Stuntman a vieilli et cela lui réussit bien. Le jeu, désormais développé par Paradigm Entertainment, a pris des couleurs depuis sa première tentative, il y a cinq ans sur PS2. Depuis, un changement de mains est passé par là, de quoi permettre à un concept original mais pas forcément accessible à tous de s'ouvrir à la partie du public restée sceptique aux cabrioles de Stuntman premier du nom.
Bienvenue à Hollywood. Vous ne le savez pas encore mais vous allez devenir une sorte de référence que s'arracheront les réalisateurs les plus exigeants, souvent imbus de leur personne et persuadés d'être de véritables artistes. Le concept de Stuntman est donc simple. Vous êtes la doublure d'acteurs fictifs très cotés dans le cinéma d'action et devez réaliser les scènes de cascades de films aux répliques vraiment kitch et non moins parodiques. Ainsi, les références aux plus célèbres longs métrages sont nombreuses. De Cliffhanger aux James Bond en passant par Vertical Limit et bien d'autres, vous sourirez régulièrement en visionnant les bandes-annonces qui se débloquent à la fin des tournages de chaque production. De quoi vous permettre de passer de l'autre côté de la caméra et vous mettre dans la peau du cinéphile aux yeux ébahis devant vos pirouettes de professionnel. En parallèle, et comme la vie de cascadeur est très rythmée, tournages de publicités et shows publics s'ajouteront à votre planning, histoire de faire grimper votre cote de popularité, tel un Colt Sivers des temps modernes.
Concrètement, comment se déroule un tournage ? Tout d'abord, vous êtes briefé par le réalisateur du film puis conseillé par l'acteur que vous doublez. Celui-ci n'hésite d'ailleurs pas à vous mettre la pression au moment de vous présenter le profil des scènes à tourner, obsédé qu'il est par son image. Un tableau récapitulatif et chronologique bourré d'informations, de photos, de schémas et de lignes de textes relatives au scénario se présente alors à vous, décrypté par votre camarade de jeu. Ensuite, vous posez les pieds sur le plateau et devez alors réussir à terminer six scènes aux durées et difficultés variables, qui ne seront pas coupées. Autrement dit, il faut réussir à enchaîner les pirouettes d'un trait, sous peine de devoir recommencer encore et encore jusqu'à ce qu'une prise soit sélectionnée. Tout au long de ces mini-tournages, le réalisateur vous énonce, avec son mégaphone, chaque action à effectuer pour que vos moindres faits et gestes s'encastrent parfaitement avec ceux des autres acteurs et avec les nombreux effets spéciaux utilisés. Toutefois, la principale variante avec le premier Stuntman est la présence d'une tolérance concernant vos erreurs. Le metteur en scène vous accordera désormais jusqu'à quatre échecs par scène. A la cinquième croix rouge, il en sera de trop et sa patience se transformera en colère ou en sarcasmes dont vous serez la principale victime.
Bourré d'humour, Stuntman Ignition est un titre très immersif bénéficiant d'une rejouabilité à l'origine de sa bonne durée de vie. Tout au long de l'aventure, le joueur effectue grossièrement toujours les mêmes actions mais la variété des scènes et des véhicules conduits ne donne jamais l'impression de répéter sans arrêt les mêmes galipettes. C'est là le gros point fort du jeu qui ne propose pourtant que six films. Il vous sera généralement demandé de déraper à un endroit bien précis, de vous faufiler au milieu de deux véhicules, de les frôler ou de les heurter, de prendre des tremplins, de faire du deux-roues, de détruire certaines parties du décor, de faire exploser un camion-citerne, de passer à travers des vitres, de déclencher un turbo, d'enflammer son bolide, de passer au-dessus d'un hélicoptère, etc. Autant d'actions simplement réalisables en utilisant les éléments du décor, votre frein à main et la touche action, utile pour activer des explosions ou une poussée de nitro. Du coup, le gameplay se veut très basique, accessible et relativement bien pensé. Par exemple, le rythme des scènes est volontairement un peu lent, voire mou, afin que vous ayez le temps de réagir aux ordres de votre boss et d'éviter la horde de pièges tendus çà et là. Des pièges qui peuvent devenir des alliés si vous savez les contourner en prenant un maximum de risques, dans le but d'impressionner le patron et de glaner de précieuses étoiles.
Car vous n'êtes pas le seul petit nouveau à vouloir faire vos preuves sur la planète Stuntman. Ainsi, un système de notation entre en compte à la fin de chaque scène. Vous obtiendrez de une à cinq étoiles en fonction du nombre d'actions réussies, de votre rapidité, mais aussi des risques parallèles que vous aurez peut-être pris. Evidemment, les sans-faute permettent d'assurer un score avantageux dans l'optique de déverrouiller l'accès à de nouveaux tournages. D'ailleurs, si les quatre premiers films (Aftershock, Whoopin And A Hollerin' II, Strike Force Omega et Overdrive) sont assez simples d'accès, le cinquième (Never Kill Me Again) l'est beaucoup moins et le dernier (Night Avenger) exigera de vous d'excellents résultats depuis votre début de carrière pour être débloqué. De bonnes prestations qui donnent également accès à toutes sortes de récompenses : décors, véhicules, prix divers pour certaines cascades, insignes... Autant de statistiques qui donneront envie aux plus perfectionnistes de terminer le jeu en intégralité et en ayant tout débloqué, ce qui paraît être une tâche bien rude, compte tenu de la difficulté progressive du titre. Un bon moyen de faire face au petit nombre de films proposés mais cependant bien ficelés. D'autant qu'on imagine qu'il a fallu un certain temps à l'équipe de développement pour imaginer, créer et monter les bandes-annonces des six productions.
Tout ceci concerne le mode Carrière mais Stuntman : Ignition ne s'arrête pas à cela. En solo, le joueur peut également tenter de faire ses preuves dans des "défis cascade". Ceux-ci reprennent le principe de scènes à tourner mais s'avèrent plus courtes et moins pointilleuses. Et pour vous laisser un peu de liberté dans le choix et le moment des actions à enchaîner, certains défis, dits de Freestyle, s'en remettent à votre sens de la cabriole. En résumé, le décor est planté, la circulation, s'il y en a, est lancée, les effets spéciaux déclenchés, le reste vous incombe entièrement. A vous de décider du moment pour réaliser telle ou telle cascade, pour utiliser tel ou tel tremplin et pour foncer dans tel ou tel véhicule. Les qualités principales pour cet exercice sont réflexes, improvisation et imagination puisque les actions ne s'imposent pas d'elles-mêmes. Il vous faut aller fouiller dans le décor les meilleurs angles et positions pour impressionner et obtenir, la aussi, la meilleure note possible. Autre mode original, le "Créateur". Il s'agit tout simplement d'un éditeur de circuits qui vous met dans la peau du metteur en scène. Profitant de la tonne de récompenses débloquées, vous choisissez ainsi le positionnement de chaque élément du décor et des cascades à effectuer, en sachant qu'il vous en sera tout de même imposé un certain nombre. Un mode véritablement intéressant lorsque vous avez vu le bout du reste du jeu, pour profiter d'un maximum de possibilités.
Mais ce n'est pas tout puisque les développeurs ont réussi le pari d'inclure un multijoueur bien fourni à un titre qui semblait au départ promis à un contenu exclusivement solo. Et là aussi, à l'instar d'un autre titre édité par THQ, MotoGP '07, les possibilités sont nombreuses. Sur la même machine, trois types de confrontations s'offrent à vous : le tournage d'une scène originale en simultané, la même chose mais chacun son tour et pour finir le tournage d'une scène sur la base d'un défi Freestyle. Chaque type de course a ses propres règles, entièrement paramétrables du reste, et propose des duels (voire même plus puisque ces modes sont jouables à quatre) très prenants. Au final, en dépit de quelques petits soucis de précision dans le contrôle des véhicules et le faible nombre de films à terminer, voilà une bonne surprise sur PS2. Si les dernières scènes sont quelque peu compliquées à réussir avec perfection, la difficulté a logiquement été revue à la baisse, ce qui donnera une raison à ceux qui ont abandonné l'idée de relever le défi de Stuntman premier du nom de retenter leur chance.
- Graphismes13/20
On constate une vraie irrégularité technique tout au long du jeu. Certains zooms et gros plans font ressortir un aliasing mal placé et quelques pixels qui font vraiment tache. L'animation souffre elle aussi du spectacle visuel qu'offrent certaines scènes. Pourtant, Stuntman est plutôt joli, coloré et surtout graphiquement très varié. Rien à voir avec le gris persistant du premier épisode. Et comme certains effets spéciaux ne laissent pas de marbre, le bilan est finalement très positif. A noter que cette version PS2 est amputée de quelques éléments du décors (cadreurs par exemple).
- Jouabilité15/20
Tout a été fait pour oublier les prises de tête et les mauvais souvenirs du premier Stuntman. Il est toujours question de multiplier les essais pour parvenir à ses fins mais la tolérance aux erreurs permet de ne pas sortir frustré d'une scène échouée pour un détail. On notera un rythme plutôt lent mais parfaitement adapté aux enchaînements des actions et des consignes du réalisateur. On appréciera également la variété des véhicules : voitures de sport, camions de pompier, buggys, hovercrafts, motos,... Attention cependant au gameplay PS2, souvent un peu mou et moins réactif que sur 360.
- Durée de vie14/20
Si le contenu de base de la Carrière solo n'avance que six films comprenant six scènes chacun, c'est surtout la rejouabilité qui fait que Stuntman : Ignition est un jeu à déguster de nombreuses heures. On y reviendra forcément encore et encore, que ce soit pour débloquer le dernier film, remplir les galeries de récompenses diverses ou débloquer suffisamment de bonus pour profiter de l'éditeur de cascades. Le multijoueur assure le reste, avec des parties en écran splitté.
- Bande son17/20
S'il faut avouer que la version américaine que l'on avait pu essayer il y a quelques mois assurait vraiment au niveau des voix, les doublages français ne sont pas en reste. Humoristiques avant et après le tournage des scènes, clairs et précis pendant, ils font à eux seuls la qualité de la bande-son du jeu. A côté de cela, les bruitages, explosifs, sont également de très bonne facture et vous en mettent plein les oreilles, comme si vous étiez dans une salle obscure devant le petit dernier des James Bond.
- Scénario13/20
Vous l'aurez compris, on ne fait pas dans le cinéma d'auteur. Si les bases de chaque scénario nous sont grossièrement posées avant chaque tournage, on ne peut pas s'avouer surpris du déroulement des scènes à tourner. Et pour cause, puisqu'il s'agit d'action pure et dure. On aurait juste aimé un mode Carrière un brin plus réaliste avec la signature des contrats ou une surenchère financière de la part des réalisateurs. Tout de même, mention spéciale aux bandes-annonces, très sympa à visionner.
La série Stuntman est sans conteste passée entre de bonnes mains. Si le principe ne diffère pas fondamentalement du premier volet, tout a été revu et corrigé pour que l'on note une progression à tous les niveaux. Plus accessible, plus complet, plus coloré, ouvert au multijoueur, il s'impose comme une vraie bonne surprise cette année. Dommage en revanche qu'on ne puisse s'essayer qu'à six films.