun moment. La modélisation des dégâts est un plus non négligeable qu'apprécieront les amateurs de tôle froissée mais ne suffit pas à inverser la tendance qui est plutôt à la déception malgré de jolis modèles et un très bon choix de couleurs.
- Jouabilité12/20
Un gameplay rigide, sans trop de variété et parfois totalement surréaliste. NFS a fait l'effort de prendre des risques, ce qui n'avait plus été le cas depuis des années mais ne voit pas ses efforts récompensés. On ne reconnaît plus vraiment la jouabilité arcade mais finalement bien fun d'un Carbon ou d'un Most Wanted en dépit de sa grande accessibilité et du gain en réalisme au moment des freinages.
- Durée de vie13/20
Il vous faudra de nombreuses heures avant d'avoir "dominé" tous les jours de courses de ProStreet. Cependant, le gameplay a lui seul rend le tout un peu répétitif et assez plat... D'autant que sur PS2, nous ne retrouvons ni Online, ni courses rapides.
- Bande son12/20
Là encore, la tendance est à la régression puisque l'on ne reconnaît pas vraiment les excellentes sonorités des opus passés. Si l'ambiance est assurée par des speakers et quelques vrombissements de moteur, le tout n'est pas au niveau espéré.
- Scénario/
Une déception que ce ProStreet. Fade, répétitif, parfois en total décalage avec la série, il sonne comme une fausse note au milieu d'une partition imparfaite mais souvent bourrée de personnalité et fun à jouer. Le besoin de changement de la série n'a pas engendré l'évolution escomptée et même les plus fidèles devront se poser la question avant d'investir dans cet énième NFS. Toutefois, il demeure une alternative aux autres jeux d'arcade du support et conserve certains points forts comme son tuning ou la variété des épreuves.