Cela va faire près d'un an que Neverwinter Nights 2 est sorti. Meilleur que le premier épisode pour les uns, décevant pour les autres, rarement un jeu aura autant partagé la communauté des rôlistes. Et il faut bien avouer que malgré ses nombreuses qualités, Neverwinter Nights 2 était aussi affublé de quelques tares énervantes, que cette première extension, Mask of the Betrayer, va tenter de corriger.
C'est en effet l'impression qui ressort dès l'ouverture du manuel : les développeurs nous promettent un moteur graphique mieux optimisé, des compagnons plus réactifs, etc. Une façon d'avouer les défauts du jeu original. Cette extension se veut donc être une sorte de mea culpa de la part d'Osidian qui compte bien, avec Mask of the Betrayer, remédier aux reproches faits à son ancêtre. En continuant de parcourir ce manuel, un doute m'assaille quant à la finition du titre, car certains passages ne sont pas dans la bonne langue. Doute malheureusement confirmé au lancement du jeu : il manque tous les textes concernant les nouvelles classes, les nouveaux sorts, les répliques ne sont pas prononcées et les dialogues ne s'affichent pas... Bref, c'est injouable et incompréhensible ! Pourtant, j'ai mis l'extension sur une installation toute fraîche de Neverwinter Nights 2, dûment mise à jour via l'auto-updater. En fait, c'est un vilain bug qui cause toutes ces disparitions, les développeurs s'en sont vite aperçu et ont heureusement mis à disposition un hotfix pour remettre les choses en bon ordre. Si on peut saluer la rapidité de cette correction, on ne félicitera tout de même pas le service de contrôle qualité d'Atari pour avoir laissé passer une telle énormité.
Cette installation folklorique mise à part, le jeu s'avère finalement très propre. Passons donc au vif du sujet. Commençons évidemment avec la création d'un personnage. Six nouvelles sous-races sont disponibles : elfe sauvage, demi-drow et quatre types de Genasi (un par élément). J'ai choisi un Genasi de feu. Vient ensuite le traditionnel choix de classe, j'opte pour l'Elu divin, une sorte de prêtre (il partage les mêmes sorts) version facile puisque chez lui les pouvoirs divins sont innés. L'autre nouvelle classe apportée par Mask of the Betrayer est le chaman spiritiste, que je n'ai pas eu le temps d'essayer mais d'après sa description il semble se rapprocher du druide. Cinq classes de prestige viendront également s'ajouter à la liste une fois débloquées. Mon personnage maintenant créé, il me faut encore le monter de niveau, car il débute au niveau 1 et l'extension est conçue pour les niveaux 20 à 30. Cette étape prend du temps puisqu'il faut monter chaque niveau l'un après l'autre. Un choix étrange, je vois mal ce qui empêchait l'implémentation d'un système où il serait possible de distribuer quarante points de compétence d'un coup au lieu de les attribuer péniblement deux par deux à chaque niveau.
Passé cette étape fastidieuse, je peux enfin me lancer dans l'aventure ! Je débute allongé sur le sol au milieu d'un cercle runique, visiblement déboussolé. Que s'est-il passé, comment suis-je arrivé ici ? Dès le départ, beaucoup de questions se posent à moi. Arrive alors Safiya, une magicienne rouge qui a apparemment reçu l'ordre de me porter secours. Epaulé par ce premier compagnon, me voilà en chemin vers la sortie de ce tertre plein d'esprits placés sous la protection du dieu ours. Une fois dehors, j'apprends que je suis en Rashéménie, bien loin de la Côte des Epées ! En route pour la ville de Mulsantir où un PNJ doit m'en apprendre plus au théâtre du Voile. Là, je tombe sur d'autres magiciens rouges, qui semblent vouloir en découdre avec Safiya. Elle cache décidément bien des secrets. J'apprends assez vite l'existence de portails donnant accès à un plan parallèle : Mulsantir sombre, où il va falloir pénétrer la forteresse du dieu de la mort Myrkul. Je ne vais pas dévoiler plus l'histoire, car elle est riche en mystères à découvrir, sachez seulement qu'elle est réussie, plongeant le joueur dans une atmosphère sombre et le tenant en haleine pendant de nombreuses heures.
On pourra toujours lui reprocher une certaine linéarité, mais il y a tout de même des choix à faire et ils ne sont pas sans influence sur le déroulement des faits. Hormis cette nouvelle campagne, on est dans du Neverwinter Nights pur jus au niveau du gameplay. On retrouve donc le système de jeu qui a fait ses preuves, basé sur les règles de Dungeons & Dragons. On retrouve également les défauts du jeu original, notamment le monde découpé en une multitude de petites zones séparées par des chargements énervants. Mais certaines choses ont bel et bien été améliorées, comme le comportement des alliés qui est effectivement meilleur. Diverses petites choses ont été revues, comme l'artisanat. Les promesses au niveau du moteur graphique ont aussi été tenues : Mask of the Betrayer est beaucoup mieux optimisé que son prédécesseur. Les nombreux effets de sorts sont toujours aussi plaisants à regarder. En parlant des sorts, il y en a évidemment une longue liste de nouveaux, comme dans tout bon add-on qui se respecte. En bref, on a pas mal de contenu additionnel, une nouvelle campagne solo de qualité, et diverses améliorations. Certains persifleront qu'elles auraient dû être présentes dès la sortie de l'original, mais mieux vaut tard que jamais. Au final, rien de révolutionnaire, pas de quoi faire aimer le jeu à ses détracteurs. Juste de quoi contenter les fans et ils y trouveront assurément leur compte.
- Graphismes15/20
Un an plus tard, le moteur 3D n'a pas à rougir du temps passé, d'autant qu'il a subi une réelle optimisation. Mask of the Betrayer écope donc de la même note que son ancêtre.
- Jouabilité16/20
Là encore, peu de choses ont changé. On retrouve le même gameplay, avec les mêmes qualités, mais aussi les mêmes défauts (les fréquents chargements par exemple). L'IA des compagnons a tout de même subi un lifting bienvenu.
- Durée de vie17/20
La campagne est longue et comme d'habitude les amateurs la termineront plusieurs fois histoire d'essayer d'autres classes ou de faire des choix différents. Et comme toujours, le mode multijoueur et le puissant éditeur viennent prolonger le plaisir.
- Bande son16/20
Fidèle à Neverwinter Nights 2, la bande-son est toujours composée d'excellentes musiques et d'un bon doublage français.
- Scénario16/20
L'aventure est certes linéaire, mais vraiment sympathique à parcourir, c'est l'essentiel.
Mask of the Betrayer n'est clairement pas une révolution. Très fidèle au jeu de base, il devrait donc logiquement susciter les mêmes réactions divisées. Mais du côté des fans, puisque c'est à eux que l'extension s'adresse, nul doute qu'il obtienne un grand succès, car il prolonge le plaisir de Neverwinter Nights 2 avec brio. Sans toutefois parvenir à en corriger tous les défauts.