Plus de 18 mois. C'est la durée de l'interminable attente qu'auront affrontée les mordus de simulation pour voir GTR revenir sur le devant de la scène dans une seconde itération attendue comme une véritable confirmation. De nouveau venu, le titre développé par ces petits génies de chez SimBin est passé au rang de référence. Alors forcément, les premiers contacts avec la bête sont remplis d'adrénaline et d'excitation.
Tout en étant une série récente, GTR a déjà acquis une légitimité et une aura qui en font aujourd'hui l'une des simulations sportives les plus attendues de ces douze derniers mois. Au début de l'année dernière débarquait GTR que certains qualifiaient d'inaccessible et d'autres de cadeau des dieux. Bien que tous les avis soient respectables à partir du moment où ils sont construits sur une argumentation saine et objective, il est indiscutable que la seconde partie du public n'était pas bien loin de la réalité tant le niveau de réalisme atteint dépassait toutes les espérances et surclassait n'importe quel concurrent autoproclamé. En effet, difficile de désigner un rival sérieux au résultat du travail d'une équipe de développeurs à qui la conduite sportive n'a plus aucun secret. La preuve aujourd'hui avec le développement enfin achevé d'un GTR 2 attendu au tournant, à la fois par les amoureux de son aîné que par les néophytes du genre qui réclament un peu plus d'accessibilité et davantage de considération pour ceux qui n'ont pas d'expérience significative en simulation auto. Il suffisait de demander...
Cette année, les trois degrés de simulation (novice, semi-pro et simulation) sont particulièrement proches de leurs appellations respectives. Si les changements théoriques d'un degré à l'autre ne sont pas nombreux, ils ont assez de répercutions sur le comportement du véhicule pour vous faire basculer d'une approche à une autre et changer littéralement vos habitudes et réflexes aux abords d'un virage ou d'un freinage important. Ainsi, on retrouve des aides au pilotage qui, une fois désactivées, exigeront de vous une vigilance extrême et surtout une capacité à réagir rapidement aux difficultés imposées par les tracés, aussi bien dans leur forme que dans l'usure qu'il peuvent provoquer sur chacune des pièces de votre moteur. Soyez donc sans crainte si vous débutez en la matière. Prenez le temps de faire corps avec la bête en vous appuyant sur un ABS qui évitera à vos roues de se bloquer, un contrôle de la traction élevé et un stabilisateur destiné à mettre de côté les zigzags provoqués par une accélération trop brutale ou un freinage trop tardif. A vous ensuite de désactiver des aides une par une pour vous rapprocher petit à petit de ce qu'est une simulation pure et dure. GTR 2 n'est pas fait pour tous les types de joueurs mais il s'ouvre davantage à ceux qui ont pour ambition d'apprendre sans être largué dès les premiers hectomètres.
Tout ceci n'est cependant qu'une infime partie de l'immersion dans laquelle on est plongé une fois le volant en mains. Evidemment, tout est réglable. Quand on dit tout, c'est tout. Rien de ce qui est nécessaire pour faire fonctionner une quatre roues dans la réalité n'a été omis ici. Outre les subtilités du gameplay que sont le jeu entre accélérateur et frein, l'utilisation de l'embrayage, la montée et la descente des rapports au son du régime moteur afin de glaner quelques dixièmes de seconde ou le contexte d'une course qui vous demande de prendre en compte l'usure de vos pièces, la consommation de carburant et les diverses pannes mécaniques, on retrouve une quantité impressionnante de réglages en tous genres. S'ils peuvent être parfois fantaisistes, inutiles ou surréalistes dans certains jeux de courses, ils sont ici de vraies machines à faire tomber les chronos. C'est, contrairement au gameplay plus progressif dans la difficulté, un point sur lequel il faut posséder pas mal de connaissances si vous souhaitez mettre toutes les chances de votre côté de remporter une course autrement que par un pilotage agressif. La liste des réglages est considérable comme vous pourrez le constater en zieutant l'image ci-dessus. De l'étagement de la boîte à la pression des pneus en passant par les réglages des ailerons, de l'antiroulis, du pincement, de l'amortissement, des suspensions ou de la hauteur de caisse, vous vous arrêterez régulièrement de longues minutes dans les stands avant de trouver la configuration de qualification idéale (principalement pour régler les problèmes de sur et sous-virage), vous permettant de décrocher un chrono propulsant votre voiture en haut de la grille. D'autant que celle-ci varie forcément d'un circuit à l'autre et d'une voiture à l'autre. Il n'y a pas de secret, le seul moyen d'arriver à la perfection est de multiplier les séances d'essais libres.
GTR 2 n'est donc pas un jeu de brutes épaisses jouant des coudes pour arriver devant d'autres furieux peu scrupuleux. C'est avant tout un simulateur de conduite qui demande autre chose que le goût pour la vitesse ou les sensations fortes pour s'imposer en tant que pilote respecté. On le constate d'ailleurs très vite sur la piste où les amateurs de glisse et de crissements de pneus se verront vite dépaysés. Le rapport poids/puissance de bolides modifie singulièrement la conduite d'une voiture à l'autre. En fonction du modèle, les réactions peuvent varier du tout au tout. Que vous contrôliez un V8 5-soupapes ou un V12 4-soupapes, une voiture où le poids est réparti équitablement ou non, ou qui possède un couple plus ou moins puissant, la manière d'embrasser les courbes des différents circuits ne sera pas la même. A côté du pilotage, les différences se manifestent évidemment dans les sonorités des moteurs qui sont, n'ayons pas peur de le dire, les plus précises jamais enregistrées dans un jeu vidéo. D'une traction à une propulsion, d'une 400 chevaux à une 600 chevaux, les plus connaisseurs reconnaîtront aisément l'identité de moteur sévissant sous le capot. Les vues intérieures bénéficient également d'un soin particulier même si quelques textures un peu loupées viennent gâcher la finition. Un détail finalement puisque la conduite est immersive et la possibilité de régler son siège pour se sentir au mieux et jouir d'un angle de vision plus ou moins large (et donc plus ou moins éloigné) en fonction des préférences est parfaitement incluse (on notera juste un rétroviseur extérieur pas toujours fonctionnel malheureusement). Il ne tient qu'à vous d'opter plutôt pour la vue extérieure, sur le capot ou ras le bitume, les trois étant parfaitement jouables et très plaisantes.
Dans son contenu, GTR 2 nous gâte également même si son seul point faible n'est pas une moindre carence : l'absence du calendrier et des véhicules de la saison en cours. Les licences FIA se sont en effet arrêtées à 2003 et 2004 (les deux championnats disponibles). Comptez donc ne retrouver que les circuits et les voitures de ces deux saisons-là. Quantitativement parlant, on n'est cependant pas volé et voilà bien là l'essentiel. Vingt-cinq bolides (BMW M3 GTR, Maserati MC12, Nissan 350Z et TVR Tuscan T400R pour ne citer que les nouveaux venus) sont au rendez-vous au même titre que quinze circuits (Anderstorp, Barcelone, Brno, Donington, Dubai, Enna Pergusa, Estoril, Hockenheim, Imola, Magny-Cours, Monza, Oschersleben, Spa, Valence et Zhuhai) possédant eux-mêmes des déclinaisons boostant le nombre de tracés à trente-quatre au total. Outre les deux championnats nommés plus haut, on dénombre six courses de 24H que sont Hockenheim, Imola, Monza, Spa 2003, Spa 2004 et Zhuhai, toutes ayant des exigences de participation au niveau des modèles acceptés. Logiquement, vous pourrez également choisir de prendre part à des évènements uniques en contre-la-montre, essais libres ou week-end de course, au choix. Tout ceci est du classique et ne surprend pas. Dans la lignée de l'ouverture à un public moins assidu, abordons donc l'école de pilotage, le gros plus en terme de modes de jeu de ce GTR 2.
Celle-ci, à travers un total de 142 défis, a pour but de vous initier non seulement aux bases de la conduite mais aussi et surtout à chacun des tronçons des circuits du jeu. On vous forme dans un premier temps aux joies de l'accélération, du freinage, des virages rapides, des virages lents et des dépassements. En compagnie d'un moniteur déjà bien rodé, vous accédez ensuite aux temples des courses GT divisées en quatre ou cinq secteurs. A ce moment-là, aidé par des indications visuelles représentant la trajectoire idéale, les moments d'accélération, de décélération et de freinage, vous apprendrez à connaître chaque courbe, chaque emplacement de vibreur et chaque piège des circuits afin de ne pas arriver sans expérience dans un championnat, quel qu'il soit. Cette école est sans doute la cerise sur le gâteau qui se rend immédiatement indispensable et particulièrement bien étudiée puisqu'elle passe outre certaines inutilités déjà rencontrées dans des modes de jeu similaires (permis, tutorials, etc) et vous met en situations concrètes. Situations que vous serez obligatoirement amené à rencontrer ultérieurement dans le jeu.
En y mettant toute la mauvaise foi possible et inimaginable d'un joueur blasé et éternellement insatisfait que je ne suis pas, je n'ai donc pas réussi à trouver de point faible suffisamment handicapant pour douter de l'utilité de l'achat de GTR 2 lorsque l'on est amateur de courses automobiles. On chipotera juste sur l'absence de réglages par défaut pour les moins initiés et sur une actualisation vieille de deux ans des championnats GT. Bien que correcte dans l'ensemble, l'IA a elle aussi besoin d'un léger coup de pouce pour se hisser à la hauteur de l'impression générale du jeu. Mais là aussi, on la notera plutôt réactive lors des dépassements lorsqu'elle est réglée à un degré d'agressivité réaliste. D'autant que l'on peut paramétrer cette agressivité et le niveau des performances chronométriques de l'IA de sorte à évoluer sereinement, progressivement et au contact de pilotes d'un niveau proche du nôtre. On termine avec un petit mot sur le multijoueur Online qui n'a, quasiment pas changé d'une bougie. Seule la diminution de 36 à 28 joueurs en simultané est remarquable, dans le but d'améliorer les conditions de jeu et d'oublier un lag particulièrement destructeur durant les courses de GTR premier du nom.
- Graphismes16/20
La sublime modélisation des voitures et les vues intérieures très immersives font oublier quelques petits soucis techniques et de textures. On demande du réalisme, on en a. Les circuits sont reproduits dans les moindres détails et jouissent souvent d'effets d'ombres et de lumières magnifiques, notamment en fin de soirée. La gestion des dégâts n'atteint pas la perfection mais se fait suffisamment convaincante pour nous faire apprécier les petits frottements de carrosseries aux abords de virages serrés.
- Jouabilité18/20
Prendre son pied en jouant à une simulation réaliste, voilà le credo des développeurs de GTR 2. Incroyablement exhaustif en terme de réglages et bourré de subtilités en tous genres, voici le titre qui se rapproche le plus de la conduite telle qu'elle est en réalité. Plus aisé à maîtriser que son illustre prédécesseur grâce à l'école de conduite, il comprend également beaucoup de données télémétriques (grâce au Motec téléchargeable) idéales pour parfaire son pilotage. Un pur bonheur.
- Durée de vie16/20
Malgré des données arrêtées aux saisons 2003 et 2004, GTR 2 est complet et fidèle à la discipline. La quinzaine de circuits (34 en comptant les déclinaisons) et les 25 voitures disponibles permettent de se faire plaisir en variant la conduite et les difficultés. L'ajout de l'école de pilotage et le multijoueur Online sont aussi pour beaucoup dans ce bilan au final très positif.
- Bande son18/20
Du grand art, tout simplement. Les sonorités des moteurs sont criantes de vérité et incroyablement fidèles à chacun des modèles. Les montées et descentes des rapports procurent un plaisir rarement égalé. Les communications avec les stands sont primordiales d'autant que l'on peut contacter notre ingénieur à n'importe quel moment de la course pour qu'il nous tienne au courant de notre position ou de l'état de la voiture. En vue externe ou interne, on est gâté. Les musiques des menus passent au second plan mais sont elles aussi d'un excellent acabit.
- Scénario/
Du travail de pros. Réaliste, exhaustif, jouissif, accessible et développé avec sérieux, ce GTR-là devient sans difficulté la référence du genre toutes plates-formes confondues et prend quasiment une génération d'avance sur ses concurrents en terme de gameplay. Certes, tout le monde n'y prendra pas le même plaisir mais les connaisseurs en mécanique et les pilotes du premier volet seront conquis, mille fois conquis. Attention, jouer à GTR 2 nuit gravement au plaisir de jeu ressenti dans tout autre jeu de courses. Vous êtes prévenus.