Dernier opus en date de la série Total War, Medieval II se voit doté d'une première extension intitulée Kingdoms, contenant plusieurs campagnes inédites. De quoi continuer l'expérience Total War durant de nombreuses heures. Une expérience devenue classique, peut-être même un peu trop.
Tout d'abord, un petit rappel sur ce qu'est la série Total War s'impose. En fait, il s'agit presque de deux jeux en un. La première étape d'une partie se déroule en tour par tour sur une carte, un peu à la manière d'un Civilization. On peut améliorer ses villes, envoyer des marchands commercer, des prêtres convertir ou des espions s'infiltrer. On peut également sceller des alliances en concluant des accords de natures variées (diplomatie, commerce, tributs...). Tout cela reste bien entendu plus limité que dans le titre de Sid Meier, mais cet aspect du jeu est tout de même assez riche en possibilités et plaisant à jouer. La gestion des finances a aussi son importance, puisque comme chacun le sait l'argent est le nerf de la guerre. En effet, les jeux Total War restent avant tout des STR et qui dit stratégie en temps réel dit combat. Il ne faut pas perdre de vue que le but d'une campagne est de contrôler le plus de régions possible, et l'expansion territoriale passe souvent par l'anéantissement du voisin. C'est alors que le jeu passe en mode STR pour la phase de bataille. Des batailles colossales engageant des centaines voire des milliers d'unités de part et d'autre.
Voilà pour le bref résumé du gameplay de la série, voyons donc maintenant quelles nouveautés apporte Kingdoms à Medieval II : Total War. Le coeur de cette extension est constitué de quatre nouvelles campagnes : la conquête du Nouveau Monde par les conquistadors, la guerre sainte des chevaliers teutoniques contre les païens, les croisades opposant chrétiens et musulmans et, pour finir, l'affrontement des royaumes britanniques pour la possession de leur île. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a de la variété historique et géographique ! Chacune de ces campagnes peut être installée indépendamment à la manière d'un mod et bénéficie donc de son propre menu et de chouettes cinématiques. En revanche, elles s'avèrent assez inégales au niveau de la qualité, la meilleure étant de loin la campagne des Amériques. Les divers camps en présence peuvent évidemment être incarnés : à vous de choisir si vous préférez jouer les puissants Espagnols venus s'emparer de ce riche nouveau continent, ou au contraire les civilisations précolombiennes installées là depuis des siècles (Aztèques, Mayas, Apaches). Ces factions ont leurs capacités spécifiques : danses rituelles, sacrifices humains, etc.
Les autres campagnes ne sont cependant pas en reste et demeurent tout de même intéressantes à jouer, d'autant plus que chacune bénéficie de petits ajouts aux niveaux des règles qui tiennent compte du contexte et renouvellent le gameplay. Ainsi, les armées qui se livrent bataille en Terre Sainte possèdent des héros, comme Saladin pour l'Egypte ou Richard Coeur de Lion pour le royaume de Jérusalem. Ils apportent des bonus non négligeables, au niveau du moral des troupes notamment. Lors des guerres teutoniques, la Lituanie peut choisir entre plusieurs divinités païennes, qui peuvent conférer une unité spéciale. En Britannie, ce sont des forts qui avantageront les armées les contrôlant. Bien sûr, il ne s'agit que d'exemples, de nombreux autres détails du même genre ayant été ajoutés. Toutes ces petites nouveautés sont sympathiques, mais elles peinent à masquer la réalité de cette extension : tout cela est bien trop classique et se démarque peu de Medieval II : Total War. Certes, on ne change pas une formule qui marche, mais force est de constater que The Creative Assembly n'a pas pris de risques.
Car finalement, qu'apporte cette extension en plus de ces quatre campagnes ? La plupart des factions sont issues du jeu de base, même si on trouve en plus avec joie la Norvège ou les Apaches, et quelques autres à débloquer comme à l'accoutumée. Les réelles nouveautés sont finalement peu nombreuses, mais citons tout de même la possibilité de ralentir ou d'accélérer le temps durant les combats. Une fonctionnalité qui s'avère bien pratique pour admirer les centaines de corps s'entrechoquant, ou rattraper les derniers fuyards sans perdre un instant. Un mode de jeu inédit fait aussi son apparition : la campagne multijoueur au tour par tour. Il permet à plusieurs joueurs de s'affronter à tour de rôle sur un même ordinateur, une possibilité trop rare de nos jours, c'est donc une idée assez intéressante pour être signalée. Bref, Medieval II : Total War Kingdoms est tout de même une extension réussie, apportant son lot de petites innovations, mais sans transcender l'original à aucun moment. Juste de quoi prolonger le plaisir pendant encore de nombreuses heures, et c'est déjà bien ainsi.
- Graphismes16/20
Le moteur de Medieval II : Total War reste inchangé, c'est donc toujours aussi joli. Une performance d'autant plus impressionnante que le nombre d'unités animées à l'écran est souvent considérable.
- Jouabilité15/20
Le gameplay est globalement le même, les vétérans retrouveront vite leurs marques. Les quelques petits ajouts sont bien vus mais un peu trop timides, un peu plus de changement n'aurait pas été du luxe. Enfin l'intelligence artificielle est encore assez perfectible.
- Durée de vie16/20
Comme d'habitude, aucun problème de ce côté-là, les quatre campagnes nécessiteront beaucoup de temps pour être menées à bien avec chaque faction. Puis il y a les autres modes de jeu dont le multijoueur.
- Bande son16/20
Là aussi, c'est du beau travail, aussi bien au niveau des thèmes musicaux que des nombreux bruitages. Que ce soit lorsque les lames s'entrechoquent ou quand la cavalerie charge au galop, on s'y croirait.
- Scénario/
Malgré quelques originalités, on a souvent une impression de déjà-vu en jouant à Medieval II : Total War Kingdoms. Mais comme le jeu de base était bon, ceux qui l'ont apprécié devraient aussi aimer l'extension. The Creative Assembly poursuit donc avec succès sa série stratégique, en attendant un Empire : Total War qu'on espère un peu plus inspiré.