Alors que l'on pourrait prendre le titre de ce jeu comme un hommage aux Beastie Boys, la vérité est bien autre. Et si la réponse n'est pas à ma portée, il est aisé de comprendre rapidement que nous n'aurons pas affaire ici avec des tours de chants, mais avec des tours de reins. En effet, suivant la mouvance "danse de rue" de FLOW : Urban Dance Uprising, B-Boy s'axe plus sur la chorégraphie en elle-même et devient pour le coup le premier soft de "dance battle". Un concept étonnant sur une pente peut-être un peu trop raide pour lui. Faut que ça glisse petit homme !
Conçu selon les plans d'un mélange improbable entre Tekken, DDR et Tony Hawk, le titre de Sony est une oeuvre avançant masquée, ne se dévoilant que tardivement, une fois que le joueur aura réussi à dépasser ses interrogations pour rentrer dans le mouvement. Car B-Boy est essentiellement une science précise du "move", du "flow" et du rythme, voire du "rythm" pour rester "in the wind". Dans les faits, le jeu vous propose des affrontements essentiellement basés sur des chorégraphies plus ou moins complexes qui ont pour mission de désarmer l'adversaire et de lui prouver votre suprématie corporelle. Un principe qui laisse le champ libre à de nombreuses variations du gameplay et qui a pour principal intérêt d'être profondément original sur le fond. Au lieu de se focaliser principalement et sans inventivité sur de simples enchaînements de manoeuvres variées, le soft inclut également une gestion de la cadence bienvenue, permettant de caler ses acrobaties sur le fil de la musique. Représentée par un cercle transparent tournant autour de votre personnage, cette sorte de ligne rythmique est sans cesse traversée par des petits carrés de différentes couleurs. Les bleus représentent des moments clés de la mesure, instants précis où vous devrez lier vos mouvements, les oranges apparaissent durant certaines actions et permettent de "donner du tempo" à votre cascade et les blancs sont de simples indications sur les rythmes qui ne vous seront pas d'une très grande utilité. Même s'il est important de savoir que le fait de battre correctement la mesure est un atout de taille dans B-Boy.
En fait, durant vos diverses actions, il faut bien garder à l'esprit que le mouvement en tant que tel n'est pas la seule chose nécessitant des manipulations de votre part. Si la notion de cadence est vitale visuellement, elle doit aussi être prise en compte "physiquement". Vous devrez donc presser les touches R et L simultanément dès que le petit curseur passera sur un des carrés décrits précédemment. Une occupation qui semble inutile au premier abord mais qui vous rapporte de très précieux points de rythme qui viendront grossir votre stock. Néanmoins, cela reste loin d'être obligatoire et vous pouvez facilement réussir à épater la galerie sur ce point précis en vous contentant de lier vos acrobaties parfaitement via les carrés bleus. Se déclenchant par le biais de combinaisons dignes d'un jeu de combat (d'où Tekken) et fort variées (d'où Tony Hawk), vos différentes figures font la plupart du temps appel à un des quatre boutons principaux (carré, triangle, croix et rond) ainsi qu'à une ou plusieurs directions. Rien de bien complexe donc, jusqu'au moment où il vous sera nécessaire de les associer en plein "combat". Vos mouvements comportent en effet quatre manoeuvres de base qui font office de lien entre les pas de danse. Par exemple, si vous avez commencé par un Windmill basique (touche rond) et que vous enchaînez une pirouette spéciale (par le biais d'une direction et de la même touche), vous serez obligé de repasser par l'action simple (donc Windmill si vous suivez encore) pour pouvoir changer de registre et partir sur une figure avec triangle. Un système qui amène à rester sans cesse concentré afin de ne pas oublier ces liaisons.
Autre petite subtilité, chaque duel est soumis à des impératifs de victoire. De fait, avant de vous jeter à corps perdu dans des accès de souplesse dignes de Travolta dans Saturday Night Fever, il peut être malin de jeter un coup d'oeil aux conditions affichées au milieu de l'écran. Difficilement évitables ces indications se séparent en cinq catégories, symbolisées par des médaillons. Vous aurez donc à prendre en compte les bases, le rythme, la créativité, la puissance (ici nommée dynamite), et enfin le flot (qualité des liaisons). Il vous incombera alors de briller dans chacune des "classes" afin de remporter le ou les duels. Commençant par apparaître seulement par groupe de trois, ces dernières finiront par être toutes associées à vos "matches", ce qui impliquera une maîtrise de votre art à tous les niveaux. D'autant que le tout fonctionne sur un système de jauge dépendant de votre manière de joueur mais aussi de celle de votre adversaire. Dans les faits, chacune des catégories possède une espèce de barre de réussite, se remplissant plus ou moins selon votre adresse et passant par trois formes allant de bronze à or. Une fois votre tour terminé, votre opposant prend sa chance et tente de faire descendre vos acquis en étant plus talentueux que vous. S'il parvient à faire diminuer l'une des catégories sous le bronze, il s'en empare et commence à la remplir pour lui. Le score final est alors à celui qui a le plus de médaillons. Il convient donc de ne jamais s'estimer victorieux par avance, la donne pouvant varier à n'importe quel moment.
Un principe qui ne laisse aucune place au doute et oblige à rester plongé dans l'intensité dansante des affrontements. Le challenge ne s'éteint jamais et ressurgit sans cesse au gré des nouveaux mouvements acquis au fil des victoires. Ces derniers prennent place dans votre carnet de "moves" et doivent être affiliés à certaines combinaisons. Sachant que celles-ci sont en nombre limitées, vous devrez quelques fois sacrifier certaines pirouettes afin de ne conserver que les plus dignes d'intérêt. Parallèlement à ce gameplay assez complexe sur le papier mais très accessible une fois plongé dans le "flow", vous bénéficierez de petites attentions bien plus classiques allant de la recherche des duels par le biais de mails reçus sur votre ordinateur à la customisation vestimentaire et physique de votre avatar. Dans la même veine, des modes annexes se présentent à vous dans le plus simple appareil, n'apportant rien de véritablement complémentaire et restant en résumé assez anecdotiques. Mais le plus gros problème de B-Boy reste son manque singulier de renouvellement sur la longueur. Si l'on prend un réel plaisir à humilier ses opposants par de multiples gesticulements artistiques dans un dynamisme convaincant, cette joie reste passagère. En effet, les ficelles pour remporter la victoire ne varient que très peu et même si la multiplicité des mouvements laisse libre cours à l'imagination, il est difficile de sentir une vraie progression. L'impression de simplement faire la même chose de différentes façons est tenace et nuit à la fraîcheur des premières parties. Suivant de près cette lacune, l'univers de B-Boy subit lui aussi quelques revers. Autant l'environnement musical est surprenant de qualité, preuve d'une vraie intelligence dans le choix des artistes, autant le côté caricatural de l'enrobage casse cette excellente impression. Le fait de subir des "tu déchires grave" et des "t'es dans le move" soulignés par une voix on ne peut plus clichée voulant donner un côté underground à l'ensemble sonne complètement faux et décrédibilise presque le soft. B-Boy est donc posé avec prestance sur des bases pas assez solides pour contenir son originalité. Bien pensé mais souffrant d'une mauvaise utilisation de ses bonnes idées, il reste un titre à essayer en espérant qu'une suite mieux finalisée prenne le relais.
- Graphismes14/20
Profitant des capacités de la PSP, B-Boy s'avère assez réussi, même s'il souffre des mêmes défauts que son grand frère sur PS2. La faute en revient à des environnements assez peu détaillés et un léger manque de vie. Les animations sont en revanche de qualité, restituant finement les petites variations de rythme dans les mouvements effectués.
- Jouabilité12/20
Exposant une vraie originalité qui confère énormément de plaisir sur les premières parties, le jeu de Sony se perd lui-même au fur et à mesure de la progression, ne parvenant pas à se renouveler et à donner des raisons fortes de continuer les affrontements. Tentant d'attirer le joueur par de nombreuses petites choses à débloquer, le soft se trompe quelque peu et ne parvient pas à retenir l'attention sur toute sa longueur.
- Durée de vie13/20
Assez correcte, la durée de vie du titre de Sony dépend essentiellement de votre volonté à être un bon élève. En effet, si vous désirez obtenir l'ensemble des "moves" différents, vous allez devoir aller jusqu'au terme du mode histoire en remplissant parfois certaines conditions. De plus, vous avez accès à un mode nommé B-Boy Jam, qui vous permettra de mettre vos compétences à l'épreuve dans divers types de duels. Enfin, deux joueurs peuvent s'affronter sans problème dans des combats de danse sympathiques mais vite lassants.
- Bande son15/20
Les différents thèmes restent de qualité et forment d'ailleurs une "masse musicale" assez originale et homogène. Vous aurez l'opportunité de profiter de sonorités typées années 70, très funky ainsi que d'autres plus actuelles, tirant sur le hip-hop. Le tout est fort agréable à écouter et on se surprend facilement à rentrer dans le flot des notes avec joie.
- Scénario/
Non significatif
Disposant d'une bande sonore de grande qualité et d'un concept de base accrocheur, B-Boy manque néanmoins de profondeur et montre vite ses limites. En effet, charmé les premières heures de jeu, vous aurez vite tendance à déchanter face au côté répétitif des épreuves et au peu d'interactivité qu'elles proposent. L'environnement ne sert à rien et il est de plus dommage de ne pas pouvoir vraiment influer sur les pas de danse de son adversaire. Enfin, quelques angles de caméra mal placés viendront ternir ce tableau qui aurait pu être lumineux. A essayer tout de même pour son côté immersif.