Reprenant ses bonnes vieilles habitudes, Koei, après nous avoir gratifié d'un sympathique mais limité Samurai Warriors revient à la charge avec une suite nommée sobrement Samurai Warriors 2. Passé maître dans l'art d'enlever des choses intéressantes pour les remplacer par des ajouts pas forcément bien vus pour les réinsérer plus tard ni vu, ni connu, le studio japonais étonne et déçoit à la fois. Revenant depuis quelque temps dans une phase ascendante, ce dernier amène t-il dans cette élévation le nouveau jeu de sa gamme historique ? Oda Nobunaga serait tenté de dire que oui, mais l'homme n'est jamais avare de manipulations.
Grand conteur devant l'éternel, Koei délaisse une nouvelle fois l'histoire de Chine et ses fameux Turbans Jaunes pour nous emmener loin dans les ténébreuses heures de l'ère médiévale japonaise. Narrant les prises de positions successives des grands leaders guerriers du pays, à l'instar de Ieyasu Tokugawa, le titre couvre un éventail relativement étendu allant de la période Muromachi au milieu de celle d'Edo. Près de quatre siècles sont donc représentés, traînant dans leur sillage des noms légendaires comme Hanzo Hattori ou encore Masamune Date. Un casting de grand luxe pour qui apprécie la culture japonaise et une marche on ne peut plus directe vers une immersion profonde. Représentés selon un modèle mêlant les caractéristiques réelles ou fantasmées de ces héros et une vision très personnelle des graphistes talentueux de Koei, les divers protagonistes arborent tous une classe imposante et rivalisent d'attitudes de poseur. Un environnement assez original naît donc de ces mélanges improbables, sous la forme d'un respect total au niveau historique pur, mâtiné de grandes effusions de violence de masse reléguant les affrontements du Seigneur des Anneaux à de vulgaires querelles de voisinage. Faisant tout le charme de la série, cette volonté n'a pas évolué d'un iota et ce surtout dans le cadre de Dynasty Warriors. Un immobilisme qui ne porte pas vraiment préjudice au jeu concernant cet aspect précis mais qui pose quelques problèmes lorsque l'on passe à l'action.
Pourtant, dès les premières heures de jeu, vous serez très agréablement surpris par les quelques nouveautés apportées au soft. En effet, dans un souci visible de donner une vraie cohérence ludique à son produit, Koei s'est décidé à ne plus axer son gameplay simplement sur des combinaisons basiques de touches mais à l'accompagner de légères variations. Ces dernières permettent d'épicer un tant soit peu les batailles, laissant le choix au joueur de prendre un peu de recul ou de se jeter à corps perdu dans la bataille. Reprenant dans les grandes lignes le système d'enchaînements du premier opus, Samurai Warriors 2 propose une évolution offensive en tout point identique, se résumant par l'ajout d'"étapes" dans les combos au gré des niveaux acquis. En fait, à chaque fois que vous pressez la touche d'action classique, vous déclenchez un coup direct qui peut être immédiatement suivi d'un autre assaut correspondant à l'attaque forte, ou d'un second heurt normal. Plus vous grimpez en assurance et plus le nombre d'associations de touches deviennent nombreuses, même si au final ce système trouve très vite ses limites et laisse le joueur un peu désemparé devant ce léger manque de diversité. Néanmoins il est désormais possible de recourir à deux techniques spéciales nécessitant l'utilisation des gâchettes latérales. Variant suivant les personnages, celles-ci restant le plus souvent assez intéressantes, autant d'un point de vue visuel que ludique. Mistunari Ishida peut par exemple poser une bombe sous le sol et la faire exploser à distance, Kotaro possède la capacité de saisir un adversaire puis de le lancer au loin et Hanzo parvient à créer des ombres de lui-même. Renouvelant à intervalles réguliers les habituelles mêlées brouillonnes, ces assauts spéciaux permettent de survoler un tant soit peu le combat et de calmer un rythme peut-être trop effréné.
De plus, vous pourrez toujours vous détourner des affrontements pour chercher sur le terrain de bataille les différents items modifiant vos caractéristiques immédiatement et sur une courte période, mais également les rares pièces d'or vous permettant de vous composer un petit pécule bien plus important qu'il n'y paraît. Servant à vous offrir armes et objets divers, ce butin de guerre vous donnera aussi accès à diverses compétences que vous pourrez acheter dans les magasins mis en évidence dans les modes Free et Story. Modifiant les capacités de votre personnage, ces dernières peuvent avoir un grand rôle à jouer dans votre victoire. Il est donc très important de bien gérer les possibilités de son combattant féroce, qui peut également acquérir celles-ci durant les phases de pugilats globales, en éliminant un opposant important. On retrouve donc ce maigre côté RPG encore une fois accompagné d'un système de montée de niveaux, donnant une densité véritable à un soft qui manque cruellement de renouvellement sur le long terme. Non que les diverses missions soient rébarbatives en soi, mais l'absence de stratégie et le côté évasif des ordres de mission donnent parfois l'impression d'être extérieur à ce qui se déroule sous nos yeux. D'autre part, il est assez aisé de se laisser submerger par une I.A. détestable qui ne pousse pas à tenter des coups d'éclats qui ne seront de toute façon jamais réellement suivis d'une conséquence visible. Du coup, les missions souffrent de cette carence notamment lorsque votre camp principal est attaqué par l'ennemi. Si vous vous trouvez à ce moment-là à l'autre bout du niveau, vous pouvez être certain que vos hommes ne feront rien pour protéger cette place forte. C'est dans ces moments de panique poussant à envisager le seppuku que vous regretterez amèrement l'absence d'un système d'ordre en particulier et d'une stratégie de jeu en général.
Malgré tout, Samurai Warriors 2 demeure accrocheur pour des raisons aussi variées qu'habituelles. Proposant des scénarios dignes d'intérêt et d'une précision historique incroyable, le titre parvient à diffuser un sentiment épique loin d'être négligeable, officiant parfaitement dans son rôle de grand négociateur. C'est en effet lui qui vous poussera à vous impliquer et à défaire des armées entières sous des impulsions inchangées depuis les premiers Dynasty Warriors. D'autre part, plus ludique que son grand frère grâce à une action un tantinet plus nerveuse et une mise en scène des attaques spéciales prenante il parvient sans mal à saisir le joueur durant de longues minutes. D'autant que la possibilité de véritablement interagir avec son garde du corps (initiée dans DW 5) permet d'ajouter une strate d'intérêt, sachant qu'il vous est donné le pouvoir d'effectuer un assaut destructeur en association avec votre compagnon. Enfin, une once de tactique s'insère dans l'utilisation de la jauge Musou, désormais séparée en trois tronçons distincts. Vous pouvez en résumé choisir la manière d'utiliser cette puissance destructrice, tout en sachant qu'une seule barre vous conférera un force bien moindre que les trois enchaînées. Il n'appartient ensuite qu'à vous de choisir le moment opportun et de gérer au mieux la quantité d'énergie qui vous est allouée. A noter tout de même avant de quitter le champ de bataille que les plus calculateurs d'entre vous s'empresseront de tirer parti de l'innovation assez sympathique concernant la prise des châteaux. Vous avez en effet le pouvoir de vous saisir de bâtiments fortifiés en mettant purement et simplement ses locataires en charpie. Ces lieux fortifiés vous donneront alors un avantage moral conséquent et pourront même renverser le cours d'un affrontement. Samurai Warriors est donc situé entre deux feux. Tentant de corriger les erreurs de son grand frère mais s'en créant d'autres par la même occasion, il réussit tout de même à suffisamment se démarquer pour justifier son existence et donner du plaisir. C'est d'ailleurs tout ce qu'on lui demande.
- Graphismes12/20
Suivant les améliorations de Dynasty Warriors 5 : Empires, Samurai Warriors 2 connaît néanmoins les mêmes problèmes. Certes, le brouillard n'est plus qu'un lointain souvenir et la modélisation reste assez correcte, mais les textures utilisées au niveau des environnements laissent beaucoup trop à désirer. Non que le jeu soit particulièrement laid, mais il souffre clairement d'un aliasing omniprésent et assez gênant.
- Jouabilité15/20
Toujours dans les standards qualitatifs de Koei, la prise en main se révèle instinctive et bien pensée. Proposant quelques améliorations notables, le soft donne tout de même plus de plaisir que son grand frère et s'axe vers un côté un peu plus spectaculaire qui lui sied parfaitement. Néanmoins, les problèmes de placement de la caméra sont encore bien présents et la difficulté inhérente au déplacement à cheval n'a pas disparu non plus. Des écueils qui s'amenuisent un peu devant le plaisir pris à effectuer des combats épiques et prenants.
- Durée de vie15/20
Affichant un nombre de personnages jouables assez élevé, SW 2 vous donnera l'occasion de participer à de nombreuses batailles, variant suivant le guerrier utilisé. Vous retracerez les grandes phases de l'histoire médiévale japonaise avec un certain plaisir, même si certaines missions se ressemblent grandement, du moins dans le fond. En plus de cela, un mini-jeu bien barré nommé Sugoroku, sorte de mix entre le Monopoly et Mario Party vous permettra de penser à autre chose qu'aux batailles démesurées.
- Bande son13/20
Si le doublage est comme à son habitude correct, les musiques laissent encore une fois dubitatif. Certains morceaux assez traditionnels passent très bien, jouant la carte de l'ambiance, les autres, plus orientés rock tombent vite dans le cliché et tournent parfois rapidement en boucle. Néanmoins, ils collent bien au côté sauvage des diverses batailles.
- Scénario13/20
Si les scenarii sont très intéressants dans le fond car narrant des passages phares et passionnants de l'histoire japonaise, leur mise en scène est tout de même relativement lourde, notamment dans les espèces de sentences déclamées par les divers personnages. Seuls les passages introductifs restent de fort bonne qualité.
Dépassant légèrement son prédécesseur, Samurai Warriors 2 reste tout de même assez décevant, notamment sur le fond. Certes des modifications intelligentes ont été apportées, mais il reste toujours cet aspect perfectible vraiment handicapant. Tenant en équilibre, le jeu de Koei a du mal à évoluer et le fait par petites touches discrètes et parfois maladroites. Reste que le tout est quand même grisant et que la possibilité d'effectuer de longs combos est un plus non négligeable. Complet et fun, SW2 est un soft aride mais digne d'intérêt. Ni plus ni moins.