Le fait est qu'Halo 2 a choisi de suivre le dangereux chemin emprunté par le premier Halo il y a de cela quelques années. En effet, lui aussi s'était vu adapté sur PC après avoir fait les beaux jours de la première Xbox. Cette première et tardive conversion ne s'était d'ailleurs pas faite sans mal puisque le titre nous était apparu comme extrêmement mal optimisé pour son support d'adoption, en plus d'être logiquement dépassé par une concurrence abondante qui ne l'avait pas attendu pour évoluer. De fait, on peut légitimement se demander si Halo 2 a su tirer parti de l'expérience relativement malheureuse de son aîné, ou si celui-ci s'apprête à réitérer les mêmes erreurs. Et franchement, un FPS console âgé de plus deux ans, même sensiblement remanié, a-t-il vraiment une raison d'être sur PC, un support déjà inondé de productions similaires adeptes de la surenchère ? Les lignes qui suivent tenteront donc de répondre à cette question.

Commençons par un petit tour d'horizon de l'univers d'Halo. L'humanité est en passe de perdre une guerre sans merci qui l'oppose depuis déjà de nombreuses années au Covenant, un agglomérat de plusieurs races extraterrestres belliqueuses et fanatiques. Le Master Chief, dernier survivant d'une unité de super soldats humains génétiquement modifiés était parvenu, dans le premier épisode, à détruire un artefact gigantesque, sorte d'anneau de plusieurs milliers de kilomètres de diamètre et dévoreur de galaxie. Une arme que le Covenant cherchait bien entendu à utiliser contre l'humanité. Halo 2 débute alors que le Master Chief revient en héros sur Terre. Le Covenant s'invite alors à votre petite cérémonie et tente un petit débarquement sur la planète bleue. La campagne du jeu, qui ne devrait guère résister plus de huit heures au joueur chevronné que vous êtes, démarre donc sur ces bases convenues mais habilement exposées par quelques cinématiques, ainsi qu'un intéressant parallèle entre les belligérants.

Vous voilà donc parti pour traverser toute une série de niveaux relativement variés où l'on devra régulièrement grimper dans toutes sortes de véhicules (de la jeep au char en passant par les Ghosts, ces motos anti-gravité du Covenant ou des Banshees, des engins volants peu résistants mais très maniables). Les ennemis qui se dresseront en travers de votre route possèdent tous leur style propre et font de chaque affrontement un challenge différent. Les Grognards par exemple, se montreront presque toujours faibles, couards mais particulièrement nombreux, tandis que les Elites ou les Brutes se révéleront beaucoup plus résistants et agressifs, ces derniers étant même particulièrement dangereux au corps-à-corps On rencontrera également quelques boss vachards avant de changer ponctuellement de perspective pour aller voir ce qui se passe dans le camp d'en face. Sur le papier donc, la campagne d'Halo 2 reste intéressante, relativement bien rythmée et tout à fait similaire à la version d'origine.

Là où l'on commence à s'inquiéter cependant, c'est lorsque l'on s'intéresse à la jouabilité du titre. Pensés à l'origine pour un jeu console, les mouvements du Master Chief apparaîtront pour beaucoup comme ignoblement lents et poussifs. Les combats manqueront donc inévitablement de pêche pour les amateurs de FPS PC éduqués par des titres comme Half-Life, Quake ou Unreal. Pire, un demi-tour trop rapide sur vous-même et le jeu vous gratifiera même de quelques saccades fort gênantes. Même combat pour le maniement des véhicules qui semble particulièrement mal pensé. En effet, le contrôle de la direction se fait à la souris, les touches du clavier ne servant simplement qu'à accélérer ou à freiner. Bon, il est certain que l'on s'y habituera avec un peu de pratique, mais franchement, ce n'est clairement pas le plus agréable des systèmes.

Enfin, toutes les spécificités du soft, tous ces petits éléments qui lui permettaient de se différencier de ses concurrents console sentent clairement le réchauffé sur PC. Dans Halo 2, vous pourrez donc manier deux armes à la fois, tout en sachant que ces armes peuvent être différentes. Un needler à gauche et un SMG à droite par exemple, utilisés de manière indépendante avec les deux boutons de la souris. La contrepartie d'une telle puissance de feu étant que vous ne pourrez plus utiliser l'attaque de mêlée et surtout que vous devrez faire une grosse croix sur des grenades plus que jamais utiles. Autre joyeuseté, la possibilité d'aborder tous les véhicules cités plus hauts. En se positionnant correctement sur la trajectoire d'un Banshee, on pourra grimper dessus et éjecter son pilote d'un bon coup de latte dans ce qui sert de gencives à un alien. Des techniques que les ennemis n'hésiteront pas à employer contre vous.

C'est certes amusant, mais tout cela semble un petit peu dépassé. Le contrôle au clavier et à la souris, bien que précis, semble globalement moins naturel qu'avec un pad. L'occasion de brancher un pad 360 sur votre PC ? Oui probablement, d'autant que vous bénéficierez alors d'une assistance à la visée. Côté réalisation, il n'y a pas de quoi grimper aux rideaux non plus. Plus fins que sur la Xbox (Et oui, c'est au moins ça !) les graphismes sont loin, très loin de ce qui se fait actuellement sur PC. Les effets sont datés, les textures grossières et on aura souvent l'impression d'évoluer dans des décors en carton-pâte. Pire, des baisses de framerate, auxquelles je faisais allusion plus haut, viendront régulièrement entacher un tableau déjà fort peu reluisant. La pilule a d'autant plus de mal à passer qu'il vous faudra tout de même une bonne petite machine de guerre pour faire tourner la bête.

Et qu'est-il donc advenu de l'aspect le plus intéressant d'Halo 2, à savoir le multijoueur ? Rassurez-vous, il est bel et bien là, tel que vous auriez pu le découvrir sur Xbox. Avec 16 joueurs maximum, et une interface Xbox Live qui ne semble pas particulièrement à sa place sur un ordinateur. Notez toutefois qu'à l'inverse de Shadowrun, autre titre de la gamme Games For Windows, Halo 2 PC ne supporte pas le cross-platform. Pas question donc de jouer à Halo 2 contre des joueurs Xbox. Malgré tout, vous devrez comme ces derniers en passer par la case abonnement afin de profiter du titre en ligne. Deux possibilités s'offrent à vous : la version Gold payante, ou la version Silver, gratuite. La principale différence est qu'un joueur Silver devra chercher ses parties manuellement et n'aura pas accès au système de «Partie Rapide», qui permet de trouver automatiquement une session. Autre différence, seuls les abonnés aux Xbox Live Gold pourront débloquer des «succès». Mais qu'est-ce que c'est que ça encore ? Les «succès» sont tout simplement des récompenses qui se déverrouillent lorsque vous réalisez des coups d'éclat dans le jeu. Tuer cinq ennemis en moins de trente secondes par exemple, ou mettez fin à la folie meurtrière d'un autre joueur. En fonction de la difficulté de votre exploit, un certains nombre de gamerpoints viendront s'ajouter à un total figurant sur votre carte d'identité de joueur, consultable par tous. En gros, cela ne sert à rien si ce n'est à frimer...

Si le système est globalement fiable, on lui reprochera la lenteur avec laquelle il vous dégotera puis vous connectera à une partie. Quelque chose dont les joueurs PC n'ont pas forcément l'habitude, et qu'ils n'auront sans doute aucune envie de découvrir. Cela dit, le multi d'Halo 2, malgré son rythme de tortue, sera sans doute l'occasion de quelques bonnes crises de rigolades. La connaissance des 23 niveaux proposés (dont 2 seulement sont exclusifs à cette version PC) sera bien entendu primordiale si vous comptez l'emporter. Même chose pour les armes, dont il faudra connaître les défauts et avantages. Le pistolet à plasma par exemple, inoffensif en tir de base, se révélera idéal pour abattre le bouclier de votre cible en tir secondaire. Associé au fusil de combat, il deviendra tout simplement l'une des armes les plus efficaces du soft. Enfin, notons la présence d'un éditeur de cartes que les plus courageux pourront tenter d'utiliser, afin de créer leur niveau idéal. Bref, beaucoup d'efforts, mais qui ne suffiront sans doute pas à convaincre les joueurs PC habitués à leur petit confort ainsi qu'à leurs Half-Life 2 et autres Unreal. Dommage.