Les footballeurs professionnels ont fait leur rentrée il y a quelques semaines. C'est au tour des développeurs de faire parler leurs qualités et de montrer qu'ils ont eux aussi, profité d'une année complète (FIFA 06 était sorti le 29 septembre dernier) pour se remettre en question et écouter les souhaits du public qu'il vise, qu'il soit plus ou moins exigeant. Le football vu par EA se doit d'être renouvelé, c'est d'ailleurs l'ambition de cette version 07 qui prévoit de frapper un grand coup, un peu comme chaque année...
Quand on parle de football vu par EA, on parle à la fois d'une approche grand public mais aussi d'un paradoxe constant qui tend à se confirmer d'année en année. Ce paradoxe, quel est-il ? Celui que chaque joueur fidèle à la série connaît, à savoir un réalisme grandissant au niveau de l'ambiance des matchs, des licences et de la base de données, combiné avec un gameplay qui patauge, qui n'innove pas et qui ne parvient toujours pas à se hisser à un niveau digne des promesses tenues à chaque nouvelle itération. Ce football-là, c'était celui de FIFA 06 et ce sera celui de FIFA 07. On n'aura, pour cette version 128 bits tout du moins, pas de révolution, pas d'évolution notable et pas de concept novateur visant à rafraîchir une jouabilité qui n'a pas su profiter de la longévité d'une telle machine pour s'affirmer une bonne fois pour toutes. Pourtant, FIFA reste un jeu de foot plébiscité et assez complet pour s'attirer les faveurs de nombreux joueurs, qu'ils soient connaisseurs en la matière ou non. C'est pour cette raison qu'un FIFA qui n'évolue pas, arrivera toujours à séduire grâce à ses éternelles qualités que sont une bande-son irréprochable ou presque, des licences comme s'il en pleuvait et des modes multi largement mis en avant.
Dire qu'il y a zéro nouveauté serait mentir. Dire que le jeu vaut ses soixante euros aussi. On note ainsi l'apparition d'un tout nouveau mode de jeu multijoueur en ligne, les Ligues Interactives. Leur concept est simple, c'est une sorte de classement des joueurs de FIFA en fonction de l'équipe qu'ils supportent dans la réalité. Tous les week-ends de Ligue 1 Orange, le calendrier du championnat est repris dans FIFA 07. Par exemple, tous les supporters de Marseille peuvent affronter tous les supporters du Paris-Saint-Germain dans des matchs individuels, les deux jours précédant l'affrontement des équipes en championnat. Au final, on compte le nombre de victoires de chacune des deux communautés de supporters. Celle qui en compte le plus l'emporte et fait ainsi gagner les trois points de la victoire à son équipe dans le classement de la Ligue Interactive. Malheureusement, ce concept-là ne s'applique pas à tous les championnats disponibles dans FIFA. Il faut supporter un club français, allemand, anglais ou mexicain. En revanche, les possibilités de discussions sont nombreuses dans les salons, ce qui ajoute un peu de convivialité au tout. Sachez que les petits clubs de L1 ne sont pas défavorisés puisque l'on peut défendre les couleurs de n'importe quelle équipe, comme, par exemple, celles d'un club opposé à l'"ennemi" juré du nôtre...
Pour ce qui est du gameplay, le passage entre FIFA 06 et son petit frère s'est effectué sans difficulté puisque les différences sont quasi invisibles. On note, il est vrai, une diversification des mouvements des joueurs balle au pied, avec la possibilité de dribbler plus précisément avec les sticks analogiques et d'éviter ainsi d'avoir à combiner entre les touches de tranche et les boutons classiques. Cela découle également sur une interaction plus importante entre les joueurs qui évitent un maximum de passer à travers les uns des autres. Un phénomène que l'on remarque notamment au moment de balles aériennes où deux joueurs jouent des coudes pour gagner la possession du cuir. D'un point de vue plus tactique, mis à part des défenses un peu plus agressives et moins passives sur les percées en solo dans l'axe ou sur les côtés, on nous sert du réchauffé à tous les étages. Les gardiens sont toujours aussi irréguliers dans leurs interventions puisqu'ils pourront louper des sorties aériennes sur des coups de pied arrêtés ou relâcher le ballon dans le but lors d'un arrêt qui semble facile (surtout lors de frappes excentrées, à une douzaine de mètres des buts) à de trop nombreuses reprises. A l'inverse, il leur arrive de sortir des matchs exceptionnels et de détourner n'importe quel boulet de canon.
Voilà qui nous amène logiquement à aborder le système de tirs. Un système qui se complaît dans sa forme actuelle bien que le pourcentage de frappes cadrées ait sensiblement diminué en comparaison avec FIFA 06. Ainsi, une position excentrée, le marquage à la culotte d'un défenseur ou le ballon du côté du mauvais pied influeront davantage sur la propension à attraper le cadre. Malgré tout, on dénombre encore trop de frappes en pivot dans la lucarne ou de tirs enroulés suivant une trajectoire surréaliste. Idem en ce qui concerne l'attitude qu'adoptent les joueurs au moment de tirer. Ils se cambrent sur un côté et enroulent quasiment systématiquement leur ballon même si un extérieur, un pointu ou une pichenette ont davantage leur place dans certaines situations. Les valeurs des joueurs restent encore trop nivelées, ce qui fait qu'il ne sera pas surprenant de voir un arrière latéral, dépourvu de technique naturelle, repiquer dans l'axe du but et décocher une frappe limpide dans la lucarne opposée avec une facilité déconcertante. Même chose en ce qui concerne les gabarits des protagonistes, très peu mis en avant et particulièrement sous-utilisés. D'autant que les caméras trop éloignées ne permettent pas vraiment de faire la différence entre un joueur de la carrure de Giuly et un autre de celle de Lucio...
L'angle de ces caméras est bien sûr ajustable mais aucune ne permet de reconnaître chaque joueur rapidement pour deux raisons. La première, c'est que le calque sur les retransmissions télévisées privilégie une vue d'ensemble de l'action. La seconde, c'est tout simplement que les visages des joueurs avancent des textures douteuses et sont très souvent bien loin de reproduire fidèlement les traits des footballeurs tels qu'ils sont en réalité. Du coup, lorsque l'on ajoute à ce constat le manque de personnalité dans la manière d'évoluer sur le terrain des joueurs en fonction de leurs qualités intrinsèques, de leurs capacités et de leur gabarit, on a l'impression de jouer avec une équipe de onze clones. Bien sûr, c'est une caricature mais on ne retrouve pas le réalisme qu'escompte la série depuis des années. Les actions individuelles et collectives vont également dans ce sens, à savoir qu'on ne fait pas forcément la différence avec les joueurs les plus aptes à enchaîner des gestes techniques ou à organiser le jeu. On retombe dans d'éternels stéréotypes qui font que les décalages se produisent souvent au même moment. Forcément, dans ces cas-là, on n'est plus trop surpris de voir les mêmes buts se succéder d'un match à l'autre, d'un adversaire à l'autre, d'un niveau de difficulté à l'autre.
Il manque en réalité deux ingrédients majeurs à cette franchise : variété et personnalité. On lui a longtemps pardonné son manque de créativité et de remise en question d'une année sur l'autre mais les efforts faits dans les moutures précédentes semblent avoir disparu cette année. Une carence qui coûte cher à la série qui continue d'un autre côté à proposer des championnats actualisés dans les moindres détails, des chants de supporters capables de vous procurer des frissons et des données toujours soignées sur lesquelles il est difficile d'émettre les moindres réserves. On pourra, si l'on chipote, se demander pourquoi le flocage des maillots de la Ligue 1 (par exemple) ne sont pas les officiels, proposés par la LFP. Un léger problème de licence sans doute. Niveau contenu, on nous propose donc un paquet de championnats dans lesquels on ne peut que trouver notre bonheur. Sont recensés le championnat d'Angleterre (quatre premières divisions), de France, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne (deux premières divisions chacun), d'Autriche, de Belgique, du Brésil, de Corée du Sud, du Danemark, d'Ecosse, des Etats-Unis, du Japon, du Mexique, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, du Portugal, de Suède, de Suisse et de Turquie (première division chacun). Ajoutez à cela une dizaine d'autres clubs et une petite quarantaine de sélections nationales (seulement) avec quelques mondialistes absents.
FIFA, même s'il ne le revendique pas concrètement est davantage arcade que simulation. Personne ne s'en cache en y jouant. La véritable tare, c'est qu'il l'est jusqu'aux possibilités tactiques qui restent très limitées et plus vraiment en phase avec le football moderne. Contraint de sélectionner un schéma par défaut, on se voit restreint dans nos choix par l'impossibilité d'appliquer des tactiques préférentielles via des instructions collectives et individuelles. Au-delà de la sélection de tireurs de coups de pied arrêtés, notre pouvoir sur la manière d'évoluer de notre onze de départ n'est pas franchement flagrant. Lorsque l'on sait qu'en France, tout amateur de football a son avis sur la manière de combiner les talents et de les faire gagner ensemble... Quelle est la proportion de joueurs de FIFA à ne pas avoir en tête une équipe-type, un schéma préférentiel et surtout une idée précise sur le rôle de chacun des joueurs d'une formation ? Pas si importante que cela, sans doute. Alors certes, un jeu d'arcade est par définition, loin du concept de simulation. Mais il faudra peut-être passer par-là pour donner ce nouvel élan à un FIFA pour voir enfin un style de jeu enclin à varier d'un football à l'autre et d'un niveau à l'autre. Un match de L1 n'a rien à voir avec un match de Premiere League, au même titre qu'une rencontre de L2 ne peut avoir le même rythme qu'une finale de Coupe du Monde...
On terminera en faisant le point sur le nouveau mode carrière, basé sur les acquis du précédent. On enfile alors le costume d'entraîneur (tout en continuant de jouer les matchs) de notre équipe préférée pour des saisons où de nombreuses tâches nous incombent : gestion d'équipe, transferts, signatures de contrats de sponsors, suivi de l'évolution des joueurs, relation avec la presse, etc... Quelques papiers de l'Equipe et l'intervention de vos supérieurs pimenteront des saisons ma foi classiques. Si vous n'êtes pas conquis, il reste toujours des dizaines de défis à relever aux quatre coins du monde dans un mode prévu à cet effet.
- Graphismes13/20
Aucune évolution notable sur le plan technique. Le souci des caméras éloignées et des joueurs aussi petits que le ballon dans d'autres jeux du même type, font que l'on a bien du mal à distinguer les acteurs. D'autant que la modélisation de leur visage laisse trop souvent à désirer, la faute à des textures douteuses. L'animation tend très légèrement à s'améliorer même si l'on espérait mieux cette année.
- Jouabilité13/20
La répétition des actions en rebutera plus d'un. Toujours aussi arcade, le gameplay n'a pas changé d'un crampon et n'a pas fait la moitié d'un pas vers la simulation. Il reste tout de même très accessible et le rythme de jeu a diminué, en partie grâce au resserrement des défenses. On regrette donc de ne pouvoir jouir d'une plus grande variété dans nos choix, lors des trente derniers mètres.
- Durée de vie15/20
Au nombre conséquent de clubs et de sélections nationales jouables, vous pouvez ajouter un mode carrière, le mode fiesta, de nombreux défis et surtout la grande nouveauté du jeu : les Ligues Interactives, réservées aux joueurs Online. Seul ou à plusieurs, il y a de quoi faire quantitativement parlant. Dommage que le jeu proposé soit stéréotypé à ce point.
- Bande son16/20
Les commentaires sont une nouvelle fois assurés par le tandem Hervé Mathoux / Paul Le Guen. A l'aise au micro, parfois sérieux, parfois emballés, parfois blagueurs, ils font vivre les matchs à leur manière. Mention spéciale aux chants de supporters qui rappelleront aux habitués des stades cette ambiance si particulière qui fait vibrer le coeur de tout supporter. C'est du made in EA et c'est pour ça qu'on aime.
- Scénario/
Les équipes d'Electronic Arts ont les moyens financiers mais ont-ils la motivation et la connaissance nécessaires pour faire de cette série une référence du genre sur consoles ? Peut-être pas. En tout cas, cette année plus que jamais, FIFA reste fidèle à lui-même, dans les bons comme dans les mauvais côtés. Les fans aimeront mais devront tout de même réfléchir avant d'investir dans un opus trop similaire à son aîné, surtout si l'on se contente d'un usage solo.